A peine quelques mois après la sortie de Dans la Maison, François Ozon revient à notre souvenir en présentant en Compétition Jeune et Jolie, quelques 10 années (déjà) après sa dernière montée des marches dans la reine des catégories pour Swimming Pool avec Ludivine Sagnier.
CANNES 2013
Compétition | 16 mai
François Ozon, 14 longs métrages en 15 ans depuis Sitcom en 1998, est définitivement en train de construire une des filmographies les plus prolifiques et éclectiques du cinéma français; lui , qui range ce Jeune et Jolie dans l’armoire de ses films « portraits béhavioristes et flaubertiens, centrés sur les actes des personnages, leur intériorité” comme Sous le Sable ou Le Refuge.
L’éveil à la sexualité d’une adolescente de 17 ans qui se prostitue sans raison apparente. Le sujet était pour le moins compliqué sur le papier mais Ozon, qui a écrit cette histoire en quelques mois, et tourné dans la foulée de Dans la Maison, réussit l’exploit d’éviter les poncifs et les lourdeurs et glisse tout le long du film avec subtilité et douceur, tout innocent.
Naissance d’une star
« Le plus dur », raconte-t-il était de trouver son héroïne, « irrésistible et mystérieuse », elle devait rester inconnue du grand public, et susciter au premier regard des hommes – et du public – une attirance irrésistible malgré ses 17 ans. Le pari est réussi.
Comme il l’avait fait avec Ludivine Sagnier en son temps, Ozon a trouvé sa nouvelle pépite: Marine Vacth. Elle est LA révélation de ce début de Festival. Elle est de tous les plans, magnétique et troublante; malgré ses 23 ans ans révolus, son apparence juvénile dupe encore un peu plus la perception que l’on peut avoir face à cet éveil à la sexualité et eu désir. A aucun moment, on ne reste prisonnier d’un malaise ou d’une gêne. Elle vampirise l’écran telle une Maïwenn sans la grande gueule qui va avec. Nul doute qu’elle a déjà validé son ticket pour la prochaine Cérémonie des César en février prochain et que son nom va revenir dans de nombreux projets ciné les semaines et les mois à venir. On lui souhaite le même destin qu’à Tahar Rahim, né lui aussi un jour de Cannes, au début du festival 2009.
Mais Marine Vacth n’est pas seule, et bien entourée de Géraldine Pailhas (sa mère désarmée) et Frédéric Pierrot (son beau-père) décidément l’acteur sous-exploité du cinéma français qui, film après film, façonne un personnage à part, un peu lunaire, qui désamorce dans chacune de ses scènes la moindre tension qui pourrait s’installer maladroitement. Il est l’un des éléments qui contribuent à la douceur de l’ambiance du film malgré son thème.
Enfin, et grâce à une pirouette dont il a le secret, Ozon boucle d’une certaine façon en fin de film la boucle de la première partie de sa carrière de cinéaste par un clin d’œil savoureux, délicieux, une cerise sur le cake, dont on ne dévoilera pas ici les contours.
Hardy, Hardy, Hardy et… Hardy
François Ozon, souhaitait donner « une autre vision de l’adolescence », « différente de celle idéalisée » qu’il voit d’habitude dans le cinéma français, « plus compliquée, plus complexe, plus douloureuse ». Le pari est réussi et ponctué d’une bande-son qu’il affectionne: Philippe Rombi pour la partition originale et en tracks additionnels du M83 et pas moins de 4 titres de Françoise Hardy, pour les 4 saisons qui rythment ce portrait d’une éclosion accélérée.
COMPETITION
JEUNE ET JOLIE de François Ozon
Sortie le 21 août