C’était sur la papier LA curiosité du Festival de Cannes 2013. Qu’allait donner le premier essai au long métrage du français Yann Gonzalez, Les Rencontres d’Après-Minuit au casting le plus improbable toutes sections confondues: Eric Cantona, le fils Delon (Alain-Fabien), Béatrice Dalle,…
CANNES 2013
Semaine de la Critique | 20 mai
Les Rencontres d’Après-Minuit fait partie de ces films qui, à la seule lecture de LA ligne de pitch, chatouille déjà les sens: « Au cœur de la nuit, un jeune couple et leur gouvernante travestie préparent une orgie. Sont attendus La Chienne, La Star, L’Etalon et L’Adolescent. »
Si l’on rajoute à cela que Yann Gonzalez fait partie de ces jeunes réalisateurs à l’univers peu commun, inventif et osé, qui a annoncé la couleur (prometteuse) avec ses courts métrages, et qu’il s’est entouré pour ce premier long d’une équipe de dingue…! Au casting, Eric le king Cantona as L’étalon, Nicolas Maury frapadingue et grandiose as la gouvernante, Niels Schneider (révélé chez Xavier Dolan dans Les Amours Imaginaires) et Kate Moran as le jeune couple, Fabienne Babe as la star, Alain-Fabien Delon as l’adolescent, Julie Brémond as la chienne, et Béatrice Dalle dominatrice as la commissaire SM. Pour être vraiment exhaustif, Rebecca Zlotowski a aidé Yann Gonzalez à l’écriture du scénario et des dialogues, et M83 a délaissé les plateaux hollywoodiens d’Oblivion pour signer la bande-son ultra soignée des Rencontres… (Anthony Gonzalez de M83 n’est autre que le frère de Yann).
Certains y trouveront des contours ultra-branchouilles à la limite de l’entre-soi, on n’en est effectivement pas très loin, mais c’est contre-balancé constamment par une intelligence rare, où l’on oscille toujours entre le grotesque et le sublime sans jamais tomber dans le travers de la caricature. Quand on est capable de laisser parler l’étalon Cantona dans un monologue en passe de devenir culte, de sa difficulté depuis l’enfance à se mouvoir avec un attribut sur-dimensionné, « ma bîte a une existence propre » en marseillais dans le texte. Juste épique. Son arrivée d’ailleurs, annoncé par l’aboyeuse gouvernante « C’est l’étalon » avec sa gouaille bien connue à la Castellane de la cité phocéenne est une des choses les plus drôles que l’on ait vu depuis longtemps sur un écran de cinéma.
Le plus jouissif dans tout cela reste la liberté et la confiance que tous ces acteurs ont eu l’air d’avoir donné à Yann Gonzalez. A l’économie la plus stricte en terme d’artifice, Gonzalez complète cela par une formidable direction d’acteurs, une sorte de meneuse de revue façon Line Renaud au Casino de Paris, rôle dont le prolongement à l’écran semble être tenu par Nicolas Maury qui s’affirme décidément comme l’un des acteurs les plus prometteurs de sa génération.
On pourrait en dire encore et encore, tant le film fourmille de pépites de situation et de dialogues savoureux mais on ne voudrait pas trop en déflorer tant Les Rencontres d’Après Minuit est un film qui se goûte savoureusement et se découvre seul. Un univers à part à appréhender ab-so-lu-ment.
SEMAINE DE LA CRITIQUE
LES RENCONTRES D’APRÈS MINUIT de Yann Gonzalez
Sortie (date indéterminée)