Initié par la chaîne américaine HBO, Steven Soderbergh revient à Cannes en Compétition avec Behind the Candelabra (Ma Vie avec Liberace) l’histoire des dernières années de la vie de Simon Liberace, pianiste doué et kitchissime des années 1970 et 1980.
CANNES 2013
Compétition | 21 mai
Comme l’avait pu être en son temps, Carlos estampillé film de TV Canal+, le Festival de Cannes a fait le choix de faire fi des frontières entre grand et petit écran en sélectionnant (cette fois en Compétition, Carlos l’avait été Hors Compétition) un film de commande destiné au préalable à la seule diffusion TV.
Behind the Candelabra conte l’histoire de Liberace pianiste virtuose, artiste exubérant, bête de scène et des plateaux télévisés entre les années 1970 et 1980. Le film de Soderbergh commence à partir de sa rencontre avec le jeune Scott plus habitué à l’arrière-pays terrien de la Californie qu’au faste et à la démesure que peut représenter Liberace dans cet âge d’or de la Côte Ouest américaine.
Sous ses aspects de biopic télévisuel comme on peut en voir parfois sur les grands networks US, Behind the Candelabra n’en demeure pas moins un film de Steven Soderbergh, et peut-être même bien son dernier comme il aime à le claironner depuis quelques temps (même s’il a quelque peu modéré ses propos pendant le Festival de Cannes, en parlant d’une simple « pause »). Le réalisateur palmé d’or pour Sexe, Mensonge et Vidéo en 1989, est décidément l’un des réalisateurs les plus intéressants de son temps: une filmographie à l’éclectisme fou. De Erin Brockovich à Effets Secondaires, de Traffic à Solaris, d’Ocean’s Eleven à Bubble, Soderbergh construit une oeuvre incroyablement variée et dense, surprenant son monde à chaque coup d’épée, toujours maître de se qu’il veut montrer (on se rappelle qu’il se crédite souvent au générique assurant lui-même la photo de ses films sous le pseudonyme de Peter Andrews).
Ce projet de donner une gloire posthume à une figure aussi désuète et has-been, c’est surtout le projet de Michael Douglas. Embarqué dans cette aventure un peu folle depuis quelques années, sa production avait due brutalement s’interrompre lorsque le cancer de l’acteur s’était déclaré. Le fidèle Soderbergh l’a attendu et l’a entouré de l’immense Matt Damon. Diminué par le traitement et quelque peu transformé au fil da la vie par les opérations de « rajeunissement », Douglas n’en est que plus impressionnant, il est devenu dans cette catégorie une sorte de Mickey Rourke chic qui sied parfaitement à la frénésie du rajeunissement chez Liberace. Les scènes avec le chirurgien Rob Lowe sont d’ailleurs parmi les réussies d’ailleurs, Lowe s’autoparodiant à excès, lui qui assume à 100% à la fois sa gayitude, son côté star sur le retour et ses opérations de chirurgie esthétique.
Soderbergh filme une époque, une époque faste et baroque, mais sous le joug d’une menace fantôme nommée SIDA, il dépeint une certaine idée de la déchéance médiatique et même si l’on n’adhère pas complètement à la forme un peu convenue, même si au bout d’une heure, on n’a plus que faire du destin de ce Richard Clayderman de la Côte Ouest, Behind the Candelabra remplit son rôle, fait office d’oeuvre de salubrité publique avec des acteurs de tout premier plan n’hésitant plus à incarner amours homosexuelles et sert enfin un numéro d’acteurs prodigieux. La pression doit être grande sur le jury pour savoir si Douglas sera ou non célébré comme il se doit ce dimanche au Palmarès, dans ce qui sera sans doute son dernier film à concourir en Compétition cannoise.
Le film, qui sera distribué partout dans le monde sauf aux Etats-Unis qui juge le sujet trop polémique pour sortir en salle lui préférant une diffusion directe sur HBO, bénéficiera une sortie en France à la rentrée par ARP.
COMPÉTITION
BEHIND THE CANDELABRA de Steven Soderbergh
Sortie en septembre