La ligne droite est lancée. La Sélection Officielle sera rendue publique dans 10 jours le 17 avril, la Semaine de la Critique le 21 et la Quinzaine le 22. C’est l’heure des supputations, des recoupements, des grandes manœuvres dans les états-majors de toutes les sociétés de production cinéma. L’enjeu est d’importance, une place dans l’une des trois grandes sélections (Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la Critique, Sélection Officielle) et c’est le destin d’un film et de toute équipe qui se voit bouleversé. Et la compétition n’a jamais paru aussi dense cette année. 1er volet de nos 5 épisodes à venir pour lister nos 100 films candidats à la Croisette.
En préambule rappelons ici qu’il ne s’agit que d’une pierre de plus au petit jeu des rumeurs cannoises et où nos lectures et oreilles se sont faufilées auprès de Yannick Vely (Paris Match), Cineuropa, Variety, Le Film Français et tant d’autres.
1er volet: les 20 films classés de 100 à 81.
#100 BIG SKY de Jorge Michel Grau (Mex)
A peine un an après le We Are What We Are, horrifique et gore essai de Jim Mickle, montré à la dernière Quinzaine des Réalisateurs, remake de son premier film Somos lo que hay (lui aussi sélectionné à la Quinzaine en 2010), le mexicain Jorge Michel Grau fait ses débuts dans un film en langue anglaise. La future coqueluche d’Hollywood, Bella Thorne, habituée jusque là aux séries TV de seconde zone (The OC, Dirty Sexy Money, Big Love), en assure le rôle principal.
[notre avis: Quinzaine des Réalisateurs]
#99 L’INSTITUTRICE de Nadav Lapid (Isr)
2è film du jeune écrivain et réalisateur israélien Nadav Lapid (Le Policier, 2012), L’Institutrice fait partie du prometteur line up d’ARTE cette année. Son Directeur Délégué, Olivier Père, en parle : « Le scénario remarquable de L’Institutrice apporte une preuve supplémentaire du talent, de l’ambition et de la maîtrise précoce du jeune écrivain et cinéaste Nadav Lapid. L’Institutrice aborde les mêmes thèmes que Le Policier (idéalisme, révolte, folie et résistance) mais d’une manière beaucoup plus dramatique, romanesque et universelle ».
[notre avis: Un Certain Regard]
#98 NASTY BABY de Sebastian Silva (Chili)
Sebastian Silva et tout son lot de branchitude indé US pourrait refaire le voyage vers la Croisette un an après l’apparition à la Quinzaine de son Magic Magic avec Michael Cera. Pas de Cera cette année dans ce projet de Funny Baloons et soutenu par son compatriote chilien Pablo Larrain: Nasty Baby raconte l’histoire « classique » d’un couple homo accueillant l’aide de l’une de leurs amies pour avoir un enfant. Quand on sait que l’amie en question n’est autre que Krsiten Wiig, du coup on s’impatiente un peu plus.
[notre avis: Un Certain Regard]
#97 EL ARDOR de Pablo Fendrik (Arg)
Bien connu de la Semaine de la Critique pour y avoir présenté La Sangre Brota en 2008, l’argentin Pablo Fendrik pourrait revenir à Cannes avec un projet prometteur: celui d’embarquer Gaël Garcia Bernal dans un revenge movie sauce amazonienne, embarqué dans une chasse à l’homme solitaire et sanglante pour défendre l’honneur de sa belle (Alice Braga).
[notre avis: Quinzaine des Réalisateurs]
#96 L’EGLISE DU DIABLE de Manoel de Oliveira (Por)
A force de le présenter comme le patriarche du cinéma mondial, on en oublierait presque quel cinéaste prolifique et intéressant demeure Manoel de Oliveira. 104 printemps au compteur et presque toutes ses dents. Une présence de l’auteur de l’extraordinaire Gebo et l’Ombre (2012) dans la Sélection Officielle 2014 serait à n’en pas douter une grande satisfaction personnelle pour le Président Gilles Jacob pour sa Der des Der. Ça tombe bien, le Palmé d’Or pour l’ensemble de son oeuvre en 2008 aurait déjà dans ses tuyaux L’Eglise du Diable, tourné au Brésil et où s’entremêlent trois histoires mystiques.
[notre avis: Sélection Officielle – Séance Spéciale]
#95 KER SALLOUX de Olivier Jahan (Fra)
Olivier Jahan est un réalisateur bien connu de la Quinzaine des Réalisateurs et de tous les festivaliers. Il s’occupe en effet régulièrement des vidéos de promotion de cette sélection parallèle. C’est luipar exemple l’auteur du pré-générique qui introduit chaque année une séance de la Quinzaine reprenant 40 ans d’images de films de la sélection. Il a tourné, l’année dernière, Ker Salloux à Paimpol, qu’il a co-écrit avec Diastème. Emma De Caunes, Yannick Rénier et Alain Chamfort sont crédités dans cette histoire de retour aux sources familiales en Bretagne.
[notre avis: Quinzaine des Réalisateurs – Séance Spéciale]
#94 KILL THE MESSENGER de Michael Cuesta (US)
Quand un réalisateur bien connu des plateaux des séries US les plus emblématiques de ces dernières années (Six Feet Under, Dexter, Homeland) s’aventure sur le grand écran, on peut prêter l’oeil. Quand il s’attaque à l’histoire vraie du journaliste Gary Webb, « révélateur » dans les années 1980 de l’implication de la CIA dans du trafic de drogue sud-américain à grande échelle, on ose rêver à un savant mélange entre le Traffic de Soderbergh et Révélations de Michael Mann. De quelle trempe sera l’ouvrage de Michael Cuesta ? Jeremy Renner et Andy Garcia font partie de l’aventure.
[notre avis: Sélection Officielle – Hors Compétition]
#93 LA REPUDIATION de Ronit et Shlomi Elkabetz (Isr)
La troisième réalisation des frère et soeur Elkabetz est très attendue. Avec La Répudiation, ils se retrouvent une nouvelle fois au coeur de la société israélienne, au coeur du couple et de ses coutumes, et surtout sur la place de la femme en Israël. Ronit Elkabetz incarnera elle-même ce combat d’une vie aux côtés de Simon Abkarian.
[notre avis: Un Certain Regard]
#92 LOIN DES HOMMES de David Oelhoffen (Fra)
C’est sans doute l’un des castings les plus alléchants des dizaines de projets hexagonaux en gestation de l’année 2014. David Oelhoffen, découvert en 2007 à la Semaine de la Critique avec Nos Retrouvailles, a réussi pour deuxième long métrage à réunir Viggo Mortensen et Reda Kateb. Rien que ça. Direction l’Afrique du Nord et l’Atlas algérien au début des années 1950 avec ce Loin des Hommes, librement adapté par Oelhoffen d’une nouvelle d’Albert Camus, L’Hôte.
[notre avis: Un Certain Regard]
#91 QU’ALLAH BENISSE LA FRANCE de Abd al Malik (Fra)
Un buzz plus que positif pour la première réalisation d’Abd al Malik. Le slameur, qui vient de terminer un projet musical sur les planches autour de Camus (L’art et la révolte), s’est attaqué l’an dernier à l’adaptation à l’écran de son « autobiographie », ou comment, Régis, ce gamin tout droit sorti des cités strasbourgeoises, s’est affranchi à son sort auprès des lettres. Marc Zinga, aperçu dans la série Engrenages, campe le rôle-titre aux côtés de Sabrina Ouazani.
[notre avis: Quinzaine des Réalisateurs]
#90 [UNTITLED PROJECT] de Lisandro Alonso (Arg)
Décidément, on ne compte plus les projets du beau Viggo Mortensen avec la Croisette en ligne de mire. Bien loin du travail de David Oelhoffen, Mortensen s’est confronté à l’enfant terrible du cinéma argentin, Lisandro Alonso (Fantasma, Liverpool). « En 2006 j’ai accompagné Fantasma au Festival de Toronto, après sa présentation à la Quinzaine à Cannes. La même année il y avait un film espagnol à Toronto, Capitaine Alatriste avec Viggo Mortensen. Une fête du cinéma latino américain avait été organisée. J’étais ivre mort et c’est là que j’ai rencontré Viggo Mortensen pour la première fois. Il avait vu Fantasma et avait eu une réaction très positive, alors qu’il s’agit sans doute de mon film le plus expérimental, ce qui n’a pas manqué de m’étonner. » Ainsi la rencontre s’est faite. Alonso, réputé pour faire travailler des acteurs non professionnels, n’a pas dérogé à la règle avec Viggo. Tilmo Salminen, le chef opérateur historique de Aki Kaurismaki signera la photo du film.
[notre avis: Un Certain Regard]
#89 WHIPLASH de Damien Chazelle (US)
Il serait étonnant que Whiplash ne connaisse pas le même destin que ses nombreux prédécesseurs primés à Sundance, et qui avaient fait le voyage la même année sur la Croisette. On pense aux récents Precious, Fruitvale Station et bien évidemment en 2012 Les Bêtes du Sud Sauvages de Benh Zeitlin. Le dernier Grand Prix de Sundance est signé Damien Chazelle et conte l’histoire de la relation tumultueuse entre un batteur en herbe (Miles Teller) et son professeur (J.K. Simmons).
[notre avis: Un Certain Regard]
#88 TOKYO TRIBE de Sono Sion (Jap)
Tiré du manga éponyme, Tokyo Tribe est le premier blockbuster asiatique de ce classement. Budget le plus important à ce jour pour le prolifique Sono Sion, Tokyo Tribe fait saliver. Guerre de gangs, yakuza, tatouages, Sono Sion présente à l’envie son projet comme « une comédie musicale rap » et déclare « avoir fait (re)voir West Side Story à ses comédiens avant le tournage ». S’il est prêt à temps, Tokyo Tribe devrait faire l’objet d’un jolie danse de séduction entre une sélection à la Quinzaine et une présentation officielle à Lumière en séance de minuit.
[notre avis: Sélection Officielle – Séance de Minuit]
#87 SALT OF THE EARTH de Wim Wenders & Juliano Ribeiro Salgado (All/Bre)
On reverra – vous vous en doutez bien – Wim Wenders, (beaucoup) plus bas dans ce classement avec un projet, mais il s’agit ici du documentaire que Le Pacte soutient très fortement. Celui centré sur le maître de la photographie Sebastião Salgado. Et à travers lui c’est tout un état du monde et de la planète qui est déterré alors même qu’une grande rétrospective lui était consacré à la Maison Européenne de la Photo depuis le début de l’année. Wenders travaille sur ce projet avec Juliano Ribeiro Salgado, le fils de l’illustre brésilien.
[notre avis: Sélection Officielle – Séance Spéciale]
#86 REALITE de Quentin Dupieux (Fra-US)
Alors même que ses Wrong Cops sont actuellement à l’affiche dans les salles françaises, l’artiste multicarte Quentin Dupieux – pourrait revenir à Cannes quelques 4 ans après Rubber présenté à séance spéciale à la Semaine de la Critique. Son prochain film Réalité est déjà en boîte: à côté du fantastique Jon Heder, Quentin Dupieux a emmené dans sa valise américaine un trio frenchy très séduisant, Alain Chabat, Elodie Bouchez et Jonathan Lambert.
[notre avis: Quinzaine des Réalisateurs]
#85 THE PURGE 2: ANARCHY de James DeMonaco (US)
Avec un des trailers les plus affolants de l’année, la suite d’American Nightmare pourrait très bien faire l’objet d’une séance de minuit mythique. Assez peu mises en valeur ces dernières années – souvent avec des films de seconde zone, remember Maniac pour ne citer que lui – Thierry Frémaux et son équipe serait bien inspirés de se soucier davantage de la programmation de ces séances. On se souvient tous des projections du coréen The Chaser ou encore la venue de Sam Raimi pour Drag me to Hell.
[notre avis: Sélection Officielle – Séance de Minuit]
#84 LA CHAMBRE BLEUE de Mathieu Amalric (Fra)
Une sortie en salles opportunément calée au mois de mai par Alfama, un précédent film directement sélectionné en Compétition et même primé (Prix du Jury en 2010 pour Tournée), tous les indices sont au vert pour trouver une bonne place à La Chambre Bleue à Cannes. On voit mal comment cette adaptation de Georges Simenon par Mathieu Amalric, dans laquelle il donne la réplique à Léa Drucker, pourrait échapper à une sélection cannoise.
[notre avis: Un Certain Regard]
#83 THE CHARMING ROSE de Eric Khoo (Sin)
Le dernier film en date d’Eric Khoo était déjà sur nos tablettes l’année dernière. Cette fois ça devrait être la bonne. Avec The Charming Rose, le réalisateur de Singapour (My Magic, Tatsumi) a choisi de raconter l’histoire de la célèbre strip-teaseuse Rose Chan, figure des nuits de Singapour dans les années 1950 et 1960, morte d’un cancer en 1987.
[notre avis: Un Certain Regard]
#82 LE BEAU MONDE de Julie Lopes-Curval (Fra)
Malgré, rétrospectivement, l’une des Caméras d’Or les plus faibles de ces dernières années (Bord de Mer, 2002), Julie Lopes-Curval pourrait signer son retour à Cannes avec Le Beau Monde, film centré sur le personnage d’Alice (Ana Girardot), dont on suivra l’apprentissage difficile entre Bayeux et Pais sur fond de tapisserie et d’initiation à la vie.
[notre avis: Quinzaine des Réalisateurs]
#81 GERONIMO de Tony Gatlif (Fra)
Une vraie histoire d’amour à l’ancienne. Tony Gatlif l’a promis, l’histoire de son nouveau film sera une belle et grand love story contrariée, un Romeo et Juliette des quartiers, un West Side Story gipsy, entre Geronimo (Céline Salette) élevée depuis l’enfance par des gitans, et Orange (Raphaël Personnaz) animateur de quartier.
[notre avis: Un Certain Regard]