Ce matin avait lieu la traditionnelle conférence de presse de l’état-major cannois dévoilant tout ou presque de ce que sera la 70e édition du Festival. Compte-rendu et explications.
On ne se lasse pas de ces rendez-vous avec la famille, comme un repas de noël. Un président. Un directeur général. Une sélection officielle. Ses espoirs et ses regrets (déjà). Côté chiffres, les comités de sélection ont « vu » quelques 1930 longs métrages, « chaque film fait quelque part dans le monde, qui nous est soumis, est visionné par nos équipes » a l’habitude de souligner malicieusement Thierry Frémaux. Tiens, il ne l’a pas fait cette année. Au final, la sélection officielle 2017 contient 49 longs métrages venant de 29 pays différents. Dont 9 premiers films (7 dans la seule sélection un certain regard).
Des « événements 70e Anniversaire » dans les séances spéciales
Un peu de pédagogie pour commencer. Ce matin était dévoilée la sélection officielle du 70e Festival de Cannes. Kezako au juste ? La sélection officielle est composée par le délégué général du festival avec l’aide de ses différents comités sous la houlette de son fidèle chef du département des films Christian Jeune.
Elle est composée de la compétition (cette vingtaine de films dont tout le monde parle tous les jours et qui font l’objet des séances de gala sur les marches rouges à 19h et 22h, parfois même dans l’après-midi) la course à la palme d’or, de la sélection un certain regard (une autre vingtaine de films « contre compétition par la sélection officielle elle-même), des films hors compétition et des séances de minuit (projetés dans le grand théâtre lumière), des séances spéciales et de la sélection cannes classics (révélée la semaine prochaine).
Petite nouveauté cette année dans les séances spéciale cette année exceptionnelle, les « événements 70e anniversaire ». C’est là qu’on retrouvera le projet posthume d’Abbas Kiarostami, les deux premiers épisodes du revival Twin Peaks de David Lynch, la projection de l’intégrale de la s2 de Top of the Lake la série de Jane Campion (dont les débuts avaient d’ailleurs fait l’objet d’une séance spéciale à la quinzaine des réalisateurs déjà à Cannes) ou un court de l’actrice Kristen Stewart.

Nous ne ferons pas ici la revue exhaustive des 49 films énoncés ce matin. Vous en connaissez déjà pas mal d’entre eux si vous êtes des lecteurs de notre liste des 100 pour cannes dévoilée courant mars – pas peu fier d’ailleurs de quelques pépites vues dans peu d’autres listes comme Jean-Stéphane Sauvaire, Kaouther Ben Hania, les frères Safdie, Taylor Sheridan ou Léonor Séraille – mais on peut d’ores et déjà dire que les grands auteurs prêts sont là, à Cannes, et nulle part ailleurs (Zviaguintsev, Loznitsa, Mondruczo, Haneke, Lanthimos, Haynes). Rien que cela mériterait transhumance méridionale.
Netflix en avant, les studios US absents
Au rayon des grosses sensations de cette conférence de presse : il se disait que, ironie de l’histoire, l’événement du plus grand festival de cinéma au monde serait peut-être issue de l’univers des séries TV avec Lynch et Campion (peut-être poussée par le maire de Cannes David Lisnard lui-même militant et au coeur d’une bataille de terre d’accueil avec Paris et Lille pour accueillir à Cannes le futur grand festival de séries en France).
Les journalistes se faisaient également les gorges chaudes de la future grogne des exploitants à voir arriver très haut en sélection des films détenus par Netflix – Bong Joon-ho et Noah Baumbach – et prédestinés à déserter la case salles de cinéma, même si Thierry Frémaux avait l’air de tempérer quelque peu cette chronologie suggérant « qu’une solution était dans l’air ».
Dernier écueil et non des moindres : les grands studios américains aux abonnés absents. Ni Sony, ni Warner, ni Fox n’ont pris la peine d’engager les frais et le risque d’un voyage sur la Croisette. Pas de grands films hors compétition à tapis rouge comme il est de tradition (la simple présence de la Warner via le nouveau Sofia Coppola en compétition fait pale figure quand on se rappelle certaines années fastes). Et comme un symbole, l’absence notoire de Kathryn Bigelow, dont le film Detroit est prêt et déjà fixé en sortie US début août. Cela ressemble un peu à un camouflet pour la team cannoise dont la présence du Baumbach en compétition sent bon la compensation américaine de dernière minute.
Trier, Maoz, Östlund ou Kechiche en compléments ?
Toutes les annonces de sélection ont leur lot d’absents notoires. Bigelow on l’a évoquée. Mais en attendant les ajouts de sélection et l’annonce de la Quinzaine des Réalisateurs, on regrettait ce matin les absences de Lucrecia Martel (non qualifiable en compétition en confilt d’intérêt cause présidence Almodovar son producteur, elle se dirige vers Venise), Lav Diaz, Clio Barnard, Michael R. Roskam (qui aurait été clairement et simplement retoqué), Bruno Dumont, Xavier Beauvois, Robert Guédiguian, Erick Zonca, et ceux que l’on espère quelque part annoncé avant le 17 mai (Ruben Östlund, Samuel Maoz, Roman Polanki, Joachim Trier et Claire Denis).
Enfin, Thierry Frémaux a suggéré une entrée chinoise en complément (Chen Kaige ?), et botté en touche quand la question Kechiche est arrivée (on sait des pourparlers en cours pour trouver une solution à l’imbroglio et sauver le(s) film(s) pour Cannes 2017) de la part de l’ami Yannick Vély de Paris Match.
Des compléments de sélection seront annoncés la semaine prochaine (comme des précisions sur les événements particuliers liés au 70e anniversaire, la sélection Cannes Classics et la composition du jury)
Concernant les autres sélections, la Quinzaine des Réalisateurs vient d’annoncer que sa conférence de presse était avancée au 20 avril (petit coup de pression à l’Officielle), la Semaine de la Critique sera dévoilée le 24, et la sléection ACID le 25