La Quinzaine des Réalisateurs s’est ouverte avec le nouveau film de Quentin Dupieux. Une sombre histoire de veste mal taillée qui vire au cauchemar.
Cannes 2019 (quinzaine des réalisateurs). Après le splendide Les Oiseaux de Passage de Ciro Guerra et Cristina Gallego l’an dernier, on scrutait de près les premières décisions du nouveau délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs Paolo Moretti. Le choix s’est vite vite porté sur Le Daim (l’info fuitait dès le mois de mars), première apparition de Jean Dujardin dans l’univers de Quentin Dupieux, le Mr. Oizo de la scène electronique.
L’histoire de Georges parti tout quitter pour s’acheter le blouson de ses rêves, un daim, jusqu’à le plonger à l’obsession et au délire criminel. Voilà encore un pitch à la Dupieux avec la saveur des lendemains qui chantent. Après son pneu tueur dans Rubber, le réalisateur renoue avec la veine du thriller de l’absurde affublé d’un dispositif intemporel et hors territoire.
Héritier de la culture dadaïste, Quentin Dupieux a de qui tenir. Eternel fantaisiste proche d’un Michel Gondry pour sa créativite visuelle et l’ambition esthétique, ou d’un Albert Dupontel des débuts, il manque encore à Dupieux ce film qui le ferait passer un cap populaire et sortir de la marge. Mais en a-t-il vraiment envie ? Gondry a eu son Eternel Sunshine of the Spotless Mind, Dupontel son Bernie (succès dès son premier film dont il aura eu du mal à se remettre). Le Daim n’est pas encore celui-là. Même si ces 77 minutes de film sont délicieuses, hilarantes souvent, Dupieux peine dans l’épilogue à trouver une fin idoine. Dommage tant le duo Dujardin-Haenel fonctionne à plein.