Après le choc Tesnota il y a deux ans, Kantemir Balagov revient déjà en sélection Un Certain Regard avec son deuxième film Une grande fille. L’histoire d’une confirmation.
Cannes 2019 (un certain regard). Kantemir Balagov ne quitte plus Debussy. Révélé en 2017, juré en 2018, la sélection Un Certain Regard ne peut plus se passer du jeune prodige russe de 27 ans. Il faut dire que parmi les révélations dont Cannes raffole être à l’origine, Kantemir Balagov est l’un des plus remarquables spécimen de ces dernières années..
1945. La deuxième guerre mondiale a ravagé Leningrad et détruit ses habitants, physiquement et moralement. Bien que le siège soit terminé, la mort hante toujours la ville. Au sein de ces ruines, deux jeunes aides-soignantes, Iya et Masha, tentent de se reconstruire et de donner un sens à leur vie.
Librement adapté de l’œuvre de Svetlana Alexievitch (« La Guerre n’a pas un visage de femme »), Kantemir Balagov en profite pour distribuer une nouvelle fois les beaux rôles aux femmes, ses « héroïnes de notre temps » comme il aime les appeler. De retour du front, les deux personnages brûlent l’écran comme autant de traumas subis fleur au fusil dans l’armée soviétique.
Tourné dans l’urgence l’automne dernier, Une grande fille surprend encore par la maturité formelle de Balagov. L’image exagérément esthétique rappelle à qui voudrait l’entendre combien l’art cinématographique est avant tout un art visuel. Et ce qui nous est montré là est tout simplement à couper le souffle. Les plans serrés suffocants de Tesnota ont laissé place à quelques rares respirations plus larges dans ce deuxième long.
Zviaguintsev, Mungiu, Ceylan, Balagov sait de qui tenir ce sens aigü du formalisme des grands maîtres du genre. Comme eux la route de la compétition semble toute tracée pour le jeune réalisateur qui n’y aurait pas fait pâle figure dès cette année.