Le réalisateur coréen de Memories of Murder et The Host retrouve sa Corée bien-aimée après son aventure Okja chez Netflix et signe le grand film de la compétition.
Cannes 2019 (compétition). Les organisateurs taquins avaient calé la séance de presse de Parasite juste après celle de Once Upon a Time… in Hollywood. Taquins ou pervers, la projection du nouveau film de Bong Joon-ho était pleine de journalistes frustrés de ne pas avoir pu rentrer dans la première mondiale du Tarantino l’après-midi même. Est-ce pour cela que l’électricité était palpable ? Il n’en demeure pas moins que cette projection du film de Bong Joon-ho est déjà à marquer d’une pierre blanche. Vagues de rires, applaudissements à tout rompre à la fin de séquences et de twists, Parasite a marqué de son empreinte le cru 2019 déjà exceptionnel. Une Palme en puissance.
Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemme.
Il est à espérer que la Palme asiatique pour Hirokazu Kore-eda l’an dernier et son drame familial Une Affaire de famille ne va pas jouer des tours à Parasite au moment des délibérations. Car même si le parallèle est facile, les films n’ont strictement rien à voir. Bong Joon-ho est sans doute le plus grand metteur en scène en exercice. Difficile de faire plus virtuose que la première heure de Parasite. Aucun répit pour le spectateur qui ne sait jamais sur quel pied dansé. Comédie, thriller, ou drame réaliste, Bong Joon-ho insuffle une énergie peu commune avec les plus grands acteurs coréens à l’écran (Song Kan-ho en tête en chef de famille à l’épaisseur croissante tout au long du film).
Un peu perdu dans Le Transperceneige ou Okja, Bong Joon-ho n’est jamais autant à l’aise dans sa langue pour épier les moindres travers de la société coréenne et contemporaine. Marqué personnellement par la projection à la Quinzaine des Réalisateurs en 2006 de The Host, treize ans plus tard cette séance du 21 mai 2019 restera parmi nos grands souvenirs cannois.