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Tous les films de notre Cannes 2015 : classement complet et dates de sortie en salles

25 mai 2015
Thomas
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Passé le frisson du palmarès, vous êtes nombreux à vous demander quand vous pourrez voir les films dont on vous a rabâché les louanges et les quolibets en tout genre. Classement complet et dates de sortie dans les salles françaises.

Une France en berne pendant tout le Festival éreinté par une presse unanime. Une France triomphante d’un palmarès dont on se satisfera d’y retrouver (haut) deux de nos chouchous (Lazlo Nemes, Hou Hsiao-Hsien). Jusqu’au bout ce Cannes 2015 nous aura réservé un twist. Revue d’effectifs de la quarantaine de films avalés depuis le 14 mai. Un trip incroyable, peu de grands films mais beaucoup de bons films, une belle densité un peu partout, des grands noms en forme au Certain Regard et une Quinzaine des Réalisateurs qui fera date. Un classement somme toute ridicule, donc nécessaire. Et la photo de ce Festival 2015 : Miguel Gomes, après la projection du volume 2 de ses Mille et une nuits, T-shirt « Oncle Boonmee » et écharpe du Benfica Lisbonne pour fêter le titre en Super Liga ! (c) Guillaume Lutz

Fin de projection de As mil e uma noites

#1 Cemetery of splendour Apichatpong Weerasethakul (Tha)
un certain regard – 2 septembre 2015
« Le plus beau film de ce Festival 2015. Splendour, le mot est faible. Sidérant Weerasethakul. »

#2 The Assassin Hou Hsiao-Hsien (Taï)
compétition (prix de la mise en scène) – 6 janvier 2016
« Avec un propos plus accessible, la Palme devenait une évidence. Dommage. Les plus belles images vues au cinéma depuis longtemps. Un chef-d’oeuvre de plus pour le taïwanais. »

#3 Mille et une nuits – vol.1 « L’inquiet » Miguel Gomes (Por)
quinzaine des réalisateurs – 24 juin 2015
« Poète des temps modernes, Miguel Gomes occupe une place à part sur la planète cinéma. Après Tabu, il a dynamité la Croisette avec sa fresque de 6 heures. Ce premier volet était incroyable. Hâte de voir la suite. »

#4 Le Fils de Saul Lazlo Nemes (Hon)
compétition (grand prix) – date de sortie indéterminée
« C’est le choc de ce Festival. Un premier long métrage pour Lazlo Nemes, paf compétition et repaf coup de maître avec cette plongée au dispositif formel fou, à Auschwitz au coeur de l’horreur. Une gageure et un miracle de film. »

#5 Mountains May Depart Jia Zhang-ke (Chi)
compétition – 9 décembre 2015
« Après avoir touché brillamment à à peu près tous les styles, Jia Zhangke livre son film le plus grand public. Mélo en trois partie sur 25 ans. Parfait de bout en bout malgré une petite faiblesse dans le dernier chapitre. Xavier Dolan s’est dandiner sur les Pet Shop Boys. Vous comprendrez pourquoi. « Go West »

#6 Le Trésor Corneliu Porumboiu (Rou)
un certain regard (prix un certain talent – ucr) – date de sortie indéterminée
« Pourquoi en faire des tonnes quand on est Corneliu Porumboiu. Une place en compétition aurait été naturelle pour cette merveille de style et de tranquillité. Et que c’est drôle. La Roumanie – avec le Mexique – l’autre pays du cinéma.

#7 The Grief of Others Patrick Wang (US)
ACID – 2 septembre 2015
« La sélection ACID peut être fière d’avoir happé dans ses filets le nouveau film de Patrick Wang. Aborder le deuil d’un enfant avec une telle modestie, un geste de grande classe. L’une des plus belles scènes finales du Festival. »

#8 The Other Side Roberto Minervini (US)
un certain regard – date de sortie indéterminée
« Morbide plongée dans le Deep South américain en Louisiane. Minervini nous glace le sang en se heurtant à une autre amérique lien de NY ou LA. Glaçant. »

#9 The Lobster Yorgos Lanthimos (Gre)
compétition (prix du jury)  – date de sortie indéterminée
« La nouvelle folie de Yorgos Lanthimos est formidable. Barré mais formidable. Le cast 4 étoiles (Farrell, C. Reilly, Whishaw, Seydoux, Weisz) se fond littéralement dans ce scénario à nulle autre pareil. Après le mitigé Alps, heureux de retrouver le jeune réalisateur grec presqu’au niveau de Canine. »

#10 Mustang Deniz Gamze Ergüven (Tur)
quinzaine des réalisateurs (label europa cinémas)  – 17 juin 2015
« Sérieux postulant au l’étiquette virtuelle de coup de coeur du Festival de Cannes 2015 – au même titre que Les Combattants l’an dernier » ce Virgin Suicides à la sauce bosphore a fait succombé la Quinzaine »

#11 Trois souvenirs de ma jeunesse Arnaud Desplechin (Fra)
quinzaine des réalisateurs (prix SACD)  – en salles depuis le 20 mai 2015
« Le délégué général de la quinzaine l’avait proclamé meilleur film de Desplechin. On n’est pas loin de le penser. Vraiment pas loin. »

#12 Vers l’autre rive Kiyoshi Kurosawa (Jap)
un certain regard (prix de la mise en scène – ucr)  – septembre 2015
« Un Kurosawa calme et doux. Mélo sensoriel à fantômes. Une mise en scène brillante. »

#13 L’ombre des femmes Philippe Garrel (Fra)
quinzaine des réalisateurs – 27 mai 2015
« Une des vraies surprises de ce Festival. Peu enclin à être sensible au cinéma de Garrel, L’ombre des femmes est une vraie réussite. Il nous ferait même croire que Clotilde Courau est bonne actrice. Si. »

#14 Sicario Denis Villeneuve (Can)
compétition – 7 octobre 2015
« C’est le film qui connaîtra sans doute le plus gros succès en salles des films vus à Cannes cette année. Très bon thriller au coeur des cartels de la drogue à cheval sur la frontière mexicano-américaine. Benicio Del Toro terrifiant. »

#15 Fatima Philippe Faucon (Fra)
quinzaine des réalisateurs – 7 octobre 2015
« L’une des perles de la Quinzaine des Réalisateurs 2015. »

#16 Dheepan – L’homme qui n’aimait plus la guerre Jacques Audiard (Fra)
compétition (palme d’or) – 26 août 2015
« On a presque tout dit sur la Palme d’Or 2015. Pas le meilleur Audiard. Fini dans les derniers jours avant sa présentation, le film gagnera peut-être à repasser sur la table de montage avant sa sortie fin août. »

#17 La tierra y la sombra Cesar Augusto Acevedo (Col)
semaine de la critique (caméra d’or) – date de sortie indéterminée
« La plus belle mise en scène des premiers films cette année (mis à par Le Fils de Saul). Après Ciro Guerra, la Colombie tient un nouveau réalisateur de talent. »

#18 Mia Madre Nanni Moretti (Ita)
compétition – 23 décembre 2015
« Le Moretti 2015 est un bon Moretti. L’un des films les plus touchants de ce Festival. Le numéro de John Turturro vaudrait à lui seul le déplacement. »

#19 Green Room Jeremy Saulnier (US)
quinzaine des réalisateurs – date de sortie indéterminée
« Après Blue Ruin, nouvelle sortie gore pour Jeremy Saulnier. Le film de genre était peu présent cette année. Celui-là marche à plein. »

#20 Las Elegidas David Pablos (Mex)
un certain regard – date de sortie indéterminée
« Point de Reygadas, de Inarritu, de Escalante et consort cette année, David Pablos a brillamment représenté l’un des territoires de cinéma les plus intéressants depuis 10 ans. L’un de nos chouchous. »

#21 La Tête haute Emmanuelle Bercot (Fra)
hors compétition – en salles depuis le 13 mai 2015
« Beaucoup a posteriori ont regretté ne pas voir le film d’ouverture concourir en compétition. Mouais, pourquoi, trop long et dubitatif sur la longueur sur la prestation du novice Rod Paradot. »

#22 El abrazo de la serpiente Ciro Guerra (Col)
quinzaine des réalisateurs (art cinema award) – date de sortie indéterminée
« Plongée mystique en noir et blanc le long de l’Amazone. Ardu et difficile d’accès. Une fois trouvées les clés, la magie chamanique opère. »

#23 Valley of Love Guillaume Nicloux (Fra)
compétition – 17 juin 2015
« On en rêvait comme le vrai Gus Van Sant de la compétition. Le choc Depardieu-Huppert est dantesque. Gégé bon comme rarement ces dernières années. C’est déjà une vraie performance. »

#24 Maryland Alice Winocour (Fra)
un certain regard – date de sortie indéterminée
« Après Augustine, Winocour change de braquet et réussit un exercice périlleux. Dommage que Matthias Schoenaerts nous refasse le coup de la brute au coeur d’argile. »

#25 Mon Roi Maïwenn (Fra)
compétition (prix d’interprétation féminine) – 21 octobre 2015
« 2h10 de caractère. 2h10 de Maïwenn, d’engueulade, « Je t’aime, je t’aime plus, je te crie dessus, tu m’aimes ?, tu me vampirises,… » Les problèmes de Maïwenn, on en a un peu ras la casquette. »

#26 Louder Than Bombs Joachim Trier (Nor)
compétition – date de sortie indéterminée
« Oslo, 31 août avait subjugué Cannes. Louder Than Bombs ne fera pas la même. Trier est un grand metteur. Il fera un très grand film, c’est sûr. Ce n’est pas celui-là. Mais ravi de (re)voir Jesse Eisenberg à ce niveau. »

#27 La Vanité Lionel Baier (Sui)
ACID – 2 septembre 2015
« Très dialogué, univers à la lisière du réel, Lionel Baier se perd un peu dans les références trop appuyées. Mais un film qui fait du bien et qui ose. »

#28 Les Cowboys Thomas Bidegain (Fra)
quinzaine des réalisateurs – 25 novembre 2015
« Le scénariste attitré de Jacques Audiard pour son premier film à lui. Il en a mis beaucoup. Trop. Long, beaucoup de thèmes et formes abordés. Un vrai premier film avec des moyens. On lui prédit une jolie sortie en salles.

#29 Masaan Neeraj Ghaywan (Inde)
un certain regard (prix de l’avenir – ucr) – 24 juin 2015
« Au coeur des castes à Bénarès dans le Nord de l’Inde, le film typique local. Beau succès d’estime sur la Croisette. Un des films qui s’est le plus « refilé » pendant le Festival. »

#30 Dope Rick Famuyiwa (US)
quinzaine des réalisateurs – date de sortie indéterminée
« Feel-good movie à l’américaine. Un espèce de Supergrave à la sauce hip-hop. La vitamine de ce Festival 2015. »

#31 Taklub Brillante Mendoza (Phi)
un certain regard – date de sortie indéterminée
« Passé à côté du nouveau film de Brillante Mendoza. Sensiblerie post-typhon philippin, Mendoza en fait trop. Trop pour nous. »

#32 Lamb Yared Zeleke (Eth)
un certain regard – 30 septembre 2015
« C’était notre trouvaille dans notre pronostic Top 100 pour Cannes 2015, petit film simple et franc, doux comme un agneau. Archétype du premier film. Quasi caricature. »

#33 Je suis un soldat Laurent Larivière (Fra)
un certain regard – date de sortie indéterminée
« Rien de bien révoltant dans ce film, bien qu’on ne sache pas trop ce qu’il fait en sélection un certain regard. Chronique sociale sur fond de trafic de chiens rehaussée par Anglade brutal-braquo. Un bémol : Louise Bourgoin en mode « je veux mon Tchao Pantin », ça ne passe pas. Dommage. »

#34 Les Anarchistes Elie Wajeman (Fra)
semaine de la critique – 11 novembre 2015
« Après l’excellent Aliyah, Wajeman plonge fin 19e à Paris au coeur des Anarchistes. Tahar Rahim et Adèle Exarchopoulos ne suffisent pas à donner du relief à cette évocation historique sans ampleur. Un bon téléfilm. »

#35 Amy Asif Kapadia (US)
hors compétition (séance de minuit) – 5 juillet 2015
« On n’attendait trop du nouveau documentaire du génial Senna. C’est linéaire, sans surprises. Reste la musique. C’est déjà »

#36 Béliers Grimur Hakonarson (Isl)
un certain regard (prix un certain regard) – date de sortie indéterminée
« Couronné du prix un certain regard, ce film islandais en a ravi plus d’un. Pas nous. Il coiffe sur le poteau une sélection relevée (Porumboiu, Weerasethakul, Kurosawa). Les films avec le mot Bélier marche plutôt ces temps-ci. De bonne augure pour ARP. »

#37 Macbeth Justin Kurzel (Aus)
compétition – 4 novembre 2015
« Harvey Weinstein saura certainement transformé l’échec cannois en un succès aux Oscars. Le nouveau film de Justin Kurzel avec Fassbender et Cotillard nous est passé à côté. Du mauvais Julie Taymor, pâle copie d’un Winding Refn en méforme. Passons. »

#38 Youth Paolo Sorrentino (Ital)
compétition – 9 septembre 2015
« Le charme a tenu 25 minutes. Après ? Un sacerdoce. Tout ce qu’on déteste chez Sorrentino : malice, artifice, mauvais opéra. Et c’est un adorateur de Il Divo qui vous le dit. Toni Servile, reviens ! »

#39 Chronic Michel Franco (Mex)
compétition (prix du scénario) – date de sortie indéterminée
« Después de Lucia 2 – le retour. Michel Franco nous refait le coup. Même structure, même plastique impeccable, même dégueulasserie sous-tendue. Hâte de le voir évoluer ailleurs dans des eaux moins confortables. »

#40 Marguerite et Julien Valérie Donzelli (Fra)
compétition – 30 septembre 2015
« Quelle idée a eu Thierry Frémaux de foutre ça en compétition. Comment détruire un film raté mais pas si scandaleux que ça, mais qui aura bien du mal à se relever de ce Festival compliqué. »

#41 Sleeping Giant Andrew Cividino (Can)
semaine de la critique – date de sortie indéterminée
« RAS. »

#42 The Shameless Oh Seung-uk (Cor)
un certain regard – date de sortie indéterminée
« RAS 2. »

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Cannes 2015 : Bilan et palmarès

24 mai 2015
Thomas
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C’est le grand jour. Le Jury est parti s’isoler sur les hauteurs de Cannes pour décider du Palmarès de ce 68e Festival. 19 films en compétition en lice pour obtenir le saint-graal, la Palme d’Or. Notre bilan ? 41 films vus dont 14 en Compétition… de quoi tirer le portrait de ce Cannes 2015. Récit, rêves de palmarès et pronostics.

Triste France. Thierry Frémaux nous avait fait saliver en conférence de presse un mois avant le début du Festival, « Nous aurions pu prendre 7 ou 8 films français tant le cru est exceptionnel cette année ». Au final, 5 représentants hexagonaux sur les 19 engagés. Dans la moyenne haute et un sentiment de gêne généralisé. Maïwenn, Valérie Donzelli, Stéphane Brizé, et dans une moindre mesure Guillaume Nicloux et Jacques Audiard : la sélection française a fait des vagues, de mauvaises vagues, houleuses, côté presse étrangère et locale. Quand on voit Desplechin, Garrel ou Faucon garnir brillamment les rangs de la Quinzaine des Réalisateurs, le bilan post-Festival risque d’être houleux pour les comités de sélection France en Sélection Officielle (sans parler de Winocour et Larivière au Certain Regard) !

On reviendra tranquillement sur cette quarantaine de films avalés depuis 10 jours demain après le palmarès, une fois la frustration passée (il y en aura, sûr), pour s’extasier encore un peu sur les nuits de Miguel Gomes, les néons d’Apichatpong Weerasethakul, et on en passe…


Place au Palmarès. À voir le tableau des critiques, Mia Madre de Nanni Moretti remporte l’adhésion côté français alors que le Carol de Todd Haynes se dispute avec The Assassin de Hou Hsiao-hsien ont les faveurs de la presse internationale. Une seule chose est sûre, The Sea of Trees de Gus Van Sant et Marguerite et Julien de Valérie Donzelli font l’unanimité contre eux. Deux listes : mon palmarès et mon prono pour ce soir.

Mon Palmarès

Palme d’Or
Le fils de Saul, Lazlo Nemes

Grand Prix
Moutains may depart, Jia Zhangke

Prix de la Mise en Scène (ex-aequo)
Hou Hsiao-hsien, The Assassin
Denis Villeneuve, Sicario

Prix du Scénario
Jacques Audiard et Thomas Bidegain, Dheepan

Prix du jury
The Lobster, Yorgos Lanthimos

Prix d’interprétation masculine
Jesse Eisenberg – Louder Than Bombs, Joachim Trier

Prix d’interprétation féminine
Emmanuelle Bercot – Mon Roi, Maïwenn

Caméra d’Or
Mustang, Deniz Gamze Ergüven

Mention – Caméra d’Or
La tierra y la sombra, César Augusto Acevedo


Pronostic pour ce soir (dans la tête de Joel & Ethan)

Palme d’Or
Mountains may depart, Jia Zhangke

Grand Prix
Dheepan, Jacques Audiard

Prix de la Mise en Scène
Lazlo Nemes, Le Fils de Saul

Prix du Scénario
Yorgos Lanthimos et Efthimis Filippou, The Lobster

Prix du jury
Chronic, Michel Franco

Prix d’interprétation masculine (ex-aequo)
Gérard Depardieu – Valley of Love, Guillaume Nicloux
Michael Fassbender – Macbeth, Justin Kurzel

Prix d’interprétation féminine
Cate Blanchett – Carol, Todd Haynes

Caméra d’Or
Mustang, Deniz Gamze Ergüven

Mention – Caméra d’Or
Lamb, Yared Zeleke

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Depardieu, Huppert : Myth Valley

23 mai 2015
Thomas
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Chronique à Cannes #10 // Dernière chronique avant le Palmarès et l’heure des bilans. L’ogre Depardieu a tout emporté sur son passage, il nous reste plus grand-chose, mais on a encore deux trois bricoles à raconter. 

Samedi 23 mai. Le marché du film est désert. Même le stand Nespresso, haut-lieu de fréquentation transpirante, est triste à voir et les jolies hôtesses derrière le comptoir presque plus nombreuses que les derniers festivaliers sous cernes actives. Ça sent la fin comme dirait l’autre. Dernière ligne droite avant que le jury des frères Coen ne parte s’enfermer sur les hauteurs de Cannes pour délibérer.

nicloux

« You know Châteauroux ? ». Gérard Depardieu est un monstre. À voir la tête de l’ensemble du jury présent lors de la projection de Valley of Love de Guillaume Nicloux, nous ne sommes pas les seuls à le penser. Qui d’autre que lui pour afficher une telle désinvolture dans des moments pareils. Tous les auteurs sont dans leurs petits souliers avant de franchir le palier de la salle Lumière et de ses 4600 yeux inquisiteurs. Lui ? C’est le patron. Ovationné comme une rockstar avant et après, Depardieu a fait le show pour son retour en Compétition. Agnès Varda, Lambert Wilson, son copain Denisot, tous venus voir le phénomène. Guillaume Nicloux a écrit sur mesure pour ses deux têtes d’affiche, ils incarnent leur rôle, acteurs célèbres, prénommés Gérard et Isabelle, Gérard vient de Châteauroux, et une réplique savoureuse « You know Châteauroux ? » qui a déclenché l’hilarité générale. Leur fils leur a écrit une lettre avant de mourir, leur donnant rendez-vous dans la Vallée de la Mort à une date précise leur promettant de revenir les voir. Un deuil qui sonne tout particulièrement quand on connaît le destin des Depardieu. Et même si Huppert est égale à ce qu’elle peut provoquer à l’image, c’est Depardieu qui envahit le film. Et le film dans tout ça ? Une bande-annonce flatteuse au son de Charles Ives avait fait espérer le meilleur. Sa musique est restée (tout le long du film), la magie beaucoup moins. On pense à Gus Van Sant, au trip US de Bruno Dumont, mais cette Valley accouche d’une petite vipère. Dommage, ce cinquième film français en Compétition vient confirmer un cru hexagonal historiquement faible. On y reviendra dans notre bilan.

Terminus. La Compétition s’est achevée ce matin avec la projection de Macbeth avec Michael Fassbender et Marion Cotillard, l’adaptation signée Justin Kurzel, australien révélé à la Semaine de la Critique avec Snowtown. Dure projection de fin de Festival, les paupières sont lourdes, les arias shakespeariens éternels, les paupières sont encore plus lourdes, dès que l’on ouvre un oeil on se croit dans un épisode de Vikings, dès qu’on en ouvre un autre c’est des prémices du futur projet du trio Kurzel-Fassbender-Cotillard qui nous sautent à la gorge : les trois compères se sont déjà donné rendez-vous pour l’adaptation cinéma du célèbre jeu video Assassin Creed. Fassbender ferait un prix d’interprétation honorable, Marion pleure (encore). Voilà tout. Pour clore l’épisode Compétition avant le jeu des pronostics, brève incartade chez le mexicain Michel Franco : Tim Roth lui avait remis le prix Un Certain Regard pour Despues de Lucia – que nous avions beaucoup aimé – quand il était président dudit jury, l’acteur se retrouve dans Chronic. Malheureusement le procédé est le même, plastique impeccable, brillant dehors mais tellement dégueulasse dedans. Franco suit son personnage d’aide-soignant dévoué à l’extrême auprès de ses patients à domicile allant jusqu’à les délivrer de leur vie de souffrance sans trop de difficulté dirons-nous. « Euthanachiant » et un switch final tellement ridicule et léger qu’il en devient risible…

justinkurzel

On a vu aussi. Deux jolis films au fort potentiel en salles à leur sortie. Masaan premier film indien de Neeraj Ghaywan au coeur de Bénarès au Nord de l’Inde et ses ghats de crémation. Bel accueil pour cette histoire entre castes, police zélée et amours contrariées. Et la clôture de la Quinzaine des Réalisateurs qui est revenue à l’une des sensations du dernier Festival de Sundance Dope de Rick Famuyiwa. L’occasion de voir débarquer dans la salle Pharrell Williams, compositeur de la BO. La salle du Théâtre Croisette s’est emballée pour ce mini-Supergrave à la sauce hip-hop, un feel-good movie bien US. Eminemment réjouissant.

Dans le prochain épisode. Ben, ce sera pas forcément un épisode parce qu’on va fermer boutique mais plutôt un bilan en forme de Palmarès idéal.

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«The Assassin», Palme aux pieds d’argile

23 mai 2015
Thomas
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Chronique à Cannes #9 // Billet spécial « The Assassin » de Hou Hsiao-hisien. Notre Palme d’Or incontestée. Une oeuvre majeure à protéger coûte que coûte.

Vendredi 22 mai. Nous aurions aimé vous parler de Fatima, l’excellent film de Philippe Faucon, une élégante histoire (vraie) d’une femme de ménage cherchant la meilleure façon d’aider ses proches et de surtout, surtout, ne déranger personne. Cela nous aurait aussi permis de vous dire tout le bien que l’on pensait de la comédienne Zita Hanrot (qui interprète « Nesrine » à l’écran), un nom à retenir. Nous aurions pris plaisir à évoquer Le Trésor, nouveau film du roumain Corneliu Porumboiu, qui partage avec Philippe Faucon ce délicieux goût de la modestie de a caméra. Le Trésor, nous l’aurions en Compétition tant la sagesse et la sobriété avec laquelle le réalisateur de 12h08 à l’est de Bucarest conte cette histoire aux aspects anecdotiques, de façon remarquable. Et qu’il y en aurait eu des lignes à écrire sur The Other Side, plongée terrifiante dans le Grand Sud américain, en Louisiane dans le Bayou, signée Roberto Minervini, au coeur même d’une population bien loin des préoccupations médiatiques à NY ou LA, où l’on conspue Obama, on y glorifie le port d’armes,… l’un des chocs 2015 du Festival. Oui, mais c’était sans compter sur The Assassin de Hou Hsiao-Hsien. Chronique spéciale.

Chef-d’oeuvre en péril. Grosse émotion hier soir lors de la projection de The Assassin, le dernier film de Hou Hsiao-Hsien. Des films comme qui vous donnent envie de continuer à vous lever tous les jours depuis le début du Festival à 6h du mat’ pour affronter ce (trop) plein de cinoche. Certains chefs-d’oeuvre de la musique ou de l’art contemporain nous dépassent, nous transpercent le coeur et l’âme sans trop savoir pourquoi. Comme certains mouvements de Stravinsky, ou certaines peintures de Basquiat; nul besoin de connaître les codes – comme on dit – pour ressentir le génie. Le réalisateur taïwanais de Millenium Mambo ou Three Times est de cette trempe-là. Les images de The Assassin sont stupéfiantes : des tableaux picturaux, du noir et blanc en prologue et des retranscriptions éclatantes en couleur par la suite, du format 1:33 jusqu’au scope, Hou Hsiao-Hsien est un des grands formalistes de son temps.

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Nous avons sous-titré cette évocation « Chef-d’oeuvre en péril », car oui The Assassin est une oeuvre qu’il faut protéger. Les fauteuils claqués allègrement lors de la projection hier, et quand ils ne claquaient c’est les ronflements qui se faisaient entendre, et beaucoup de commentaires acerbes aujourd’hui sur la Croisette étaient mitigés voire circonspects sur le film. Pourquoi de telles réserves? Les spectateurs n’acceptent pas de ne pas saisir précisément tout de suite la trame de ce scénario. Il s se sentent laissées pour compte. Le cadre ? La Chine médiévale, l’Empire Tang et une héroïne justicière, Yinniang, la sublime Shu Qi. Poignards, princesses et combats vengeresses, on pourrait presque croire à un un prequel signé Ang Lee ou Zhang Yimou. Il n’en est rien. Les combats sont aussi délicats qu’intenses, tout en majesté.

hou2

Des années à l’attendre, maintes fois reporté pour cause de post-production éternelle, mais que la récompense est belle. The Assassin éclate face à lui toute autre proposition de cinéma. Conjurons le mauvais sort. Il n’en sera pas autrement. Si dimanche, le jury présidé par les frères Coen, souhaite faire une place au film dans leur Palmarès, une seule place possible, la Palme d’Or. Sinon rien. Tout autre prix serait ridicule même la mise en scène. Allez, un petit effort, on sera là pour assurer le service après-vente… !

hou3

Dans le prochain épisode. Dans le prochain épisode ? Mais y-a-t-il besoin d’un autre épisode après avoir vu tel chef-d’oeuvre. Bon, on trouvera bien une rencontre avec Pharrell Williams à raconter… Oui vous avez bien lu, Pharrell, himself.

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Jia Zhangke, Jacques Audiard : la Palme d’Or se rapproche

21 mai 2015
Thomas
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Chronique à Cannes #8 // Deux poids lourds de la Compétition, Jia Zhangke et Jacques Audiard ont relevé d’un ton la course à la Palme d’Or. Et une guest un peu spéciale, une brebis éthiopienne égarée. Voilà le programme de cette 8e chronique.

Jeudi 21 mai. Minuit cette nuit, aux abords du palais,  la foule des grands soirs. Tous les mendiants de l’invitation y vont de leur astuce pour trouver le précieux sésame pour la séance de minuit hardcore 3D du Love de Gaspar Noé. On a vu une grappe de jeunes américaines victorieuses, entonnant « Love » de Nat King Cole, et des pancartes ici-là « Want Love » ou « All you need is Love ».

Terre promise. La mécanique est bien huilée. Jacques Audiard renoue avec Thomas Bidegain à l’écriture de son nouveau film Dheepan pour concourir à la Palme d’Or avec son troisième film consécutif (après Un Prophète et De Rouille et d’Os). Et ça se voit un peu. Des personnages extrêmement forts, victimes expiatoires d’un méchant système qui les dépasse, et une orchestration dramatique qui va crescendo, on attend tous le grand climax final comme dans TOUS ses précédents films. Et il vient, et on n’est pas déçu. Audiard est un virtuose de la mise en scène doublé d’un immense directeur d’acteurs (les comédiens d’origine sri-lankaise sont incroyables aux côtés de Vincent Rottiers et Marc Zinga). Dheepan a impressionné de cohérence, à la fois drame social et thriller testorénoné, ça en deviendrait presque lassant de la part d’Audiard mais on ne va commencer à rechigner devant tant de qualités.

audiard

Three times. Du Pet Shop Boys en entrée et en dessert. Trois époques d’une même histoire (1999-2014-2015). Jia Zhangke a encore soufflé la Croisette en montrant encore davantage d’ampleur dans Moutains May Départ. Une histoire au long cours et un film divisé en trois parties, trois moments de la Chine, trois formes de cinéma (et même de format à l’écran : le format s’agrandit de chapitre en chapitre, un peu à la Mommy), et une seule idée fixe : la ruée vers l’Ouest (le « Go west » des Pet Shop Boys), enfin vers le Grand Sud australien pour des personnages que l’on suit sur 25 ans. On a connu Jia Zhangke expérimental, documentariste, capable d’exceller dans tous les genres, mais le réalisateur tout fraîchement lauréat du Carrosse d’Or remis par la SRF en ouverture de la Quinzaine s’ouvre à un public plus large. Son film et comme ses personnages, en quête d’un mélancolique espoir d’ailleurs. Et si ailleurs c’était dès dimanche avec une récompense dorée ?

jia

On a vu aussi. Deux premiers films projetés en sélection Un Certain Regard : Lamb, premier film de l’éthiopien Yared Zeleke, notre bonne trouvaille de notre Top 100 pour Cannes 2015. Le seul représentant du continent africain sur la Croisette cette année et une jolie histoire simple en forme de fable sur les hauts-plateaux africains, une mise en scène limitée mais tout en modestie. Rien de bien méchant. Et Je suis un soldat du français Laurent Larivière avec Louise Bourgoin, Jean-Hugues Anglade et l’excellent Laurent Capelluto : chronique sociale au coeur d’une histoire de trafic de chiens. Louise Bourgoin s’y perd, on la voit, la pauvre chercher « son Tchao Pantin » mais ça ne marche pas. Anglade lui cabotine et se croit dans Braquo, accentuant ses fins de phrase comme s’il était au théâtre. C’est trop lourd et le seul Capelluto apporte le peu de légèreté au film.

Dans le prochain épisode : trois excellents films : ceux de Philippe Faucon, Roberto Minervini, Corneliu Porumboiu et les premiers prix qui tombent…

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«Mustang» & «The Grief of others», deux pépites en parallèle

20 mai 2015
Thomas
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Chronique à Cannes #7 // Deux pépites en sélections parallèles, les déceptions Mendoza et Sorrentino + la grosse attente Gaspar Noé au programme de cette 7è étape de notre Cannes 2015.

Mercredi 20 mai. Cela s’annonce comme l’enchaînement le plus attendu de cette édition 2015. Cette nuit 0h15 : Love de Gaspar Noé, la séance de minuit qui fait fantasmer la Croisette, et 8h30 demain matin : première projection de Dheepan le nouveau film de Jacques Audiard. Deux des réalisateurs français les plus respectés de la planète cinéma.

Bolide turc. Le parallèle était facile hier au sortir de Mustang le premier film de Deniz Gamze Ergüven : 5 soeurs toutes plus belles les unes que les autres et invariablement inséparables à l’amorce de l’affranchissement à l’âge adulte : c’est notre Virgin Suicides à la sauce Bosphore. Le parallèle ne s’arrête pas là puisque le film de Sofia Coppola avait lui aussi était présenté à la Quinzaine des Réalisateurs (en 1999). Mustang c’est un voyage dans un village paumé à 1000 bornes d’Istanbul, où 5 soeurs font la nique à leurs chaperons familiaux. Pas de rupture de rythmes, une écriture soignée (Alice Winocour signe le scénario), et surtout une fraîcheur infinie : une matérialisation légère du « choc des civilisations » comme on dit… Un candidat sérieux au label coup de coeur de Cannes 2015 remporté par Les Combattants l’an dernier…

erguven

Family of splendour. Dans la sélection qui monte, l’Acid, était présenté hier soir le nouveau film de Patrick Wang, cinéaste américain de In the family. La bonne pioche se nomme The Grief of others. La famille, encore, un père, une mère, un fils, une fille, une demi-soeur qui débarque, et la perte d’un enfant, qui vient dérégler l’équilibre précaire. Patrick Wang est un auteur à part, il filme à hauteur de petit bonhomme (beaucoup de contre-plongées), des plans larges et peu de plans-fixes, une progression dans l’intime qui a tiré quelques larmes aux festivaliers venus en nombre. L’un de nos coups de coeur de ce Festival.

wang

On a vu aussi. Deux poids lourds et deux déceptions notoires. Youth de Paolo Sorrentino, énième sélection de l’italien en Compétition dans un film américain planté dans un hôtel en montagne suisse, avec Michael Caine, Harvey Keitel, Jane Fonda, Rachel Weisz et Paul Dano. Point d’Italie, point de Toni Servillo mais toujours le même talent de faiseur d’images de Sorrentino, musique additionnelle choyée (une notable cover de « Dreams are my reality » le mythique tube de La Boum de Richard Sanderson), et une mise en scène dégoulinante. Les personnages se retrouvent tous dans cet hôtel-fontaine de jouvence pour exorciser leur mal de vivre. La vieillesse, la mésestime de soi, autant de symptômes à soigner. Etonnant parallèle avec The Lobster  sur l’enfermement dans un établissement-sanatorium. Comme si les exfiltrations de son milieu social devenaient la solution ultime aux maux de nos sociétés modernes. Michael Caine y est formidable, l’un de ses rôles les plus forts ces dernières années. C’est déjà pas mal. En sélection Un Certain Regard, Brillante Mendoza fait figure de poids lourd aux côtés de Naomi Kawase ou Apichatpong Weerasethakul. Son Taklub nous a laissé de marbre, le réalisateur de Serbis y filme ses Philippines après le passage du typhon Haiyan, la boue, les reconstructions, les disparitions, Mendoza fait (sur)jouer cette communauté des gens de peu ou de plus rien. Un artifice qui trouble le message et le film dans son ensemble malgré des images bouleversantes et quelques scènes dont seul Mendoza est coutumier.

Dans le prochain épisode : Jia Zhang-ke et les grosses attentes Gaspar Noé et Jacques Audiard…

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Donzelli, la vacuité est déclarée

20 mai 2015
Thomas
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Chronique à Cannes #6 // La Croisette se remet petit à petit du Weerasethakul. Depuis, quelques belles surprises à signaler, – colombienne, suisse et mexicaine -, un exercice de style réussi (Villeneuve) et des sifflets pour Donzelli.

Mardi 19 mai. Tout le jury nous est passé devant à la sortie du Valérie Donzelli dans la Grande Salle du Palais : les présidents Coen et leurs moitiés (Frances McDormand en tête), Guillermo Del Toro et sa femme dont on pouvait voir poindre une larme au coin de l’oeil, une conjonctivite sans doute, (les divines) Sophie Marceau, Sienna Miller et Rossy De Palma, puis le ténébreux Jake Gyllenhaal. On ne peut pas dire que l’enthousiasme débordait de leurs mines. On y revient dans les lignes qui suivent.

Famille décomposée. Valérie Donzelli s’est attaquée à une histoire chère aux bas-normands du Contentin, l’histoire de Marguerite et Julien de Ravalet, coupable de vivre une histoire d’amour entre frère et soeur dans leur château de Tourlaville au XVe siècle. Donzelli la joue en famille, encore avec Jérémie Elkaïm son ex-futur compagnon, leur aîné Gabriel qui incarne Julien de Ravalet enfant. Et tout ce petit monde se prend pour Sofia Coppola revisitant Versailles, Le Petit Trianon et Marie-Antoinette. Ici point de Air mais des retouches signées Warren Ellis (la BO de The Assassination of Jesse James tourne à plein), les anachronismes font loi, hélicoptères, radios, vinyles… En conférence de presse, la réalisatrice de La Guerre est déclarée a confié avoir tourné le film comme un clip. On veut bien le croire. On savait la production très tardive pour les délais cannois mais le rush des dernières semaines n’a pas dû aidé à rendre une copie convenable. Tiré d’une histoire très forte, le film nous laisse de marbre, frisant le ridicule parfois – les déguisements de la fuite et les balades en âne-nain feront date – pas une seconde on ne se prend à croire à cette idylle incestueuse. Dommage, on aurait bien aimé soutenir le Contentin par procuration. A bon entendeur…

donzelli

Undercover. Denis Villeneuve n’était pas venu à Cannes depuis Polytechnique, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. Le canadien (Incendies), valeur sûre du cinéma d’auteur d’action à Hollywood depuis quelques années (Prisoners), connaît les joies de la Compétition pour la premières fois avec Sicario. Au casting, un trio de choix, Emily Blunt, Josh Brolin et surtout Benicio Del Toro, magnétique tout le long du film, aussi mystérieux et dangereux que Javier Bardem dans No Country For Old Men. Sicario lorgne vers de nombreux genres, le film de frontière se baladant entre les Etats-Unis et le Mexique, les film de vengeance, le film de cartels et même les les films d’assaut au regard vert grâces aux séquences de missions embarquées en séance nocturne remise au goût du jour par Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow. Même si le scénario n’est pas l’atout majeur du film, Villeneuve et le chef op’ Roger Deakins (photo dingue) ont signé une mise en scène chirurgicale. Deux scènes qui feront date : les deux traversées de frontières : sur le pont et dans le tunnel. Des modèles du genre.

villeneuve

On a vu aussi. Un premier long métrage magistralement mis en scène La tierra y la sombra du colombien César Augusto Acevedo présenté à la Semaine de la Critique, dans le lequel un vieil homme revient dans la maison familiale de son fils très malade pour aider la famille. De nombreux non-dits ressurgissent dans un environnement pour le moins exceptionnel, une maison isolée et gagnée par d’immenses plantations de cannes à sucre. Un candidat sérieux à la Caméra d’or. Lionel Baier est suisse, et présentait en sélection ACID La Vanité, son deuxième long métrage, avec Patrick Lapp et Carmen Maura. Un vieil architecte hautain et orgueilleux prend une chambre dans un motel quasi désert. Une femme le rejoint. Un jeune homme se prostitue dans la chambre mitoyenne. Un mystérieux dialogue s’installe dans ce ménage à trois. Motel hitchcockien, situations loufoques et hors du temps à la Pascal Thomas, Baier manie les décalages et se joue avec amusement des faux-semblants. Le Mexique est désormais l’un des pourvoyeurs principaux des grands Festival de cinéma à travers le globe : Reygadas, Inarritu, Cuaron, Escalante, Rowe, il faudra aussi compter avec David Pablos. Las Elegidas, ces élues dont on parle ce sont ces jeunes femmes prostituées de force appâtées qu’elles sont par leurs petits amis; ce film dit de frontière basé à Tijuana compile les thèmes forts et omni-présents du cinéma mexicain moderne, hyper-violence, corruption, bordels, cartels, le cocktail est réussi (le film est en deçà de ses prédécesseurs, Reygadas ou Escalante par ex., en terme de provocation), la mise en scène brillante. Une vraie bonne surprise.

Dans le prochain épisode : Brillante Mendoza, Patrick Wang, Paolo Sorrentino et Jia Zhang-ke…

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Cannes 2015, bilan à mi-parcours

18 mai 2015
Thomas
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Chronique à Cannes #5 // Cannes 2015 a dévoilé près de la moitié de sa moisson de l’année (une quarantaine de films). Il est temps de faire un petit point à mi-route. Et délivrer aussi nos premières impressions sur le retour d’Apichatpong Weerasethakul.

Lundi 18 mai. On passera rapidement sur le douloureux épisode du brise-iPhone ce matin en salle Debussy avant la séance de Thaï Joe – même si ça m’a donné une idée de scène pour le prochain Reygadas, les doigts bien calés dans les ressorts au creux d’un fauteuil, tu t’assois et crac, un peu plus gros que la taille d’une pièce de 2 euros, l’impact…

Une belle densité. Déjà plus d’une quinzaine de films avalés depuis jeudi dernier et les grands auteurs sont bien là au rendez-vous. Nanni Moretti (en tête des bookmakers dans la presse française pour le moment au palmomètre en Compétition), Miguel Gomes qui fait souffler un vent de fraîcheur sur la Croisette avec ses Mille et une nuits projetées par volume de 2 heures à la Quinzaine, Arnaud Desplechin, Philippe Garrel, et donc Apichatpong Weerasethakul dont on sort à peine du Cemetery of Splendour…. En attendant, Jia Zhangke, Jacques Audiard, Paolo Sorrentino, Brillante Mendoza ou Hou Hsiao-hsien cette semaine, cette édition 2015 est sur de bonnes bases.

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En lévitation. Premier long métrage du thaïlandais depuis sa Palme d’Or en 2010 pour Oncle Boonmee, celui qui se souvenait de ses vies antérieures, Cemetery of Splendour prouve une nouvelle fois la place unique que Weerasethakul tient dans le cinéma mondial actuel. Il est le seul à pouvoir planter sa caméra sur une poche d’urine, plein cadre, et qu’on en reste sidéré de béatitude. Il est le seul à installer un univers sonore bien à lui, sa Thaïlande, ses insectes, ses forêts. Le silence est rare chez Weerasethakul. On pourrait reconnaître un de ses films les yeux bandés. L’histoire ? Une sorte de Chambre des Officiers à la sauce thaï dans un hôpital de campagne où une femme maintient le contact entre des militaires en coma artificiels et leurs proches. Il y est beaucoup question de vies antérieures. On y fait caca dans la forêt comme on l’a jamais vu au cinéma. Un film en lévitation. On s’y sent bien. Qu’est-ce qu’on s’y sent bien !

saulnier

On a vu aussi. Après It Follows l’an dernier, un bel ambassadeur du film de genre à Cannes en la personne de Green Room de Jeremy Saulnier à la Quinzaine. Le jeune réalisateur américain avait secoué la Croisette en 2013 avec le vengeance movie Blue Ruin, rebelote cette année avec un vrai exercice de style : un film d’assaut bien gore hyper bien ficelé qui n’a peur de rien avec Patrick -Magnéto- Stewart en grand manitou sectaire. Un futur classique du genre bloody à souhait, on éventre, on lâche les chiens aux gorges. Gros kiff. Autre salle, autre ambiance chez le stackanoviste nippon Kiyoshi Kurosawa avec De l’autre rive, une évocation sensible du travail de deuil et des survivants. Remarquable plongée dans la société japonaise classique et douce entre Naomi Kawase et Hayao Miyazaki. On a connu Kurosawa plus turbulent et fantasque. On l’aime aussi comme ça. Après Oslo, 31 août le nouveau long métrage de Joachim Trier Louder Than Bombs était attendu au tournant. Il monte les marches ce soir et concourt à la Palme d’Or en Compétition. Sans atteindre la fulgurante narrative d’Oslo, Trier dissèque une famille endeuillée (le deuil, thème 2015 en chef sur la Croisette) vec un cast étonnant, Isabelle Huppert, Gabriel Byrne, Jesse Eisenberg (remarquable) et Rachel Bresnahan (la Rachel de House of Cards). Le film ne touche pas, les personnages et la famille en carton-pâte mais Trier est un formaliste hors-pair. Ce ne sera pas celui-là mais il fera son très grand film…

Dans le prochain épisode : Denis Villeneuve, Valérie Donzelli, une Mustang et la solitude des champs de cannes à sucre colombiens…

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Ce (très) cher Miguel Gomes

17 mai 2015
Thomas
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Chronique à Cannes #4 // Miguel Gomes poète des temps modernes, Amy Winehouse ressuscité, Matthias Schoenaerts la brute lui va si bien, Maïwenn retourne en thérapie de couple. et mon nouveau polo Guillermo Del Toro. Programme dominical chargé.

Dimanche 17 mai. Rue d’Antibes, tranquille avec maman, un Guillermo Del Toro tellement gentil qu’il en devient suspect. Une minute cannoise où tu peux croiser en moins de 60 secondes, Jean-François Derec, Louis Acariès, un des deux Bogda-Bogda-Bogdanov et donc notre Guillermo. Le selfie, c’est que pour lui. Veuillez m’excuser par avance. Pas fan des mentons.

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Poésie en lusitanie. Miguel Gomes est un poète. Coupable du chef-d’œuvre Tabu, le jeune réalisateur portugais a alimenté les plus folles rumeurs l’année dernière pendant tout le (long) processus de production de son adaptation des Contes des Mille et une nuits. Affublé d’une durée de plus de 6 heures, le film arrive en grandes pompes dans la bienheureuse Quinzaine des Réalisateurs, et divisé en 3 volumes. Le premier, sous-titré L’inquiet, était projeté hier. Et encore une fois Gomes épate. Il est libre, drôle, sans limites et montre des choses que l’on n’a jamais vu à l’écran. En prenant le parti pris de disserter autour de tel ou tel conte, à mi-chemin entre le documentaire et la restitution presque enfantine, Miguel Gomes dresse un portrait sans fard de son Portugal en crise. Une première demi-heure âpre d’installation mixant Gomes lui-même mis en situation face à ses doutes et certaines scènes qui sont déjà à ranger au panthéon des souvenirs les plus forts de ce Cannes 2015 comme « ce procès du coq ». Vivement la suite !

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Profession : pervers narcissique. Mon Roi de Maïwenn est la première entrée française (parmi les cinq) de la Compétition. Après Polisse, la réalisatrice retourne à ses premières amours, celle de sa vie, de ses sentiments. Elle tire le portrait de Giorgio et Tony (Marie-Antoinette sic), leur vie de couple sur 10 ans, leur rencontre, leur passion et leur destruction. L’avantage – et l’inconvénient diront certains – c’est que l’on sait tout de suite où on est avec Maïwenn. On est dans le vrai, dans SON vrai, celui d’une parisienne bien née, qui a tout mais qui va passer sa vie à nous raconter qu’en fait et ben ça va pas du tout. Elle a le sens des dialogues. C’est sûr, c’est drôle, très souvent, improvisés aussi et libre. Et ça vaut aussi et surtout pour Vincent Cassel. On ne l’a jamais vu aussi déchaîné. Le fauve est en liberté. Il est joussif. Son personnage lâche même une pirouette charmante « Mon père était très élégant ». Pervers, destructeur, ça oui, mais joussif, surtout. Emmanuelle Bercot, actrice cette sois-ci, à côté de Cassel semble brimée par Maïwenn, elle en fait trop. Au rayon des anecdotes, le sous-titrage anglais qui traduit Francis Cabrel par Phil Collins. On leur dira, ça leur fera plaisir pour sûr. Et un cast de seconds couteaux étonnant : Norman (le Norman Tharaud star des videos du web), Laetitia Dosch (La Bataille de Solférino) et le photographe-gigolo de vieilles rentières François-Marie Banier.

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Baromètre. On a aussi vu le documentaire sur Amy Winehouse en séance de minuit : Asaf Kapadia avait réussi son précédent film consacré au pilote Ayrton Senna. Avec Amy il fait le job sans plus. Un montage chronologique un peu bateau. Et un destin dont on se lasse dès que ça dérape un peu dans les nasaux. Et ça vient malheureusement vite dans sa pauvre vie. Pour finir, une jolie surprise, Maryland, de la française Alice Winocour (Augustine), avec Mathias Schoenaerts, Diane Kruger et Paul Hamy : un film un peu claustro, un peu tendu, bien tenu, Schoenaerts dans son rôle de prédilection, la brute en mal d’amour. Tout fonctionne bien si ce n’est quelques invraisemblances scénaristiques. On les oubliera. Une jolie entrée française en sélection Un Certain Regard.

Dans le prochain épisode : Kiyoshi Kurosawa, Jeremy Saulnier, Apichatpong Weerasethakul, Joachim Trier, et une Mustang ! Vroum…

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Lanthimos, le homard m’a tuer

16 mai 2015
Thomas
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Chronique à Cannes #3 // Yorgos Lanthimos sort les crocs, Nanni Moretti a lâché le fauve John Turturro et le retour d’ascenseur coréen marche à plein. 

Samedi 16 mai. On commencera cette troisième chronique par une imposture. Celle de voir projeté en sélection Un Certain Regard The Shameless du coréen Oh Seung-Uk. Parfaite ineptie indigeste, boursouflante, musique mielleuse, acteurs laissés pour compte, des (bonnes) bastons mais tu sais pas ce qu’elles font là… The Shameless ressemble à un retour d’ascenseur mal placé : au générique on retrouve quelque part en coprod Park Chan-Wook et à l’écran la divine comédienne Jeon Do-yeon (The Housemaid), prix d’interprétation en 2007 dans Secret Sunshine et membre du jury l’an dernier, qui semble aussi avoir oeuvré à l’écriture et mis quelques sous dans l’histoire. Bref, si jamais cette bouse coréenne autour d’un trio amoureux perdu au beau milieux d’une intrigue policière venait à sortit en France, courage mais fuyez, mais très très loin.

Yorgos Lanthimos est né à Cannes, en 2009. Son deuxième film Canine en fut l’un des films marquants en remportant le prix Un Certain Regard. Inventeur d’un univers absurde et violent, il prend à rebours les dysfonctionnements sociétaux et familiaux pour créer une réalité rêvée, SA réalité. On l’avait un peu perdu dans son monde dans Alps, troisième opus du grec, il revient par la (très) grande porte avec The Lobster par la case Compétition et un casting dingue : Colin Farrell, Rachel Weisz, Ariane Labed, Léa Seydoux, John C. Reilly et Ben Whishaw entre autres.

lanthimos

Le Couloir de l’amour. L’histoire ? Un monde absurde dans lequel le célibat est proscrit sous peine de mort. Le cadre ? Un hôtel luxueux où séjournent en CDD les condamnés en mal d’amour à la recherche d’une moitié. Pour corser l’affaire, l’âme-soeur doit correspondre à des handicaps similaires absurdes (problème de vue, saigner du nez,…). Cette tyrannie ne prend fin que si l’épreuve du couple réussit (certaines solutions sont trouvées si cela ne réussit pas tout de suite comme celle « de leur mettre un enfant dans les pattes » par exemple), sinon le condamné est transformé en animal. Comme ce n’était pas assez difficile comme ça, une société secrète « Les Solitaires » est rentrée en résistance dans la forêt voisine. Alliage parfait entre le brûlot givré version Canine et la liberté auteuriste d’Alps, The Lobster va permettre à Lanthimos de toucher enfin un public plus large.

Shots from "Mia Madre"

Farce et attrape-coeur. C’est un Nanni Moretti inspiré qui revient dans sa maison, le Festival de Cannes. Président du jury en 2012, le lauréat de la Palme d’Or en 2001 (La Chambre du Fils) présente Mia Madre, un dialogue famille et cinéma écrit avec douceur et modestie, deux attributs surprenants chez Moretti l’exalté et le militant. Le réal de Journal Intime donne d’une certaine manière une leçon à Haneke : on retrouve beaucoup d’Amour dans ce Mia Madre. Un Amour plus doux, sensible et oecuménique dont on regrettera tout de même l’intrusion, certes hilarante, de John Turturro, au numéro d’acteur mémorable. Fou-rire garanti à chacune de ses apparitions, mais dont la farce gâche un propos qui touche au plus profond, peut-être trop directement au coeur. Un grand Moretti malgré tout, postulant sérieux au palmarès (scénario ou interprétation féminine pour l’incroyable Margherita Buy).

Dans le prochain épisode, le début de la trilogie Miguel Gomes, Alice Winocour, le docu d’Asif Kapadia sur Amy Winehouse, Maïwenn,…

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