Un vent de fraîcheur a soufflé sur la Croisette avec la présentation du 1er film de Guillaume Gallienne, Les Garçons et Guillaume, à table ! à la Quinzaine des Réalisateurs. Un triomphe pour un coup d’essai.
CANNES 2013
Quinzaine des Réalisateurs | 20 mai
Guillaume Gallienne est un acteur peu commun. Aussi à l’aise sur les planches de la salle Richelieu à la Comédie-Française que sur les plateaux du Grand Journal de Canal+ où il officia une année avec les Bonus de Guillaume, Guillaume Gallienne avait franchi le pas il y a 3 ans quand il monta une pièce à sa mesure, le pas de raconter son histoire, seul en scène, dans le plus simple des dispositifs.
C’est cette adaptation, Les Garçons et Guillaume, à table !, qu’il a lui-même réalisé, et incarné avec un brio désarmant sur grand écran. Désopilant de bout en en bout, Guillaume Gallienne est d’abord à l’oeuvre dans un numéro d’acteur phénoménal, à la puissance comique dévastatrice. Il fait partie de ces corps et visages qui n’ont pas besoin d’en faire des tonnes pour déclencher l’hilarité, un simple rectus bien placé et la salle est sous son siège. Rarement au Théâtre Croisette, nous avons été témoin d’un tel enthousiasme.
Auteur de certaines scènes en passe de devenir cultissime – Princesse Sisi, le massage, la rencontre avec Diane Kruger, Gallienne ne tombe jamais dans l’écueil du film à sketchs. Les Garçons et Guillaume, à table! tient sa trame et suit le parcours d’une mère bourgeoise – formidablement interprétée par Gallienne lui-même – avec son fils. Une telle entreprise de mise sur/en scène de la chronique de sa vie intime, on a déjà pu le voir chez un Philippe Caubère sur les planches, par exemple, dans ses spectacles au long cours. Sauf que Gallienne transpire l’humilité nécessaire – ce qui n’était pas le cas avec son illustre prédécesseur – pour livrer une authentique déclaration d’amour à sa mère.
Guillaume Gallienne a pu également s’entourer d’une troupe d’acteurs de théâtre qui font la bascule vers le cinéma parfois pour la première fois, à commencer par André Marcon, l’impassible et irrésistible père desemparé, auxquels viennent s’ajouter Diane Kruger et la valeur montante du cinéma français Reda Kateb, dans un contre-emploi parfait.
Préparez-vous à ce que l’année qui vient soit l’année Gallienne. De l’automne (date de sortie) à la saison des récompenses début 2014 (moisson césarienne d’ores et déjà en vue), le tsunami GG risque de déferler un peu partout, dans une dimension qui, à voir la tête du réalisateur/acteur lors de son triomphe au Théâtre Croisette lundi soir, va étonner en premier lieu Gallienne lui-même. Quel ravissement que cela tombe sur une personne de la qualité de Gallienne aussi élégant et agréable à la ville qu’à l’écran. La bouffée d’air annoncée est réussie et tranche aussi beaucoup avec ce que l’on a pour habitude de voir à Cannes pendant le Festival où il est, soyons franc, plus récurrent de voir des excisions pré-pubères que des comédies de rang. Ça fait du bien.
QUINZAINE DES RÉALISATEURS
LES GARÇONS ET GUILLAUME, À TABLE ! de Guillaume Gallienne
Sortie le 20 novembre