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Les 20 films à retenir de Cannes 2018

21 mai 2018
Thomas
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Au surlendemain du palmarès, notre sélection des vingt films qui ont marqué un cru qui fera date

 

Le Poirier sauvage
Le Poirier sauvage
Donbass
Donbass

Dans le jargon on appelle ça une « Toni Erdmann ». En décidant de ne pas honorer Burning de Lee Chang-dong, l’un des films les importants de la compétition, le jury de Cate Blanchett a surpris tout son monde. Honneur fut sauf avec la palme remise à Hirokazu Kore-eda pour son magistral Une affaire de famille, sommet de délicatesse et d’émotion. Retour sur nos vingt films à retenir.

20
LE POIRIER SAUVAGE
Nuri Bilge Ceylan (turquie) – liste wask : 05/100

Compétition (absent du palmarès). Palme d’or en 2014 pour Winter Sleep, Nuri Bilge Ceylan a réussi à convaincre Thierry Frémaux de lui laisser un strapontin en compétition dans les derniers instants des ajouts de sélection fin avril. Seul compromis : être projeté le dernier jour à la dernière séance. Pour un film d’une telle ampleur, ce genre d’oeuvre qui prend le temps de déployer tous ses atours, on appelle cela la place du mort. Réussi puisque le film était l’un des grands absents du palmarès de Cate Blanchett. Moins théorique qu’à l’accoutumée, Ceylan n’atteint pas les sommets de Winter Sleep mais revient à hauteur d’hommes pour livrer un puissant film autour du dilemme d’un aspirant écrivain dont l’avenir se trouve hypothéqué par le poids des dettes de son père. Avec pour fil conducteur le songe, et même si l’on sera plus circonspect sur son casting (pour une fois chez lui), avec Le Poirier sauvage Ceylan poursuit l’une des œuvres cinématographiques les plus passionnantes de son temps.
sortie france // 15 août 2018 (memento)

19
DONBASS
Sergei Loznitsa (ukraine) – liste wask : 11/100

Un certain regard (prix de la mise en scène). Déjà de retour un an à peine après l’éblouissant Une femme douce, l’ukrainien Sergei Loznitsa a ouvert magistralement la sélection un certain regard au point même que l’on s’est un temps demandé pourquoi diable le film ne faisait pas partie de la compétition. Faute à une exigence de renouvellement sans doute. Il faut dire que toutes les facettes du cinéma de Loznitsa (Dans la brume, My Joy) n’ont jamais semblé aussi concentré dans un seul film que Donbass. Tournage tenu secret fin 2017 pour des raisons de sécurité, Donbass est à la lisière constante entre le documentaire et la fiction, un film à sketchs en territoires ukrainiens occupés, sans doute le premier film de l’ère des fake news. Remarquablement mis en lumière par  le roumain Oleg Mutu (4 mois, 3 semaines et 2 jours), ce pamphlet halluciné contre l’empire de Poutine, sa propagande 2.0 du quotidien. Le résultat est une série de scènes souvent folles (un mariage fellinien nous reste encore en tête ou ce lynchage public ordinaire et terrifiant). Même un Loznitsa un poil mineur reste du cinéma high level.
sortie france : 05 septembre 2018 (pyramide)

18
AYKA
Sergey Dvortsevoy (kazakhstan) – liste wask : non classé

Compétition (prix d’interprétation féminine). Vainqueur de la catégorie un certain regard en 2008 avec Tulpan, absent des cours depuis, le réalisateur kazakh Sergey Dvortsevoy revenait à Cannes par la grande porte. Avec Ayka, une jeune kirghize en situation irrégulière qui survit dans la précarité moscovite jusqu’au moment où elle met au monde un bébé qu’elle abandonne à la maternité. Avec sa caméra à la Dardenne (version Rosetta) qui ne lâche pas d’une semelle son héroïne, tremblante et obsessionnelle. Une fuite en avant au plus près de la couleur du corps. Un des films les éprouvants et haletants de l’édition 2018.
sortie france : à dater (ARP Sélection)

17
THUNDER ROAD
Jim Cummings (états-unis) – liste wask : non classé

ACID (pas de palmarès). On se souvient en 2015 de la découverte Patrick Wang avec Le Secret des autres. Une pépite comme on en voit rarement, humble et sensible, que l’ACID avait réussi à alpaguer dans ses filets. L’un de ses producteurs d’alors s’appelait Jim Cummings. Le voilà lui-même dans la (petite) sélection cannoise et indépendante avec son premier long métrage Thunder Road. Cette chanson de Springsteen qui donnait aussi le titre à un premier court métrage primé à Sundance (la scène de l’oraison funèbre à l’église par laquelle le long commence aussi), elle ne retentit pas étonnamment dans le film long format. Le film ne vaut pratiquement que pour cet étonnant Cummings. Un film-performance dans il pleure à sanglots aussi vite qu’il (re)devient hilare, dont il s’est occupé d’à peu près tout (réal, écriture, jeu, compositeur). Et même si on ne partage pas l’enthousiasme quasi unanime des festivaliers autour de Thunder Road, dans le jeu à qui trouvera l’auteur de majeur de demain sur la Croisette, on mettrait facilement une pièce sur l’ami Jim dans cette catégorie.
sortie france : 12 septembre 2018 (Paname)

Thunder Road
Thunder Road
En liberté!
En liberté!
Ayka
Ayka
In my room
In my room

16
IN MY ROOM
Ulrich Köhler (allemagne) – liste wask : non classé

Un certain regard (absent du palmarès). Habitué des joutes berlinoises plus que celles de Cannes, le francophile réalisateur germanique Ulrich Köhler (il a étudié les Beaux-Arts à Quimper) a remué le dernier jour de la sélection un certain regard avec In my room, une sorte de remake teuton de Je suis une légende avec Will Smith. On y voit en effet Hans Löw, acteur longiligne et sec vu davantage dans la série Tatort qu’au cinéma, incarner le dernier homme sur Terre. Pourtant rien ne prédisposait le film à nous amener jusque là, la première demi-heure ressemblant plus à la chronique désabusée d’un homme plus à l’aise dans l’accompagnement à la fin de vie de sa chère grand-mère que dans celle de trouver sa place sur Terre. Une forme que l’on aura vue souvent cette année : basculer de genre même plusieurs fois dans le même film.
sortie france : à dater (sans distributeur)

15
EN LIBERTÉ!
Pierre Salvadori (france) – liste wask : non classé

Quinzaine des réalisateurs (prix SACD). Pour sa dernière sélection à la tête de la quinzaine, Edouard Waintrop a vu juste en sélectionnant pour la première fois (!) à Cannes Pierre Salvadori (Les Apprentis, Après vous). Son neuvième est la quintessence de son cinéma, sans doute son film le plus drôle (il est rare d’entendre une salle cannoise rire autant aux éclats). L’histoire d’une fliquette veuve d’un inspecteur considéré comme un héros local qui découvre forfuitement que ce dernier était le pire des ripoux. Lorgnant vers Blake Edwards dans le rythme, la loufoquerie et l’écriture aux ciseaux dorés (avec Benoît Graffin et Benjamin Charbit), En Liberté! a tout de son titre. Pas tellement feel-good, sans star de la comédie hexagonale (Pio Marmaï dans un rôle qui lui ouvre la route aux César, Adèle Haenel et Damien Bonnard) mais un plaisir évident de filmer du cinéma populaire dans ce que ça a de plus noble. Et quelques scènes déjà cultes comme ce hold-up en tenue sado-maso. Ébouriffant. Rendez-vous en salles fin octobre. Succès garanti.
sortie france : 31 octobre 2018 (Memento)

14
LES ÉTERNELS
Jia Zhang-ke (chine) – liste wask : 01/100

Compétition (absent du palmarès). Il avait fier allure notre numéro un des 100 films pour Cannes 2018 ! Après le film de sabre ou le mélo, Jia Zhang-ke s’attaque cette fois au film noir, réinvente le genre et impressionne. Absent notoire du palmarès 2018, le cinéaste chinois, l’un des plus grands auteurs de notre époque, coupable de quelques chefs d’oeuvre absolus (Still Life, A Touch of Sin), commet avec Les Éternels un film-somme. Catharsis de son oeuvre, le film finira de convaincre les fidèles de Jia qu’il s’installe durablement au panthéon des auteurs actuels mais laissera sans doute les autres un peu de côté tant le film ne se donne pas facilement. Zhao Tao, son épouse et muse, livre une nouvelle performance fabuleuse, sorte de Meryl Streep low profile à la fois puissante et fragile. De tous les plans.
sortie france : 26 décembre 2018 (Ad Vitam)

Climax
Climax
Les Eternels
Les Eternels
Sauvage
Sauvage

13
SAUVAGE
Camille Vidal-Naquet (france) – liste wask : non classé

Semaine de la critique (prix révélation Louis Roederer pour Félix Maritaud). Pour son premier film, Camille Vidal-Naquet est parti « d’un personnage solitaire, en recherche d’affection, qui a en lui une force d’aimer inébranlable, inconditionnelle. Un garçon saisissant des moments de tendresse dans les endroits les plus inattendus ». « Dès le départ, j’avais en tête », confie le réalisateur « l’image d’un garçon du trottoir qui dit Moi j’embrasse« . Un corps à la dérive comme seule valeur rempart contre la fin programmée et la déchéance. Le film français en compétition cette année à la Semaine de la Critique ne nous épargna rien. Mais surtout nous révèle Félix Maritaud un acteur rare aussi fragile qu’électrique dont on reparlera aux César 2019.
sortie france : 22 août 2018 (Pyramide)

12
CLIMAX
Gaspar Noé (france) – liste wask : 64/100

Quinzaine des réalisateurs (Art Cinema Award). On croyait voir Psyché (titre original) on a vu Climax, la nouvelle hallucination signée Gaspar Noé (Seul contre tous, Irréversible) l’enfant terrible du cinéma français. Jamais là où on l’attend mais toujours à Cannes finalement (mais pour la première fois à la quinzaine). De Cerrone à Patrick Hernandez en passant par Daft Punk, Gaspar Noé a fait danser le Théâtre Croisette. L’histoire n’a que peu d’importance tant la forme et le travail du cinéaste se joue sur l’instant et l’instinct, même si elles conditionnent pas mal les événements à venir. Une bande de danseurs prépare dans une grande maison isolée un prochain spectacle. Une vingtaine de personnages aussi différents les uns que les autres en mode voguing, waacking ou krumpet à la tchatche facile. Des moments virtuoses (la première moitié façon battle royale of dancefloor) et un film qui va crescendo vers le chaos sans jamais céder à la provoc facile. Un Gaspar apaisé pourrait-on dire.
sortie france : 19 septembre 2018 (Wild Bunch)

Under The Silver Lake
Under The Silver Lake

11
UNDER THE SILVER LAKE
David Robert Mitchell (états-unis) – liste wask : 17/100

Compétition (absent du palmarès). Quasi booké l’an dernier par Thierry Frémaux, celui-ci s’est fait attendre. Nouveau film de l’un des jeunes auteurs US en vogue (The Myth of the American Sleepover, It Follows), Under The Silver Lake fut l’un des films les plus clivants de la compétition cette année. On est du côté des lovers de ce LA movie hallucinatoire avec Andrew Garfield solaire et tout droit sorti d’un film des frères Coen. DRM pose les questions essentielles (Pourquoi diable se baigne-t-on dans des piscines sur rooftops alors que l’on a l’océan ?), nous balance du R.E.M. à fond de cale en soirée, et livre à n’en pas douter ce type de film cannois qui devient culte loin du tumulte de la Croisette. Y a qu’à voir, revenu de Cannes, c’est l’un des films que l’on a le plus envie de se refarcir. Et ce n’est pas le cas de tous !
sortie france : 08 août 2018 (Le Pacte)

10
NOS BATAILLES
Guillaume Senez (belgique) - liste wask : 90/100

Semaine de la critique (séance spéciale). Nos Batailles du belge Guillaume Senez qui, après son excellent premier film (Keeper), confirme tous les espoirs portés en lui. Une histoire de père courage et syndicaliste qui mènent tous les combats avec la même rage. C’est écrit avec une justesse d’orfèvre suisse et interprétés avec des acteurs au sommet, Romain Duris (que l’on n’a pas vu aussi fort depuis De battre mon coeur s’est arrêté), Laure Calamy et Laetitia Dosch à la fois tendre et hilarante. La scène du film sur Le Paradis Blanc de Michel Berger est déjà étiquetée dans le panthéon de nos souvenirs cannois 2018.
sortie france : 10 octobre 2018 (Haut et Court)

9
UNE AFFAIRE DE FAMILLE
Hirokazu Kore-eda (japon) - liste wask : 28/100

Compétition (Palme d’or). On l’attendait haut tellement on aime le film mais peut-être pas si haut. Avec cette palme d’or (de consensus ?) le japonais Kore-eda s’octroie une place de choix au panthéon des cinéastes japonais contemporains après ses aïeux Kurosawa ou Immamura. Alors oui Une affaire de famille n’est sans doute pas au niveau de Tel Père tel fils et encore moins de celui de Nobody Knows mais quel cinéaste actuel filme aussi bien les enfants, la famille et le rapport si délicat à l’éducation et à la transmission. On ne le prend jamais comme critère mais c’est le seul film à nous avoir tiré une larme. Une larme simple des histoires qui bouleversent de la plus belle des manières, sans contrainte.
sortie france : à dater (Le Pacte)

Girl
Girl
Leto
Leto
Nos batailles
Nos batailles
Une affaire de famille
Une affaire de famille

8
GIRL
Lukas Dhont (belgique) - liste wask : 55/100

Un certain regard (prix d’interprétation et caméra d’or). Il était l’un des premiers films les plus courtisés par les comités de sélection. Girl confirme les espoirs fondés en lui avant le festival et même au-delà. Une onde de choc dont le festival a eu du mal à se remettre et la naissance d’un cinéaste. Pour couronner le tout, la prestation de Victor Polster à l’écran a soulevé l’émotion bien au-delà de la Croisette. Un des phénomènes du cru 2018 couronné de nombreux prix
sortie france : 10 octobre 2018 (Diaphana)

7
LETO
Kirill Serebrennikov (russie) - liste wask : 30/100

Compétition (absent du palmarès). Serebrennikov avait adapté sur scène Les Idiots, la version dogma de Lars von Trier, un spectacle présenté au Festival d’Avignon et d’une énergie transcendée. Ce puissant esprit de troupe, on l’avait un peu perdu dans Le Disciple. Il est totalement retrouvé dans Leto son nouveau film reparti bredouille de manière incompréhensible du palmarès 2018. L’une des plus puissantes mises en scène vue cette année. Le russe assigné à résidence dans son pays sait générer autour de lui le meilleur de ses équipes, ça transpire sur l’écran, inventif et provocateur : écritures et dessins rajoutés aux images en post-production, ou apostrophes directes au spectateur à plusieurs reprises comme le ferait un acteur de théâtre à la salle… Du très grand cinéma dans un noir et blanc à couper et des instants de grâce totale comme une scène bord de plage en début de film dont on aimerait qu’elle ne s’arrête jamais.
sortie france : 05 décembre 2018 (Bac Films)

6
BURNING
Lee Chang-dong (corée du sud) - liste wask : 13/100

Compétition (absent du palmarès). Attendu depuis huit ans, le nouveau film de l’ancien ministre de la culture coréen Lee Chang-dong (Secret Sunshine, Poetry) a propulsé tous les esthètes du grand cinéma dans une allégresse communicative. Tiré d’une nouvelle de l’auteur japonais Haruki Murakami (Les granges brûlées), Burning fait partie de ces films qui surprend sans cesse les certitudes du spectateur. Quand le film semble nous contait une agréable et mystérieuse histoire d’amour, Lee Chang-dong bascule sans crier gare dans une version fantomatique de Jules et Jim, et sans parler de l’épilogue saisissant et magnétique. Son absence du palmarès restera longtemps comme l’une des grandes injustices cannoises. L’un des films qui marqueront l’année et dont on se souviendra encore longtemps étendard de l’édition 2018. Citons enfin le trio d’acteurs : la mystérieuse Jun Jong-seo, le beau Steven Yeun (Okja) et le jeune et stupéfiant Yoo Ah-in.
sortie france : 29 août 2018 (Diaphana)

Birds of passage
Birds of passage
Burning
Burning
Dogman
Dogman
Shéhérazade
Shéhérazade

5
BIRDS OF PASSAGE
Ciro Guerra, Cristina Gallego (colombie) – liste wask : 09/100

Quinzaine des réalisateurs (absent du palmarès). L’ascension continue pour Ciro Guerra, l’une des meilleures nouvelles données ces dernières années par le cinéma sud-américain. Après l’impressionnant L’Empreinte du Serpent et avant un projet en langue anglaise avec Johnny Depp, Mark Rylance et Robert Pattinson (Waiting for the Barbarians), le colombien a coréalisé avec son épouse Cristina Gallego Birds of passage, un western colombien avec sa dose de tragédie grecque. Une merveille de mise en scène qui a ouvert divinement la quinzaine des réalisateurs et que l’on aurait aisément vu en compétition.
sortie france : 19 septembre 2018 (Diaphana)

4
SHÉHÉRAZADE
Jean-Bernard Marlin (france) - liste wask : 83/100

Semaine de la critique (séance spéciale). Avec ce projet passé et primé par la Fondation GAN (Lauréat 2017), Jean-Bernard Marlin passe au long après son ours d’or du court métrage décroché en 2013 avec La Fugue. Distribué par Ad Vitam et tourné à Marseille, Shéhérazade conserve les thèmes et le style de prédilection de l’auteur : un casting presque exclusivement composé de non-professionnels et un style documentaire réaliste pour relater les méandres de la délinquance juvénile. Marseille la rebelle s’offre enfin un film à sa hauteur. Une sorte de mix entre La Cité de dieu de Meirelles et Les Beaux Gosses de Riad Sattouf, mais à la sauce pastis. Un Marseille d’une authenticité jamais vue sur grand écran. Du grand art et notre coup de coeur du festival 2018.
sortie france : à dater (Ad Vitam)

3
DOGMAN
Matteo Garrone (italie) - liste wask : 12/100

Compétition (prix d’interprétation masculine). Le réalisateur de Gomorra a secoué son monde avec un nouveau film canin et ultra-violent. Une histoire de David contre Goliath dans une Italie aux abois. Après les éprouvants Realité et Le Conte des Contes, puis le surestimé Gomorra, le cinéaste italien nous a cueilli à froid. Son Dogman est une grande fable bestiale enivrante du plus fort contre le plus faible. L’un des films les plus courts de la compétition (1h40 un quasi court métrage à l’échelle cannoise) mais sans doute l’une des plus belles constructions que l’on ait vu jusqu’à présent. Inspiré d’une histoire vraie survenue en 1968, Dogman raconte l’histoire d’un paisible toiletteur pour chiens et dealer à ses heures perdues qui tombe sous la coupe d’un ami d’enfance devenu repris de justice et cocaïnomane. Un prix d’interprétation masculine mérité pour Marcello Fonte, acteur burlesque au physique de Jacques Brel busterkeatonnisé même si on espérait plus haut au palmarès.
sortie france : 11 juillet 2018 (Le Pacte)

The House That Jack Built
The House That Jack Built

2
THE HOUSE THAT JACK BUILT
Lars von Trier (danemark) - liste wask : 18/100

Hors compétition. Sept ans après Melancholia, Lars von Trier a retrouvé les clés de son camping-car pour gagner la Croisette et et présenter The House That Jack Built. A l’écran, on est d’abord enamouré par la voix de Bruno Ganz, Verge dans le film encore un double de LVT, un esthète vieilli et fatigué de ses pulsions. Le double-confesseur su serial killer de Matt Dillon (puissant comme jamais). Puis vient le temps de la démonstration : enfants snipés comme à la chasse, gorge perforée jusqu’à la langue, seins soigneusement découpés pour souvenir de maroquinerie, découpe de patte de coin-coin vivant, coup de cric sur visage botoxé,… on vous laisse découvrir les autres réjouissances avec Uma Thurman et Riley Keough notamment en victimes expiatoires. Le film, magnifiquement éclairé Manuel Alberto Claro (Melancholia, Nymphomaniac), ne se limite bien évidemment pas à ces provocations. Méticuleux, pervers, sans limites, l’auteur couronné de la palme d’or par Luc Besson en 2000 (Dance in the Dark) nous invite à confesses dans son ultime (?) film. Un film testamentaire, symbole d’une oeuvre au goût de soufre avec ses obsessions, et Johann Sebastian Bach encore, Richard Wagner (Tristan und Isolde) toujours, et même du Bowie beaucoup (« Fame »). Et dans un épilogue sidérant dont on ne révèlera pas la teneur formelle, Lars von Trier va même jusqu’à creuser sa propre tombe nous invitant à le rejoindre dans les limbes. Vingt dernières minutes d’une intensité stupéfiante. Picturales, musicales, ténébreuses.
sortie france : à dater (Les films du losange)

The Long Day's Journey Into Night
The Long Day’s Journey Into Night

1
LONG DAY’S JOURNEY INTO NIGHT
Bi Gan (chine) - liste wask : 22/100

Un certain regard (absent du palmarès). Le jeune prodige de 28 ans apparu avec Kaili Blues a ébloui la Croisette avec son deuxième film attendu au tournant. Une expérience de cinéma d’une rare intensité. Car oui, le film est une merveille. Et puis, comme dans le mirifique Kaili Blues, une scène d’anthologie. Au milieu du film, le héros rentre dans un cinéma. Les quelques spectateurs éparses sont chaussées de lunettes 3D. Le héros s’installe et met les siennes. A nous de jouer et la magie peut s’opérer : un plan séquence en relief  d’une heure in extenso. Une dinguerie
sortie france : à dater (Bac films)

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« Dogman » : héros marteau

18 mai 2018
Thomas
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Le réalisateur de Gomorra a secoué son monde avec un nouveau film canin et ultra-violent. Une histoire de David contre Goliath dans une Italie aux abois. Coup de marteau du Festival.

Cannes 2018 (compétition). C’est peu dire que l’on avait perdu la piste de Matteo Garrone. Après les éprouvants Realité et Le Conte des Contes, puis le surestimé Gomorra, le cinéaste italien nous a cueilli à froid. Son Dogman est une grande fable bestiale enivrante du plus fort contre le plus faible. L’un des films les plus courts de la compétition (1h40 un quasi court métrage à l’échelle cannoise) mais sans doute l’une des plus belles constructions que l’on ait vu jusqu’à présent.

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Inspiré d’une histoire vraie survenue en 1968, Dogman raconte l’histoire d’un paisible toiletteur pour chiens et dealer à ses heures perdues qui tombe sous la coupe d’un ami d’enfance devenu repris de justice et cocaïnomane.

L’ambiance n’y est pas balnéaire. Une banlieue fantôme et paupérisée au bord d’une mer poisseuse. L’Italie de Garrone n’est pas très Bellezza. Le toiletteur c’est Marcello (l’acteur Marcello Fonte), une gueule cassée postulant sérieux à un prix au palmarès. Aussi discret et gentil qu’il est secret sur ses agissements sous-terrains, son personnage évolue avec ses toilettages, coupable de quelques moments épiques qui nous restent encore en tête (le manuel de décongélation canine, cette scène à deux sur la moto l’une des plus belles du festival) avec son acolyte et brutal Simone (impressionnant Eduardo Pesce).

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La fin du festival 2017 avait été marquée et secouée au rythme du marteau de Joaquin Phoenix dans You Were Never Really Here (Lynne Ramsay). 2018 ne déroge pas à la règle : dans Dogman les coups de marteau tapent comme des répliques .

Les références cinématographiques en matière d’enfermement, de torture et de chiens sont pour le moins marquantes. On pense bien à Tarantino et Reservoir Dogs. Dogman n’a pas à rougir de la comparaison. Son film fera date, exceptionnellement mis en lumière par Nicolaj Brüel, il postule à peu près à tous les prix du palmarès. Acteur, mise en scène, scénario, ou même plus.

Dogman
Matteo Garrone – 1h42 – Italie
Compétition – Cannes 2018
Sortie France : 11 juillet 2018
(Le Pacte)

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« Long Day’s Journey Into Night » : On ne verra rien de plus beau à Cannes

17 mai 2018
Thomas
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Le jeune prodige de 28 ans apparu avec « Kaili Blues » a ébloui la Croisette avec son deuxième film attendu au tournant. Une expérience de cinéma d’une rare intensité.

Cannes 2018 (un certain regard). Deux questions trottaient dans la tête des festivaliers en sortant de la projection du nouveau film de Bi Gan. 1/ Qu’est-ce que nous venions tous de vivre de manière collective ? 2/ Comment un tel film a-t-il pu échapper à la compétition et se retrouver en sélection un certain regard ?

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Car oui, le film est une merveille. De ces merveilles qui nous font démontre, s’il fallait encore se persuader, pourquoi le voyage à Cannes au mois de mai chaque année est un passage obligé pour tout cinéphile qui se respecte.

Le film se présente aux frontières du réel. Point de départ à tout préalable, nous est confiée une paire de lunettes 3D à l’entrée en salle comme pour un bon vieux blockbuster. Pour un film d’auteur c’est plus rare.

Un premier panneau introductif nous indique non sans ironie que « le film n’est pas un film en 3D » mais qu’il s’agit de garder à l’oeil le héros et « nous serions quoi faire ». Car toute la première partie est une classique, éblouissante mais certes lancinante chronique d’un retour à Kaili pour notre héros (Huang Jue), une ville qu’il a quittée depuis des lustres et qu’il retrouve comme cette femme mystérieuse avec laquelle il a passé un été inoubliable vingt ans plus tôt.

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The Long Day's Journey Into Night
The Long Day’s Journey Into Night
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On s’attache comme à une bouée dans cette première heure à essayer de comprendre cette lente déambulation et la destination vers laquelle Bi Gan souhaite nous emmener, les lunettes en 3D dans la main.

Et puis, comme dans le mirifique Kaili Blues, une scène d’anthologie s’entame. Au milieu du film, le héros rentre dans un cinéma. Les quelques spectateurs éparses sont chaussées de lunettes 3D. Le héros s’installe et met les siennes. A nous de jouer et la magie peut s’opérer : un plan séquence en relief  d’une heure in extenso embarqué au fin fond d’une mine, une partie de ping-pong POV, la rencontre d’une jeune matronne de salle de billards, le survol au-dessus d’une vallée des songes, puis vient une fête de village. On plane littéralement regardant ce qui nous est proposé de vivre. Une expérience comme on en a rarement vécu dans une salle de cinéma. Peut-être quand on a découvert pour la première fois le cinéma de Apichatpong Weerasethakul (lui-aussi friand du film en deux parties comme son Tropical Malady).

Chez Bi Gan, ce n’est pas la nature et les sons qui nous obsèdent comme chez le réalisateur de Oncle Boonmee. Mais les lumières, le décor, la voix off, ces personnages mélancoliques, les défis physiques. On ne remerciera jamais assez le regrettée Pierre Rissient, ange gardien de longue date du cinéma asiatique, qui a soutenu personnellement la sélection cannoise du cinéaste chinois. On aurait aimé dans un dernier souffle qu’il parvienne à le hisser en compétition. Tant pis. Espérons que Bac Films trouvera un parc de salles pour permettre au plus grand nombre de vivre cette expérience-là. La salle, on y revient, sanctuaire incompressible du (grand) cinéma.

Long Day’s Journey Into Night
Bi Gan – 2h10 – Chine
Un Certain Regard – Cannes 2018
Sortie France : date à déterminer
(Bac Films)

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« The House That Jack Built » : un Lars et ça repart !

16 mai 2018
Thomas
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Sept ans après Melancholia, Lars von Trier a retrouvé les clés de son camping-car pour gagner la Croisette et et présenter The House That Jack Built.
Un des événements de Cannes 2018.

Cannes 2018 (hors compétition). Une conférence de presse WTF aux blagues douteuses, pour ne pas dire nauséabondes au teint nazillard, l’avait cloué aux piloris en 2011 et déclarée persona non grata par le conseil d’administration du festival le jour-même de la présentation de Melancholia. Absous par le CA et autorisé à fouler la croisette, mais pas au point de concourir à la Palme d’Or (le film est présenté hors compétition), le cinéaste revient avec un film halluciné, dans la tête d’un serial killer incarné par Matt Dillon.

larsvontrierOFF

Le Festival avait mis les formes, et Thierry Frémaux en particulier, pour rendre l’événement incontournable. Absent de la liste communiquée en conférence de presse d’annonce de sélection, le film a continué de faire l’objet de tractations interminables, LVT posant sa place en compétition comme un préalable (avant Nymphomaniac, tous ses films ont fait part à la compétition cannoise). Finalement dédit, le film était bien présent en sélection officielle mais hors compétition dans une séance de prestige en présence de nombreux confrères venus voir la bête (Nuri Bilge Ceylan, Eva Husson, Cristian Mungiu, Gaspar Noé, Joachim Trier). Seul pied de nez notoire du danois : la décision de ne pas incorporer la traditionnelle séquence des marches avant son film.

Pour revenir au film qui emprunte son titre à une célèbre comptine britannique pour enfants (!), Lars von Trier est venu nous raconter cinq carnages parmi les dizaines perpétrés par notre cher Matt Dillon de tueur, Jack ici présent. On allait voir ce que l’on allait voir. On nous avait d’ailleurs prévenu sur l’invitation qui, fait rarissime, incorporait une mention EXPLICIT VIOLENCE, un carré de méfiance comme à la vieille époque.

Dans l’écran, on est d’abord enamouré par la voix de Bruno Ganz, Verge dans le film encore un double de LVT s’il fallait en douter, un esthète vieilli et fatigué de ses pulsions. Un double-confesseur en somme. Puis vient le temps de la démonstration : enfants snipés comme à la chasse, gorge perforée jusqu’à la langue, seins soigneusement découpés pour souvenir de maroquinerie, découpe de patte de coin-coin vivant, coup de cric sur visage botoxé,… on vous laisse découvrir les autres réjouissances avec Uma Thurman et Riley Keough notamment en victimes expiatoires.

larsvontrier2

Le film, magnifiquement éclairé par son chef opérateur Manuel Alberto Claro (Melancholia, Nymphomaniac), ne se limite bien évidemment pas à ces provocations. Le film n’est d’ailleurs pas dénué de tout sens comique. Et puisqu’il n’est pas à une blague près, LVT a confié à quelques confrères qu’il « aurait sans doute fait un excellent tueur en série ». On le croit aisément. Méticuleux, pervers, sans limites, l’auteur couronné de la palme d’or par Luc Besson en 2000 (Dance in the Dark) nous invite en définitive à confesses dans son dernier (!) film. Un film testamentaire, symbole d’une oeuvre au goût de soufre avec ses obsessions, et Johann Sebastian Bach encore, Richard Wagner (Tristan und Isolde) toujours, et même du Bowie beaucoup (« Fame »).

Et dans un épilogue sidérant dont on ne révèlera pas la teneur formelle, Lars von Trier va même jusqu’à creuser sa propre tombe nous invitant à le rejoindre dans les limbes. Vingt dernières minutes d’une intensité stupéfiante. Picturales, musicales, ténébreuses.

Beaucoup de cinéastes devraient raccrocher les crampons avant de périr dans la sénilité artistique (on ne citera pas de nom). Lars von Trier est comme Godard. Il est comme Verhoeven. Tant qu’il aura à dire des choses il restera droit dans ses bottes posant son oeuvre dans une dimension peu commune.

The House That Jack Built
Lars von Trier – 2h35 – Danemark
Hors Compétition – Cannes 2018
Sortie France : date à déterminer
(Les Films du Losange)

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Humeur à mi-festival

14 mai 2018
Thomas
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L’heure d’un premier bilan à mi-course et d’une tendance de palmarès

Cannes 2018. La première se termine. Le tas de chaussettes sales devient plus épais que les propres (vrai signe annonciateur de la prochain fin de la récré). On s’essaye déjà à humer ce cru cannois 2018.

Première indication : la pluie est là depuis deux jours mais le moral est au beau fixe. On a l’habitude de se le dire entre les festivaliers, il suffit d’une jolie surprise qu’on attendait pas, d’un nouveau nom à cocher sur la planète cinéma et à ramener dans sa valise de souvenirs et tu repars gonflé à blocs pour ces heures d’attente, de doutes et d’exaspération. On se plaint tout le temps à Cannes : j’aurais pas dû choisir ce film, qui m’a fait rater celui-là et du coup j’ai pas pu arriver à temps pour récupérer mes places à l’attachée de presse qui ne me répond plus au téléphone… c’est qui déjà le distrib du kazakh ? Ah, il en a pas ? Okay je vais au McDo. Venez comme vous êtes qu’ils disaient. Sauf qu’à Cannes tu ne viens comme tu es. Tu es comme ton badge. Nuance.

Trêve de chamaillerie. Le bilan à mi-course : 21 films. De bonnes surprises tous les jours. Et l’impression déjà d’un cru dense, racé et renouvelé dans le bon sens comme nous le présageait les annonces pré-festivalières.

Gueule d'ange
Gueule d’ange
Joueurs
Joueurs
Yommedine
Yommedine
Les Filles du soleil
Les Filles du soleil

Mais ne peignons pas un tableau trop idyllique. Les sources d’exaspération n’ont pas disparues en si bon chemin. Quand on nous offre en majesté un premier film français avec Marion Cotillard en cagole énervée et sans filets, on crie « Pourquoi ? », « Pourquoi ça ? », « Pourquoi maintenant », comme dirait le philosophe « On n’est pas venus ici pour souffrir okay ?! ». Cela s’appelle Gueule d’Ange (un certain regard), la réalisatrice Vanessa Filho et c’est une catastrophe à éviter de tout regard au moment de sa sortie la semaine prochaine (23 mai).

Autre ratage, autre ambition : Joueurs (quinzaine des réalisateurs), autre premier film français signé Marie Monge avec Tahar Rahim et Stacey Martin. Une chronique à la Bonnie & Clyde dans le milieu des cercles de jeux parisiens. Ni fait ni à faire sans une once d’empathie pour des personnages à la dérive.

La compétition n’est pas en reste avec Yommedine, le film égyptien chippé à la Semaine de  la Critique dans la dernière ligne droite par Thierry Frémaux et directement upgradé en compétition. Un premier film très fragile plein de bons sentiments à la morale naïve et un peu vaine. Un road-movie d’un enfant avec un lépreux qui peine pendant tout le film à crier à qui veut l’entendre qu’il est « bien un être humain comme les autres ». Okay.

Et que dire de Eva Husson : Les Filles du Soleil avec son fauteuil tricolore convoité en compétition on l’attendait au tournant. Il faut dire que Bang Gang son premier film nous avait laissé sceptique pour rester poli. Surplombé d’une montée des marches féministes et symboles (le manifeste des 83 femmes), le film sur ces femmes-soldats au Kurdistan n’est pas une purge comme on avait pu subir The Last Face (Sean Penn) il y a deux ans. Non, on rapprocherait davantage le film de The Search, le ratage de Michel Hazanavicius post The Artist. Les Filles du soleil n’a juste rien à faire en compétition. De gros soucis d’écriture avec le personnage de la journaliste française embedded (Emmanuelle Bercot) qui met très mal à l’aise tout du long (on a mal pour elle, physiquement affublée d’un ridicule bandeau à la Jean-Marie Le Pen, et dotée de dialogues philosophico-politiques ratés). Reste Golshifteh Farahani parfaite et digne en leader de front. Mais que dire de l’épilogue du film WTF.

Nos batailles
Nos batailles

On ne s’attardera pas trop sur nos premiers émois du festival. On a pas mal écrit dessus en rajoutant quelques pépites vues depuis notamment Nos Batailles du belge Guillaume Senez qui, après son excellent premier film (Keeper), confirme tous les espoirs portés en lui. Une histoire de père courage et syndicaliste qui mènent tous les combats avec la même rage. C’est écrit avec une justesse d’orfèvre suisse et interprétés avec des acteurs au sommet, Romain Duris (que l’on n’a pas vu aussi fort depuis De battre mon coeur s’est arrêté), Laure Calamy et Laetitia Dosch à la fois tendre et hilarante. La scène du film sur Le Paradis Blanc de Michel Berger est déjà étiquetée dans le panthéon de nos souvenirs cannois 2018.

Le Grand bain aussi, une autre réussite dont on reparlera forcément à sa sortie en salles. Le deuxième film de Gilles Lellouche au casting XXL (Canet, Poelvoorde, Efira, Anglade, Katerine, etc.) sur une équipée de natation synchronisée masculine. Un feel good movie du type Little Miss Sunshine à la française.

Et avant de dévoiler une première esquisse de palmarès, rendons grâce à deux réussites en compétition vues aujousrd’hui : les deux entrées japonaises Une affaire de famille (Hirokazu Kore-eda) et Asako I & II (Ryusuke Hamaguchi).

Et n’oubliez que vous pouvez suivre mes humeurs de compétitions sur Calmos Club dans le tableau des émojis !

Palmarès (au 14 mai)
Palme d’or : Leto (Kirill Serebrennikov)
Grand prix : Les Eternels (Jia Zhang-ke)
Mise en scène : Jia Zhang-ke
Scénario : Trois visages (Jafar Panahi)
Interprétation féminine : Zhao Tao (Les Eternels) et Sakura Ando (Une affaire de famille) ex aequo
Interprétation masculine : –
Prix du jury : Asako I & II (Ryusuke Hamaguchi)
Caméra d’or : Girl (Lukas Dhont)

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« Climax » : on a vu le nouveau Gaspar Noé

14 mai 2018
Thomas
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Rien avait filtré de la teneur de ce que l’on allait voir. On n’a pas été décus. Climax, le nouveau Gaspar Noé est une hallucination.

Cannes 2018 (quinzaine des réalisateurs). La passe de cinq. Gaspar Noé a présenté tous ses films à Cannes mais c’est une première à la Quinzaine des Réalisateurs. Le vilain petit canard du cinéma français y a été révélé (Seul contre tous), y a été conspué et sanctuarisé (Irréversible) puis y est même revenu décevoir son monde (Enter the void).

Après la séance de minuit en 2015 (Love), Gaspar Noé s’éclipse à la Quinzaine alors que l’Officielle fait les yeux de Chimène à l’autre vilain petit canard j’ai nommé Lars von Trier. Il a bien Gaspar. Climax a fait le plein ce dimanche sur la Croisette aux deux séances de la journée (8h45 avec Gaspar Noé prêt à accueillir les primo-spectateurs et 18h45 à l’heure précise, ironie de l’histoire, où la sélection officielle projetait la copie 70mm de 2001: L’Odyssée de l’espace présentée par Chris Nolan himself). La foule des grands jours s’était massée pour prendre sa dose de Noé. Joachim Trier était là tout comme Pedro Winter, Kim Chapiron ou Chloé Sévigny entre autres curieux.

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L’histoire n’a que peu d’importance tant la forme et le travail du cinéaste se joue sur l’instant et l’instinct, même si elles conditionnent pas mal les événements à venir. Une bande de danseurs prépare dans une grande maison isolée un prochain spectacle. Une vingtaine de personnages aussi différents les uns que les autres en mode voguing, waacking ou krumpet à la tchatche facile.

Car oui, pour une fois, Noé donne la parole à sa troupe. Après une scène (sublime) d’une femme (rescapée ?) ensanglantée dans la neige jusque-là immaculée et le pré-générique de fin façon Irréversible pour mieux planter le décor Noéphyte, le film s’ouvre sur une séquence assez joyeuse et introductive de tous les personnages face caméra lancés dans un exercice de présentation/discussion autour du projet de danse à venir. Une scène rare dans l’oeuvre de Noé à la fois tendre et souvent très drôle.

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Car il faut le dire, et ça transpire, Noé aime les danseurs/comédiens qu’il a choisis. Et cette scène d’introduction laisse vite place au morceau de bravoure du film : un plan-séquence (forme privilégiée dans Climax) dansé et fantastique sur du Cerrone et du Patrick Hernandez (des choix musicaux affirmés par Gaspar « afin de créer un état émotionnel familier ») comme pour mieux appréhender les forces en présences, l’architecture des lieux et surtout les angoisses à venir.

Gaspar a décidé de tourner le film en décembre de l’année dernière. Et il a tourné dans un état d’urgence en 15 jours avant le printemps. Très peu de préparations si ce n’est de choisir les danseurs qui allaient accompagner ceux qu’il avait rencontrés fin 2017 et qui lui ont donné envie de faire le film. Sans scénario, la pré-prod a permis surtout de préparer et chorégraphier le premier tableau puis de laisser libre cours formellement – incroyable photo soignée par son chef op historique Benoît Debie (dont on guettera le travail dans les prochains Jacques Audiard et Harmony Korine) – à ce qui suivra, une démence sous acide quand les vernis pètent, les poisons s’infusent dans les veines et l’enfer peut commencer dans une débauche de couleurs, de mouvements oscillatoires et insaisissables. Et quand l’on s’attendrait/souhaiterait que le film bascule vers le gore, Climax bascule dans un chaos spleenesque étonnant et ambitieux.

Du Gaspar Noé à son meilleur comme on ne l’avait jamais vu depuis peut-être Seul contre tous il y a presque vingt ans. A en croire sa joie sur la scène de la Quinzaine des Réalisateurs au milieu de ses danseurs venus fêter cette première mondiale, le trip est bon. Tant mieux.

Climax
Gaspar Noé – 1h35 – France
Quinzaine des Réalisateurs – Cannes 2018
Sortie France : 19 septembre 2018
(Wild Bunch)

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« Girl » : Genre phénomène

13 mai 2018
Thomas
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Il était l’un des premiers films les plus courtisés par les comités de sélection. « Girl » confirme les espoirs fondés en lui avant le festival et même au-delà. Onde de choc et naissance d’un cinéaste.

Cannes 2018 (un certain regard). A posteriori, on s’en veut un peu de l’avoir classé si loin dans notre top 100. Position 55 : bien trop loin pour l’un des films qui marquera à coup sûr ce cru 2018.

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« L’idée me trottait dans la tête depuis début 2009, lorsque j’ai lu un article sur une jeune fille née dans un corps de garçon qui rêvait de devenir danseuse étoile » : le jeune belge Lukas Dhont y trouvait là tous les thèmes qui l’intéressaient : l’identité, le genre, l’adolescence, le corps.

Le projet était passé par plusieurs étapes de développement à la Cinéfondation à Cannes (déjà), aux Ateliers Premiers Plans à Angers et au Work in Progress du Festival Les Arcs. Girl raconte le parcours d’une adolescente transgenre née dans un corps de garçon, qui décide de continuer à vivre comme une fille, et de tout donner pour réaliser son rêve, celui de devenir danseuse classique. Mais son corps de garçon devient un obstacle sur sa route.

Les (bons) premiers longs sont foison en ce début de festival. Avec Girl on place la barre haute dans la course à la caméra d’or, le seul prix inter-sélection (hors ACID) récompensant la meilleure première oeuvre de fiction.

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Girl
Girl

On a beau essayé de trouver dans nos souvenirs une telle performance physique hors normes, on a du mal à trouver ailleurs dans un autre film ce que le jeune Victor Polster (16 ans) nous a procuré comme sensation. Une incarnation phénoménale de Lara une jeune fille aux rêves de danseuse étoile le corps enfermé dans une coquille d’homme (une grande partie du film se déroule dans un studio de danse dans ses scène ultra-réalistes et hypnotiques chorégraphiées par le grand Sidi Larbi Cherkaoui). Une autre force d’ailleurs pour cette projection cannoise résidait dans le mystère qu’entourait le personnage de Lara. Est-ce un homme ? Une femme ? Quel âge ? La présentation du film avait soigneusement fait monter sur scène uniquement le réalisateur Lukas Dhont laissant le casting en coulisses et le doute planait et la grande salle Debussy mystifiée.

Pour filmer le mal-être, le jeune cinéaste (26 ans) avance avec une pudeur salutaire, des non-dits assourdissants et évite tous les poncifs convenus et faciles dans de telles circonstances. Le foyer familial n’a pas de maman par exemple (Lara vit avec son père et son jeune frère) mais rien n’en sera dit. Tous les mots sont pesés et les ellipses assumées même si on regrettera un épilogue un poil convenu et incohérent avec ce que l’on s’est délecté de voir pendant près de 2h. Lukas Dhont, un premier nom à retenir dans la galaxie des cinéastes à suivre.

Girl
Lukas Dhont – 1h45 – Belgique
Un Certain Regard – Cannes 2018
Sortie France : date à détrminer
(Diaphana)

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« Les Éternels » : Cannes prend sa leçon de cinéma

12 mai 2018
Thomas
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Après le film de sabre et le mélo, Jia Zhang-ke s’attaque cette fois au film noir, réinvente le genre et impressionne.

Cannes 2018 (compétition). C’était notre numéro un sur notre liste des 100 films pour Cannes publiée il y a quelques semaines. Quand on sait qu’il succédait à The Square (Ruben Östlund) tout en haut de notre classement en 2017, on lui souhaite la même réussite le 19 mai prochain au soir du palmarès.

Ash is purest white

Jia Zhang-ke poursuit son étude de la Chine post-capitaliste et prend cette fois pour prétexte l’histoire d’un amour compliqué d’un caïd de la pègre locale avec sa femme sacrificielle. Cette épouse est une nouvelle fois interprétée par Zhao Tao, femme et muse du réalisateur, qui livre une performance fabuleuse. Une Meryl Streep low profile à la fois puissante et fragilisée à tous les plans.

En attendant la Palme, le cinéaste chinois auteur de quelques chefs-oeuvre notoires depuis une vingtaine d’année (Still Life, A Touch of Sin), commet avec Les Éternels un film-somme. Catharsis de son oeuvre, le film finira de convaincre les fidèles de Jia qu’il s’installe durablement au panthéon des auteurs actuels mais laissera sans doute les autres un peu de côté tant le film ne se donne pas facilement.

Comme dans Au-delà des montagnes, Les Éternels se découvrent en trois parties. Trois époques récentes espacées de quelques années depuis 2001 date à laquelle le film démarre au sein de la pègre de Datong, dans la province de Shanxi, au moment de la montée de la fin de la suprématie du couple Bin et Qiao face au déchaînement et la rébellion de jeunes voyous sans codes d’honneur. La fin de cette partie verra d’ailleurs l’une des scènes les plus prodigieuses que l’on verra cette année à Cannes dans une violence soudaine et suffocante. Un bijou de mise en scène et de rythme.

Les Eternels
Les Eternels
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Passé ce premier tiers tout au fait de leur pouvoir., le film se poursuit avec des personnages broyés par le système et les codes qu’ils ont eux-mêmes mis en place, de la prison à la déchéance physique comme cette Chine perdue inexorablement en fuite vers le dollar américain et la concurrence sans fois ni loi.

On retrouve ici quelques ponts avec les précédents films de JZK : sa région natale Shanxi dont il vient de se faire élire député, ou ses obsessions visuelles urbanistiques dans des plans à couper le souflle sur des immeubles sortis de nulle part mis en lumière par le chef opérateur français Eric Gautier (Chéreau, Assayas).

Enfin, on se souvient de l’hymne Go West des Pet Shop Boys qui avait retenti à la fin de Au-delà des montagnes. Cette fois c’est YMCA des Village People qui irrigue tout du long l’humeur et les ambiances des salles de jeux.

Les Éternels
Jia Zhang-ke – 2h21 – Chine
Compétition – Cannes 2018
Sortie France : 26 décembre 2018
(Ad Vitam)

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« Shéhérazade » : Wesh, le sang!

12 mai 2018
Thomas
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Marseille la rebelle s’offre enfin un film à sa hauteur.
Animal et vivant.

Cannes 2018 (semaine de la critique). Il est des hasards comme ça où en moins de 24h, des thèmes se rejoignent, des acteurs en rappellent d’autres, des films se répondent comme dans une bonne vieille table ronde sociétale. Hier encore, Camille Vidal-Naquet renâclait les faubourgs parisiens au cœur de la prostitution masculine et Antoine Desrosières nous montrait ses tempéraments de feu dans A genoux les gars (Un Certain Regard), film coup de poing, foutraque à souhait mais ô combien salvateur dans une France d’aujourd’hui laissant la parole à la défense celles des filles des quartiers parties dans un revenge movie à m-chemin entre Les Beaux Gosses et La Cité de Dieu.

Aujourd’hui c’est Jean-Bernard Marlin pour son premier long métrage. Un projet passé et primé par la Fondation GAN (Lauréat 2017) après son Ours d’Or du court décroché en 2013 avec La Fugue. Distribué par Ad Vitam et tourné à Marseille, Shéhérazade conserve ses thèmes et son style de prédilection : un casting presque exclusivement composé de non-professionnels et un style documentaire réaliste pour témoigner au plus juste de la détresse d’une certaine jeunesse laissée en état quasi-sauvage à quelques mètres des beaux quartiers.

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Shéhérazade (et Zac), nos Marius et Jeannette des temps modernes. Car si l’héroïne donne son nom au titre du film, c’est davantage Zac, le magnétique Dylan Robert, qui tient l’intrigue sur ses épaules de caïd en herbe. Jeune en déshérence, il sort de prison et s’échappe de son foyer d’accueil pour vivre sa vie quel qu’en soit le prix à payer.

Shéhérazade c’est surtout un film sur Marseille comme on ne l’a sans doute jamais vu sur grand écran. Loin des clichés, des Taxi 5 et autre feuilleton quotidien à l’eau de rose. Le film de Jean-Bernard Marlin rend grâce à  la cité phocéenne. Une ville à nulle autre pareille où les pires crapules paraissent sympathiques, où les « quartiers sont en pleine ville pas relégués au-delà d’une zone de distance de sécurité. Marlin a trouvé avec ses acteurs une faune authentique, ces jeunes que l’on croise en bas de chez soi, à la sortie du tram, à la plage ou sur le port.

Ce n’est pas juste une évocation sociétale d’une jeunesse à la dérive qui ne trouve plus que dans la prostitution le moyen de (sur)vivre. Le film passionne par aussi par un récit précis et haletant.

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On peut reprocher parfois à un Kechiche de tout miser sur l’humeur de ces personnages. Chez Jean-Bernard Marlin, le réel se confond avec une fougueuse histoire d’amour où les insultes veulent dire je t’aime et les barrettes de chichon sont des valeurs refuges. Wesh le sang ! Gros t’es déter ou quoi ? Révise quand même un peu ton marseillais avant de venir gros sinon tu vas serrer sur le Coran, tu vas serrer. Un film tarpin bien.

Shéhérazade
Jean-Bernard Marlin – 1h46 – France
Semaine de la Critique – Cannes 2018
Sortie France : date à déterminer
(Ad Vitam)

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« Sauvage » : Une révélation crue

11 mai 2018
Thomas
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La prostitution masculine en full frontal.
Sans protection(s).

Cannes 2018 (semaine de la critique). Un corps à la dérive. Seule valeur rempart contre la fin programmée et la déchéance. Le film français en compétition cette année à la Semaine de la Critique ne nous épargne rien. Mais surtout nous révèle Félix Maritaud un acteur rare aussi fragile qu’électrique.

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Il est de tous les plans. Plutôt que « sauvage » on aurait pu titrer le film « indomptable » tant Leo nous laisse dans une tension de tous les instants. Un personnage imprévisible et auto-destructeur qui donne son corps en échanges de quelques billets, gifles, caresses et plus si affinités.

Pour son premier film, Camille Vidal-Naquet est parti « d’un personnage solitaire, en recherche d’affection, qui a en lui une force d’aimer inébranlable, inconditionnelle. Un garçon saisissant des moments de tendresse dans les endoits les plus inattendus ». « Dès le départ, j’avais en tête », confie le réalisateur « l’image d’un garçon du trottoir qui dit Moi j’embrasse« .

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Pour construire son film, Vidal-Naquet est parti lier des liens très forts avec garçons du Bois de Boulogne. Trois ans passés avec eux pour alimenter son écriture.

Il en ressort une histoire dont on ne se remet pas. Crue, sans tabou, et le plaisir de voir à l’écran une thématique peu évoquée, celui de la prostitution masculine et du rapport des hommes avec le respect de leur corps. Le film est radical, à la limite du supportable par moments, gâchant parfois le plaisir d’approfondir les traits de personnages secondaires, pour mieux prendre plaisir de filmer Félix Maritaud. 2009 avait révélé Tahar Rahim dans Un Prophète. 2013 avait vu naître Adèle Exarchopolous et Pierre Deladonchamps. On se souviendra peut-être du cru cannois 2018 comme celui de la révélation Félix Martinaud. Il nous donne d’ailleurs rendez-vous en fin de Festival dans Un couteau dans le coeur le film en compétition de Yann Gonzalez.

Camille Vidal-Naquet – 1h37 – France
Semaine de la Critique – Cannes 2018
Sortie France : 22 août 2018
(Pyramide)

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