La Quinzaine des Réalisateurs continue de tracer un sillon amorcé déjà par Olivier Père en son temps, celui du retour au premier plan en sélection du Film de Genre. Retour sur Blue Ruin de Jeremy Saulnier, We Are What We Are de Jim Mickle, et The Last Days on Mars de Ruairi Robinson.
CANNES 2013
Quinzaine des Réalisateurs | 18, 20 & 21 mai
# BLUE RUIN de Jeremy Saulnier
Sortie (date indéterminée)
C’est l’un des meilleurs films vus à Cannes depuis le début du Festival. Un petit Old Boy en pays yankee. Vengeance, humour, bloody movie, Blue Ruin est une corde raide sur laquelle on ne tombe jamais. Dans une première heure complètement dingue – rebondissements, genres différents, performances, rythme – l’action ne quitte pas des yeux Dwight, un vagabond qui reprend place dans la société dans un seul et unique but, celui d’accomplir une vengeance rangée et qui va l’entraîner dans une poursuite contre son destin tourbillonnante.
Le réalisateur américain Jeremy Saulnier a étrenné ses galons de chef opérateur de grand talent déjà sur de nombreux tournages. Il réalise avec Blue Ruin son deuxième long métrage. Une réussite complète, 90mn puissante et sidérante de maîtrise. L’acteur principal, Macon Blair, est une révélation, et l’apparition de Devin Ratray (aussi partie prenante de Nebraska d’Alexander Payne en Compétition) désopilant en chasseur du dimanche.
# WE ARE WHAT WE ARE de Jim Mickle
Il l’a promis à Cannes ces jours derniers, son prochain film ne sera pas un film d’horreur. We Are What We Are ne déroge pas à la règle de la jeune carrière de l’américain Jim Mickle, grand spécialiste du genre.
Son dernier film, présenté à la Quinzaine est un remake de Somos lo que hay de Jorge Michel Grau (présenté ironie de l’histoire à la Quinzaine des Réalisateurs en 2010) film mexicain de cannibales à la sauce austère autrichienne.
Quand son producteur lui a présenté ce projet, Jim Mickle a voulu adapté le script à un environnement qu’il connaît bien, celui d’une petite ville austère et tranquille a priori où tout se sait et tout se tait. Présenté lors du dernier Festival de Sundance en janvier, We Are What We Are réussit l’examen de passage haut la main et tient en haleine jusqu’à une scène finale macabrement hypnotique, où le mot « dévorer » prend tout son sens. Bon appétit.
# THE LAST DAYS ON MARS de Ruairi Robinson
Sortie (date indéterminée)
Le dernier jour de la première mission habitée sur Mars, un membre d’équipage de la base internationale fait la découverte de la preuve fossile d’une vie bactérienne.
Passé ce pitch très efficace, The Last Days on Mars de l’irlandais Ruairi Robinson est un huis clos macabre, film de zombies aliénisés, et surtout un vrai plaisir des yeux. A la fois chiadé et soigné, le film pourrait ressembler à de nombreux films de SF récents mais l’intrigue bien construite mêlée à une impression que Robinson prend le temps nécessaire, une incubation lente et sournoise, tout cela laisse le spectateur en apesanteur.
Il y avait d’un tel projet sur le papier, il n’en est rien. Si l’on y rajoute un cast de haute tenue, Elias Koteas et Liev Schreiber en tête, The Last Days on Mars, sans renouveler le genre, étonne et n’ennuie jamais. C’est déjà ça.