Deuxième revue du Festival. Et cinq nouveaux films. Le très attendu Saint Laurent de Bertrand Bonello, une très très bonne surprise française à la Quinzaine avec Adèle Haenel, un Lassie hongrois, la comrom new-yorkaise avec Jessica Chastain et un western danois avec Mads Mikkelsen et… Eric Cantona !
(le classement suit l’ordre chronologique des projections)
#9 SAINT LAURENT de Bertrand Bonello (Fra)
Il était au coeur de toutes les discussions du Marché du Film l’an dernier dans la guerre que se livraient les projets Lespert/Bonello à coup d’intimidation et de projet officieusement adoubé par Pierre Bergé, le Saint Laurent de Bertrand Bonello soutenu par la société de Luc Besson EuropaCorp a finalement bien vu le jour et se retrouve même en Compétition cannoise. Gaspard Ulliel a remplacé l’époustouflant Pierre Niney, Jérémy Rénier s’aventure dans le périlleux personnage Bergé en lieu et place de Guillaume Gallienne. Mais c’est surtout Bonello qui met KO debout Jalil Lespert et son biopic efficacement conventionné. Ce Saint Laurent est une ode à la création, un essai formidable dans la tête d’un créateur, les tourments face au génie. Suave, sensuel, Saint Laurent touche en plein coeur, conte admirablement les amours contrariées avec Jacques de Bascher (Louis Garrel parfait pour une fois) dans des scènes et des mots qui resteront, et met (trop) ostensiblement le personnage de Pierre Bergé sur la touche. Les premières larmes de kiff de ce Festival 2014.
[Compétition]
#10 LES COMBATTANTS de Thomas Cailley (Fra)
Très jolie surprise que ce premier film de Thomas Cailley, Les Combattants. La salle était comble ce samedi 17 mai pour la présentation à la Quinzaine des Réalisateurs ce cette comédie peu commune, une ambiance qui n’était pas sans rappeler Guillaume et les Garçons, à table ! l’an dernier. On souhaite le même destin à ce premier long métrage qui pullulent de qualités bien senties, une qualité de dialogues, une écriture soignée, des personnages attachants, une distribution parfaite et ses deux têtes d’affiche, la toujours juste Adèle Haenel et le nouveau venu le remarquable Kevin Azaïs, et surtout, surtout, une modestie de traitement assez rare par les temps qui courent dans le cinéma français. Une vrai pépite à guetter en salle à la fin de l’été.
[Quinzaine des Réalisateurs]
#11 WHITE GOD de Kornel Mondruczo (Hon)
Ça commence comme un Lassie gentillet, se poursuit comme un mini Jurassic Park avec des labradors à la place des T-Rex, et se termine comme un vibrant hommage à la scène finale de Mars Attacks !. Habitué des joutes austères, Kornel Mondruczo, le réalisateur hongrois ose dans White God une partition atypique, un objet hybride aux confins de plusieurs genres et nous perd très vite malgré une prouesse canine colossale avec ces meutes de dizaines de chiens en totale liberté.
[Un Certain Regard]
#12 THE DISAPPEARANCE OF ELEANOR RIGBY de Ned Benson (US)
L’américain Ned Benson débarque à Cannes avec son premier film The Disappearance of Eleanor Rigby et un casting 4 étoiles, Jessica Chastain et James McAvoy en tête, William Hurt, Viola Davis et… Isabelle Huppert. Et dire que l’on apprenait dans Variety qu’Harvey Weinstein le nabab d’Hollywood avait retiré au cutter de plus d’1h de montage… La purge romantico-new-yorkaise de ce Festival est bien là. Aucun cliché ne nous est épargné, flashback, remise en question, une famille désoeuvrée CSP++++ démocrate et prof à Yale, la mère française avinée toute la sainte journée (Isabelle Huppert sic) qui parle du Lubéron et des Inrocks, une thèse à terminer à Paris. Seules lumières dans cet océan de médiocrité inoffensive, le joli numéro de Viola Davis et une Jessica Chastain (coproductrice du film) divine à souhait.
[Un Certain Regard]
#13 THE SALVATION de Kristian Levring (Dan)
Les séances de minuit sont toujours des moments à part à Cannes. Rendez-vous était pris avec une jolie proposition sur le papier. Un western danois avec Mads Mikkelsen, Jeffrey Dean Morgan, Eva Green et notre Eric Cantona national. Mais ça s’arrête malheureusement là. Poussif à souhait, constamment prévisible, le sempiternel rôle du vengeur masqué incarné par Mads Mikkelsen, The Salvation ne parvient jamais à transcender le genre. Eric Cantona est crédité pour une présence au final de peut-être 3mn mises bout à bout et 2 mots et demi à l’écran. Que fait-il là ? La question reste entière. Une demi-satisfaction, revoir le trop rare Jeffrey Dean Morgan à la voix de stentor. On en avait bien besoin pour tenir jusqu’aussi tard dans la nuit cannoise !
[Hors Compétition – Séance de minuit]