2e volet de la liste Wask des 100 films pour Cannes 2021
80
LE JOURNAL D’ANNE FRANK
Ari Folman (israël)
C’est sans doute l’un des films de la liste 2021 dont la gestation fut la plus longue. Quand le réalisateur de Valse avec Bachir a accepté de se lancer dans ce projet colossal, adapter en animation une des œuvres littéraires les plus emblématiques du 20ème siècle il en avait posé deux conditions : en faire un film d’animation pour le très jeune public qui n’aurait pas le courage de lire le livre et raconter ce qui s’est passé dans les sept derniers mois de sa vie à travers le personnage imaginaire Kitty, alter ego d’Anne Frank dans son journal. Alors que Thierry Frémaux vient tout juste d’évoquer la possibilité de « présenter une partie de la sélection hors compétition à Debussy », j’en ferai aisément un candidat tout trouvé.
potentiel // hors compétition
79
MONEYBOYS
Chen Bo Yilin (chine) 1er film
Formé à l’académie du film de Vienne sous la houlette de Michael Haneke, Chen Bo Yilin a émigré en Autriche depuis sa Chine natale dans les années 1990. Son premier film, dont le mandat France a été arraché par ARP, suscite une certaine convoitise des comités depuis de nombreux mois. Moneyboys abordera le tabou de l’homosexualité masculine dans la société chinoise à travers l’expérience de Fei, un jeune villageois qui se prostitue dans les grandes villes de Chine pour subvenir aux besoins de sa famille.
potentiel // un certain regard
78
LAMB
Valdimar Johannsson (islande) 1er film
L’Islande a pris la bonne habitude de fournir régulièrement son lot de nouveautés et de réalisateurs à suivre. Dans Lamb son premier film, Valdimar Johannsson a réussi à convaincre Noomi Rapace de tenir le premier rôle de son drame surnaturel. L’histoire d’un couple sans enfants, éleveurs de moutons qui, la veille de Noël, trouve un nouveau-né mi-humain, mi-mouton. Désireux d’avoir un enfant à eux, ils décident de garder l’enfant-agneau et de l’élever comme s’il s’agissait du leur, quelles qu’en soient les conséquences. Un pitch qui en ferait un candidat sérieux au titre d’un Border 2021 et qui semble devoir suivre la même destinée à Debussy en sélection un certain regard. L’un des premiers films à sensation les plus « prometteurs et les mieux mis en scène » du plateau cette année.
potentiel // un certain regard
77
DE SON VIVANT
Emmanuelle Bercot (france)
Oh que le tournage fut épique pour le nouveau film d’Emmanuelle Bercot. D’abord interrompu pour cause de pépin de santé de reine Deneuve puis une seconde fois par le premier confinement du printemps 2020. Une nouvelle fois coécrit avec Marcia Romano (la team derrière La Tête haute), De son vivant semblait promis à un rang très élevé en sélection officielle au dernier pointage. Benoît Magimel et Cécile de France complètent la distribution.
potentiel // compétition
76
BONNE MÈRE
Hafsia Herzi (France)
C’est un projet débuté avant Tu mérites un amour son premier film, soutenu à l’origine par Abdellatif Kechiche avant que Saïd Ben Saïd ne le produise avec le soutien d’ARTE. Une femme de ménage d’une soixantaine d’années veille sur sa famille dans une cité des quartiers nord de Marseille, en particulier sur son fils aîné qui s’est fourvoyé dans le braquage d’une station-service et qui est incarcéré depuis plusieurs mois dans l’attente de son procès.
potentiel // un certain regard
75
AFTER YANG
Kogonada (états-unis)
Après Columbus remarqué à Sundance et l’IFFR Rotterdam en 2017, le cinéaste américain Kogonada a tourné en 2019 un film de SF avec Colin Farrell et Haley Lu Richardson (déjà de l’aventure Columbus) : dans un futur proche, un père et une fille tentent de sauver leur robot baby-sitter défectueux. L’écurie A24 pourrait bien essayer de profiter de Cannes pour lancer le film sur l’étagère depuis le printemps 2020.
potentiel // un certain regard
74
REHANA
Abdullah Mohammad Saad (bangladesh)
La bataille fait rage entre Venise qui lui déroule le tapis rouge et Cannes pour attirer dans ses filets le deuxième film du cinéaste originaire du Bangladesh, Abdullah Mohammad Saad dont Live from Dhaka avait notablement marqué Locarno en 2016. Rehana promet de suivre le destin d’une femme tiraillé entre sa vie de professeur et de mère de famille
potentiel // un certain regard
73
ETERNALS
Chloe Zhao (états-unis)
Depuis que Thierry Frémaux a promis à nos confrères de Variety la venue d’un « planetary blockbuster », la planète cinéma s’agite à tous les étages. Fallait-il simplement y voir l’invitation renouvelée (et déjà validée l’an dernier) d’accueillir Tom Cruise et son sequel Top Gun : Maverick ? Trop évident. Ou la crainte (c’est le bruit qui courait le plus) de voir débarquer les crissements de la franchise Fast&Furious (sacerdoce 9). Pôvre de nous… Tous mes espoirs préfèrent se tourner vers Eternals et le studio Disney. La firme aux grandes oreilles a besoin d’un message fort en direction des salles après des mois et des mois consacrés au lancement de sa plateforme. Quoi de mieux que Cannes, un tapis rouge avec Angelina Jolie, Salma Hayek, le duo de Game of Thrones Richard Madden et Kit Harrington, et la star coréenne Dong-Seok Ma (Dernier train pour Busan), pour mettre sur orbite sa première grande sortie mondiale post-crise en novembre 2021. Fraîchement oscarisée (Nomadland) la réalisatrice Chloé Zhao (The Rider) a bluffé les studios Marvel dès son arrivée sur le projet. « J’ai su dès le début ce que je voulais faire du film, une histoire très audacieuse et très ambitieuse, tentaculaire, sur 7 000 ans d’Humanité et notre place dans le cosmos ». « Blockbuster planétaire » il nous a dit ?
potentiel // hors compétition
72
FLAG DAY
Sean Penn (états-unis)
Quand on tombe de cheval, il faut remonter dessus le plus vite possible. Vieux proverbe cannois. Aucun festivalier n’oubliera cette projection de mai 2016 totalement lunaire, devant un parterre de journalistes matinaux, médusés et épuisés par 10 jours de Festival dans les pattes, affligés par le spectacle proposé dans The Last Face le dernier Sean Penn en date. Face au torrent boue déversé dans la minute sur les réseaux sociaux, Thierry Frémaux et le board cannois actaient l’idée de changer la chronologie des séances de presse en amont de la séance de gala. 5 ans plus tard, les candidats américains pour la compétition se comptent sur les doigts d’une main et Sean Penn est prêt avec un film fait en famille (il partage l’affiche avec sa fille Dylan, son fils Hopper et Josh Brolin). Flag Day est l’adaptation à l’écran d’un best-seller autobiographique d’une fille de braqueur de banque. Avec un caméo de Jean Labadie ? Chiche.
potentiel // compétition
71
EN NOUS
Régis Sauder (france)
Alors que son J’ai aimé vivre là, tourné à Cergy-Pontoise avec la participation et les textes d’Annie Ernaux est toujours inédit en salles, le documentariste Régis Sauder a profité du confinement pour retrouver dix ans après les protagonistes de Nous, Princesses de Clèves. Tous issus des quartiers nord de Marseille, que sont devenus Abou, Morgane, Laura, Cadiatou, Jacques, Armelle et leur professeure de français du lycée Diderot ? Qu’ont-ils fait de leur colère ? Qu’ont-ils gardé de l’école ? Régis Sauder y poursuit son portrait sensible et délicat d’une jeunesse française d’aujourd’hui.
potentiel // acid
70
THE GREEN KNIGHT
David Lowery (états-unis)
Le première mondiale était calée à Austin au SxSW au printemps 2020 (!) sans même passer par la case festival de première catégorie. La pandémie est passée par là. À la faveur de retouches ici et là, le film aura-t-il tout à coup (re)gagné en intérêt. La sortie du nouveau film de David Lowery (A Ghost Story) maintenant calée fin juillet aux US, il n’en fallait pas moins pour imaginer l’armada A24 rêver d’un détour par Cannes avec Dev Platel (Slumdog Millionaire), Alicia Vikander, Barry Keoghan et Joel Edgerton. L’événement suffirait certainement au bonheur de la quinzaine d’accueillir cette adaptation du roman de chevaliers « Sire Gauvain et le Chevalier vert ».
potentiel // quinzaine des réalisateurs
69
LIBERTAD
Clara Roquet (espagne) 1er film
Scénariste confirmée (notamment sur Petra de Jaime Rosales), Clara Roquet passe à la réalisation avec Libertad. Le projet a glané un prix de développement ARTE Kino Internztional à San Sebastian. Le film raconte l’amitié entre deux jeunes filles, Nora et Libertad, et leurs aventures estivales sur la Costa Brava espagnole.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
68
WOMEN DO CRY
Mina Mileva & Vesela Kazakova (bulgarie)
Deuxième film de deux documentaristes bulgares après un premier film de fiction Cat in the Wall (2019) qui a suscité un bel intérêt lors de son passage à Locarno. Au démarrage de Women Do Cry un point de départ très personnel chez l’une des coréalisatrices Vesela Kazakova « Quand le Sida est entré dans notre famille, ça a exhumé tous les problèmes qu’on avait balayés sous le tapis. Grandir dans une atmosphère violente vous apprend à cacher des choses que seul un événement radical peut faire ressortir. Aujourd’hui, je suis prête à partager tout cela ». Les deux cinéastes bulgares ont alors voulu raconter comment l’équilibre d’une famille de femmes centrées autour d’un père martial, se retrouve bouleversé, à l’annonce de la séropositivité de l’un des filles. Sur fond de pression émotionnelle et de sentiments cachés, ce cercle familial féminin s’allie pour faire face à la détresse et pousse trois sœurs à renouer avec leur père, dans une société bulgare qui ne connaît pas le mot « genre » et où les violences domestiques sont la norme. » C’est MK2 qui s’occupe des ventes chez qui le projet fait nourrir de beaux espoirs.
potentiel // un certain regard
67
LES CHOSES HUMAINES
Yvan Attal (france)
D’aucuns pourront s’étonner de voir le 7e film d’Yvan Attal (Ma femme est une actrice, Mon chien stupide) listé comme un candidat sérieux à une sélection cannoise. Adapté par Attal lui-même d’après le roman éponyme de Karine Tuil, Les Choses humaines s’avance comme étant, et de loin, « son film le plus solide » d’après des sources dignes de confiance. Interrogeant le monde contemporain et nous confrontant à nos propres peurs, le film commence quand un jeune homme est accusé de viol par une jeune femme. Le tout avec une distribution absolument « Lumière compatible » : Ben Attal, Suzanne Jouannet, Charlotte Gainsbourg, Mathieu Kassovitz, Pierre Arditi, Audrey Dana, Benjamin Lavernhe, Judith Chemla, Camille Razat, Laëtitia Eïdo.
potentiel // hors compétition
66
ORANGES SANGUINES
Jean-Christophe Meurisse (france)
Les Chiens de Navarre passent la seconde. Pour son nouveau film après Apnée (Semaine de la Critique 2016), Jean-Christophe Meurisse adjoint à ses fidèles « chiens » et comparses de théâtre (l’excellent Alexandre Steiger, Olivier Saladin ou Céline Fuhrer) un casting de choix en la personne de Denis Podalydès, Blanche Gardin, Vincent Dedienne ou Christophe Paou. Expert ès malaise, trash et fractures de la France d’aujourd’hui, Meurisse a écrit sa nouvelle comédie noire comme un portrait drôle et acide d’une société à la dérive. Au hasard on pourra y retrouver un couple de retraités surendettés tentant de remporter un concours de danse rock, un ministre soupçonné de fraude fiscale ou une jeune adolescente aux prises avec un détraqué sexuel. Une longue nuit va commencer. Le berger va répondre à la bergère. La distribution France sera pilotée par The Jokers.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
65
WISE BLOOD
Bouli Lanners & Tim Mielants (belgique)
Projet très personnel de Bouli Lanners dont il a écrit le scénario, Wise Blood raconte l’histoire d’amour interdit (tournée en anglais dans le Nord de l’Ecosse) entre un homme et une femme au cœur d’une petite communauté presbytérienne. Bouli Lanners coréalise le film avec le Flamand Tim Mielants remarqué pour son travail sur des séries internationales (Peaky Blinders, The Tunnel ou Legion) et son premier film Patrick (meilleure réalisation à Karlovy Varyen 2019) dans lequel jouait déjà Lanners. Pour l’entourer à l’écran, on retrouvera Michelle Fairley, Julian Glover (Game of Thrones, Indiana Jones et la dernière Croisade) et Clovis Cornillac. Une sérieuse tendance l’envoyait à la quinzaine m’a-t-on laissé entendre.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
64
ROBUSTE
Constance Meyer (france) 1er film
Constance Meyer est apparue à la lumière au début des années 2010 en publiant Gainsbourg et la jeune fille, un récit poignant qui revenait sur l’histoire qu’elle avait vécue avec le chanteur au soir de sa vie. Elle a poursuit une carrière de cinéaste très remarquée avec des premiers courts sélectionnées à Venise, Clermont et Locarno. Écrit par la réalisatrice, le scénario de Robuste (finaliste du Prix du scénario 2020) est centré sur Georges, une star de cinéma vieillissante qui, alors que son bras droit et seul compagnon doit s’absenter pendant plusieurs semaines, se voit attribuer une remplaçante, Aïssa. Entre l’acteur désabusé et la jeune agente de sécurité, un lien unique va se nouer. La tendance envoyait le film à la Semaine pour l’ouverture avec la promesse d’une affiche détonnante à Miramar, Gérard Depardieu, Déborah Lukumuena (Divines), la catalane Lola Dueñas (Mar Adentro, Zama), un joli cast de la Comédie-Française et de non-professionnels.
potentiel // semaine de la critique – ouverture
63
HUDA’S SALON
Hany Abu-Assad (palestine)
Après Paradise Now (révélé à Berlin en 2005) puis Omar (apprécié en sélection un certain regard en 2013), Hany Abu-Assad a convié la crème de la crème isréalo-palestinienne à savoir Manal Awad (Dégradé), Maisa Abd Elhadi (Tel Aviv on Fire) et Ali Suliman (200 mètres). Un propriétaire de salon de coiffure dirige un réseau clandestin d’informateurs occultes et fait régner la terreur.
potentiel // un certain regard
62
MON LÉGIONNAIRE
Rachel Lang (france)
Remarquée avec Baden Baden au Forum de Berlin en 2016 avant de poursuivre sa route dans plus de 60 festivals internationaux et d’être distribué dans une douzaine de territoires (dont l’Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis et la Chine), Rachel Lang ambitionnait déjà l’an dernier une place au soleil de Cannes avec Mon Légionnaire. Une variation amoureuse au cœur du corps de l’Armée le plus mystérieux et fantasmé, avec Ina Marija Bartaité, Aleksandr Kuznetsov (Faute d’amour), Louis Garrel et Camille Cottin. Il y a à peine quelques semaines un drame absolu a frappé l’équipe, la disparition tragique de Ina Marija Bartaité, sa jeune actrice principale (et fille du réalisateur Sharunas Bartas) victime d’un accident de la circulation.
potentiel // un certain regard
61
FUTURA
Alice Rohrwacher, Pietro Marcello & Francesco Munzi (Italie)
Celui-ci n’échappera pas à Cannes. Officielle ou Quinzaine, le documentaire coréalisé à 6 mains italiennes en la personne de Alice Rohrwacher (Heureux comme Lazzaro), Pietro Marcello (Martin Eden) et Francesco Munzi (Les Âmes noires) sera de la fête à coup sûr. Présenté comme une enquête collective, Futura prendra le pouls de l’Italie d’aujourd’hui. Les trois cinéastes italiens ont parcouru le pays à la rencontre de la jeune génération ado. De manière caricaturale, Rohrwacher habituée des joutes de la compétition se plairait à l’Officielle alors que Marcello lui se verrait davantage à la quinzaine, sélection qu’il avait failli connaître avec Martin Eden.
potentiel // un certain regard