3e volet de la liste Wask des 100 films pour Cannes 2021
60
WHITE BUILDING
Kavich Neang (cambodge)
La « Cambodia connection » à l’œuvre. Kavich Neang avait produit le premier film de Davy Chou Diamond Island (Semaine de la Critique 2016). À son tour Davy Chou produit White Building (avec aussi l’influent Jia Zhang-ke). Après le documentaire Last Night I Saw You Smiling remarqué à Cinéma du Réel en 2019, il était naturel pour lui d’en décliner le sujet pour son premier film de fiction. « Le White Building c’est le lieu où j’ai grandi. Un lieu très symbolique, à la fois l’un des derniers bâtiments de l’époque moderniste à Phnom Penh, puis récupéré par les khmers rouges, et enfin réinvesti par une communauté d’artistes. Quand j’ai su qu’il allait être démoli, j’étais en train d’écrire le scénario de mon premier long métrage déjà intitulé « White Building ». Cela a complètement changé le cours de mes projets ».
potentiel // semaine de la critique
59
WUHAN, I AM HERE
non communiqué (chine)
Fin 2019, un réalisateur et son équipe préparent le tournage de son premier long métrage de fiction. Au moment où Wuhan devient l’épicentre du monde et le berceau de la plus grande crise sanitaire que l’époque mondialisée ait connue, le projet tombe à l’eau. Caméra au poing, l’équipe allume la lumière et tourne. Wuhan, I Am Here en est le résultat. Un impressionnant film documentaire au cœur du réacteur. 150 minutes pour l’histoire. Le nom du réalisateur ne m’a pas été communiqué.
potentiel // semaine de la critique
58
LES POINGS DESSERRÉS
Kira Kovalenko (russie)
Une révélation dont le nom revient avec toujours la même insistance un an après. Présentée abusivement comme la « protégée » de Kantemir Balagov la nouvelle coqueluche du cinéma russe (Tesnota, Une grande fille) – ils se sont connus sur les bancs de l’école de Sokourov – au tour de Kira Kovalenko de convoler en juste noce avec la Croisette. Les Poings desserrés, son premier long sera question du portrait d’une jeune fille coincée entre son père et ses frères. Michèle Halberstadt distribuera le film sous pavillon ARP (comme les deux premiers Balagov) et promet un film « dont on ne se remet pas facilement ».
potentiel // un certain regard
57
UN MONDE
Laura Wandel (belgique) 1er film
Le vent frais venu du cinéma belge depuis maintenant pas mal d’années poursuit son office pour nous livrer de nouvelles pépites chaque année. À en croire la rumeur qui enfle, Un monde le premier film de Laura Wandel, fera partie des révélations 2021. L’itinéraire de Nora qui lutte contre le harcèlement à l’école que subit son frère. Avec le toujours excellent Karim Leklou (Le Monde est à toi, Hippocrate la série), Laurent Capelluto et Sandrine Blancke.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
56
OSS 117 : ALERTE ROUGE EN AFRIQUE NOIRE
Nicolas Bedos (france)
Plusieurs fois repoussé pendant la fermeture, Gaumont a récemment choisi début août pour dévoiler en salles le très attendu troisième volet des aventures de Hubert Bonisseur de La Bath alias OSS 117 alias Jean Dujardin. On le sait maintenant c’est Nicolas Bedos qui a la lourde tâche de reprendre les manettes chaudes de Michel Hazanavicius. Jean-François Halin reste à l’écriture et Pierre Niney a rejoint le renseignement français côté distribution. Même si l’événement revêtira des habits très franco-français, Cannes lui a promis une présentation de prestige hors compétition. L’occasion de voir Wladimir Yordanoff une dernière fois à l’écran.
potentiel // hors compétition
55
PETITE NATURE
Samuel Theis (france)
Sans nul doute l’un des tout premiers titres que la semaine de la critique a sécurisé à son programme ’21. Seul aux commandes après la Caméra d’or 2014 (Party Girl) partagée avec Claire Burger et Marie Amachoukeli, Samuel Theis compte bien réussir le grand saut comme l’une de ses comparses (C’est ça l’amour) a pu le faire. Coécrit avec Gaëlle Macé (Belle épine, Grand Central, Terre battue), Petite nature s’intéresse au petit Johnny, 10 ans, pour qui seules les histoires d’adultes ne valent la peine d’être vécues dans sa cité HLM en Lorraine. Avec le jeune Aliocha Reinert, Izia Higelin, Antoine Reinartz, Mélissa Olexa et des acteurs non-professionnels.
potentiel // semaine de la critique
54
THE BEATLES : GET BACK
Peter Jackson (nouvelle-zélande)
Ces dernières années l’histoire des Beatles au cinéma lorgnait plutôt du côté du grand maître du film d’archives roumain Andrei Ujica (on lui doit l’immense L’Autobiographie de Nicolae Ceaucescu) qui devait s’y atteler. Changement de registre quand les survivants et héritiers du groupe ont décidé de confier à Peter Jackson le soin de dérusher près de 56 heures tournées par Michael Lindsay-Hogg pendant la création du dernier album du groupe « Let it be » en 1969 et le fameux concert surprise donné sur le toit de la maison de disques en janvier 1969. Le projet dont la sortie mondiale a été repoussée cet été est adoubé par MacCartney lui-même « même si nous avions des engueulades, comme dans toute famille, nous nous aimions, et cela se voit dans le film ». On imagine mal Thierry Frémaux ne pas tenter d’inviter le grand Paul à venir pousser la chansonnette pour l’occasion…
potentiel // hors compétition
53
ÊTRE EN MOUVEMENT
Eric Gravel (france)
Deuxième long après le remarqué Crash Test Aglaé. Eric Gravel emmène en plein mouvement social Laure Calamy en mère célibataire et navetteuse du quotidien entre la banlieue et Paris au contact de ces milliers de travailleurs qui prennent chaque jour le train pour aller travailler. C’est Haut et Court qui assurera la distribution française.
potentiel // acid
52
OÙ EST CETTE RUE ?
João Pedro Rodrigues & João Rui da Mata (portugal)
C’est le type de projet qui mérite une belle exposition de festival. João Pedro Rodrigues (Odete, Mourir comme un homme) et João Rui da Mata sont partis sur les traces du film Les Vertes années (1963) de Paulo Rocha. Film majuscule dans la vie de João Pedro Rodrigues comme dans celle des autres cinéastes de sa génération, témoin du Novo Cinema (cousin lusitanien de la Nouvelle Vague), le réalisateur de L’Ornithologue s’est lancé dans une expérience unique : retourner le film scène par scène avec certains plans à l’identique. Tout en rassurant à nos confrères de Libération au moment du tournage en novembre dernier « Ce n’est pas un remake. C’est un hommage à Lisbonne, mais à travers les yeux de Rocha. On reprend la même structure fictionnelle que Les Vertes années mais en la vidant. On filme avec le même cadre les mêmes mouvements de caméra, la même position des acteurs, mais presque tous sont morts aujourd’hui. Des gens passents dans le plan, et ce qui vient l’habiter, c’est la ville, telle qu’elle est aujourd’hui. Presque tous les acteurs sont morts mais reste la flamboyante Isabel Ruth et ses 80 printemps. La comédienne principale. » Augmenté de scènes nouvelles écrites pour elle, musicales notamment, le projet a pris des allures de documentaire dédié à son actrice, 57 ans de cinéma mondial au compteur, chanteuse et Lisboète d’aujoud’hui.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
51
LAST NIGHT IN SOHO // THE SPARKS BROTHERS
Edgar Wright (grande-bretagne)
Après la trilogie Shaun of the Dead, Hot Fuzz, Scott Pilgrim et Baby Driver, Edgar Wright s’est lancé sur Last Night in Soho : façonner un thriller fantastique et psychologique dans le Londres des années 1960 en pleine révolution culturelle des « Swinging Sixties ». « J’ai quelque chose en commun avec le personnage principal, explique-t-il, dans le sens où je suis nostalgique d’une décennie que je n’ai pas vécue ». Avec Anya Taylor-Joy (Le Jeu de la Dame), Thomasin McKenzie, Matt Smith, Terence Stamp, Diana Rigg. Le film est toujours inédit et on l’imagine bien dans un double-programme avec The Sparks Brothers, documentaire musical de Wright sur les Sparks (auquel participe Beck, Flea et Jason Schwartzman) déjà présenté à Sundance et au SxSW alors même que le duo est attendu dès le 6 juillet en ouverture de Cannes crédités sur la musique du Carax.
potentiel // séances de minuit
50
ALGÉRIEN PAR ACCIDENT
Karim Aïnouz (Brésil)
Le cinéaste brésilien d’origine algérienne s’est rendu pour la première fois sur les terres de ses aïeux en février 2019 au moment-même où commençaient les manifestations de masse dans le pays. De cette expérience il en tirera un documentaire Nardjes A. 2019 présenté à la Berlinale en février 2020 (juste après que son mélo La Vie invisible d’Euridice Gusmão ne triomphe en sélection Un Certain Regard à Cannes en 2019). Karim Aïnouz est ensuite retourné à Alger avec le projet d’y tourner Algérien par accident, un essai autobiographique en forme de road-movie à la recherche de ses racines et l’héritage de la lutte pour l’indépendance contre la domination coloniale française. « Alors que le Brésil se fondait littéralement en quelque chose d’horrible avec le gouvernement Bolsonaro, je suis arrivé dans ce pays, supposé être ma deuxième patrie, qui a quelque chose de vraiment beau, des jeunes dans les rues, marchant un vendredi, luttant pour la démocratie. C’était presque une sorte de scénario épouvantable et génial en même temps ».
potentiel // un certain regard
49
THE LOST DAUGHTER
Maggie Gyllenhaal (états-unis) 1er film
C’est un peu une marotte de notre cher Thierry. Inviter une grande actrice américaine pour son premier essai derrière la caméra. On se souvient de Kirsten Stewart ou Natalie Portman avec plus ou moins de succès. Avant de partir tourner dans le biopic de Presley par Baz Luhrmann (elle y incarnera la mère d’Elvis) Maggie Gyllenhaal démarre sa carrière de réalisatrice avec The Lost Dauhgter un drame psychologique avec – excusez du peu – Olivia Colman, Dakota Johnson, Jessie Buckley et Peter Sarsgaard.
potentiel // un certain regard
48
ONODA
Arthur Harari (france)
Le Pacte s’est fièrement posé sur la date du 21 juillet histoire de lever les derniers doutes qui subsistaient encore sur la possible sélection du nouveau film de Arthur Harari après le remarqué Diamant Noir. Précédemment intitulé « 10 000 nuits dans la jungle », Onoda est l’aventure d’un soldat japonais en 1945 décidant au soir de la Seconde Guerre Mondiale de continuer à faire la guerre seul sur une île pendant près de 30 ans refusant la reddition japonaise.
potentiel // hors compétition
47
LE CRI
Marco Bellocchio (italie)
Il se fait dire que la SRF Société des Réalisateurs de Films aurait vu d’un bon œil de rendre un hommage appuyé à Marco Bellocchio pour l’ouverture de la quinzaine 2021 le 7 juillet… L’Officielle est passée par là et s’occupera de l’office lors d’un événement spécial et la sélection quasi-certaine d’un documentaire très personnel. Après son dernier triomphe international avec Le Traître en compétition cannoise, le grand cinéaste italien a profité du confinement pour reprendre un vieux projet, un doc où il raconterait la mort de son frère jumeau. Une blessure profonde jamais refermée en 1968 quand à l’âge de 29 ans, Camillo Bellocchio met fin à ses jours. « Je n’ai jamais compris ce qu’il s’était passé ni pourquoi je n’ai rien vu ni rien pu empêcher ». Le Cri comme la réaction de leur mère à la découverte du corps du jeune homme pendu.
potentiel // hors compétition
46
SERRE MOI FORT
Mathieu Amalric (france)
Pour son 8e film, Mathieu Amalric adapte la pièce de théâtre « Je reviens de loin » de Claudine Galea. Le tournage avait pu se terminer avant la crise du Covid-19 et s’est déroulé sur plusieurs saisons. Le mélodrame met en jeu le personnage de Camille, qui décide de quitter mari et enfants. Un film à très fort potentiel pour deux acteurs révélés ses dernières années, Vicky Krieps et Arieh Worthalter.
potentiel // un certain regard
45
BRUNO REIDAL
Vincent Le Port (france) 1er film
Vincent Le Port, formé à La Fémis et très remarqué avec son moyen-métrage Le Gouffre (prix Jean Vigo 2016), a écrit le scénario de son premier film inspiré par un fait divers meurtrier survenu en 1905 dans un petit village du Cantal. Bruno Reidal, un jeune séminariste de 17 ans, décapita un enfant de 12 ans avant de se livrer aux autorités. En prison, à la demande des médecins qui étudient son cas, il rédige ses mémoires, une oeuvre qui fera date dans les archives d’anthropologie criminelle. Le cinéaste s’appuie sur un casting d’acteurs non-professionnels. Une des pièces prometteuses du fastueux line-up du vendeur Indie Sales.
potentiel // semaine de la critique
44
UNE JEUNE FILLE QUI VA BIEN
Sandrine Kiberlain (france) 1er film
Elle s’y met sur le tard. Après avoir joué dans plus d’une cinquantaine de films, tourné avec Laetitia Masson, Claude Miller ou Stéphane Brizé, l’actrice réalise son premier film Une jeune fille qui va bien. Un drame historique dont elle a signé le scénario mettant en scène une jeune femme qui rêve de devenir comédienne à Paris au début des années 1940 sous l’Occupation, avec Rebecca Marder (de la Comédie-Française), Ben Attal, India Hair, André Marcon, Anthony Bajon. En 2016 elle avait déjà commis un court-métrage Bonne figure avec Chiara Mastroianna. Ironie de l’histoire, l’an dernier c’est sa fille Suzanne Lindon qui recevait les honneurs du label Cannes 2020 pour son premier film elle aussi Seize printemps.
potentiel // un certain regard
43
A CHIARA
Jonas Carpignano (italie)
Jonas Carpignano est un habitué de Cannes avec ses deux premiers films sélectionnés à la semaine de la critique (Mediterranea en 2015) et à la quinzaine des réalisateurs (A Ciambra en 2017). Les très bons échos laissent planer l’idée que la quinzaine et l’officielle se tirent la bourre pour accueillir l’un des sérieux prétendants d’une riche et prometteuse sélection italienne cette année et qui pourrait bien amener le film très haut. Chiara a 15 ans et assiste impuissante au départ précipité de son père de leur petite ville calabraise. La jeune fille est déterminée à comprendre pourquoi il est parti, comme tant d’autres avant lui.
potentiel // compétition
42
LA TRAVERSÉE
Florence Miailhe (france) 1er film
La non-sélection au Festival d’animation d’Annecy prévu du 14 au 19 juin ne fait plus mystère de la sélection cannoise de La Traversée de Florence Miailhe. Après un césar et une mention spéciale à Cannes dans les années 2000 pour plusieurs de ses courts-métrages, la réalisatrice adepte de la « peinture animée » a coécrit avec Marie Desplechin l’histoire d’une vieille dame ressassant sa vie mouvementée en feuilletant un album-photo. L’intrigue retrace le voyage initiatique d’un frère et d’une sœur tentant d’échapper à ceux qui les traquent pour rejoindre un pays au régime plus clément. Ils traverseront un continent rongé par la chasse aux migrants et devront survivre aux épreuves, à la fois fantastiques et bien réelles, avant d’atteindre un nouveau monde, libres.
potentiel // un certain regard
41
GREAT FREEDOM
Sebastian Meise (autriche)
Voilà encore un titre que vous n’aurez pas vu fleurir dans les autres (et nombreuses) listes pré-cannoises. Vient de m’être confirmé tout le bien que pensaient quasi tous les comités auquel a été soumis Great Freedom de l’Autrichien Sebastian Meise, deuxième long de fiction après le méconnu Stilleben (2011) révélé à Locarno et Rotterdam. Le film LGBTQ+ promet deux interprétations exceptionnelles en la personne de Franz Rogowski, grand habitué du cinéma de Christian Petzold (Transit, Ondine), et l’un des plus grands acteurs autrichiens actuels Georg Friedrich, figure théâtrale de la Volksbühne et des cinématographies de Thomas Arslan et Michael Haneke.
potentiel // un certain regard