3e volet de la liste Wask des 100 films pour Cannes 2022
60
AS BESTAS
Rodrigo Sorogoyen (Espagne)
La réputation de Rodrigo Sorogoyen n’est plus à faire. Mais à Cannes sans doute encore un peu. Peut-être avec son nouveau film, un thriller avec Denis Ménochet, Marina Foïs, Luis Zahera et Diego Anido tourné dans l’arrière-pays rural galician où « la nature est à la fois destructrice et magnifique » comme aime le décrire le réalisateur.. Après Ques Dios nos perdone, El Reino et Madre, As Bestas s’intéresse à un couple français, Antoine et Olga, installé depuis déjà longtemps dans un hameau du fin fond de l’Espagne. Ils y mènent une vie tranquille même si leur intégration avec les locaux ne soient pas aussi idylliques qu’ils le désireraient. Un conflit avec leurs voisins, les frères Anta, va faire monter la tension dans le village, jusqu’à un point de non retour.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
59
LA DÉRIVE DES CONTINENTS (AU SUD)
Lionel Baier (suisse)
Très peu d’infos sur le nouveau film d’un des réalisateurs européens les plus injustement méconnus et hors des supputations médiatiques de sélection, je veux parler du Suisse Lionel Baier (La Vanité découvert à l’ACID Cannes en 2015). Peu de choses mais un titre (énigmatique) La Dérive des Continents (au sud) coécrit avec Laurent Larivière et avec au casting Isabelle Carré et le très prometteur Théodore Pellerin (Genèse).
potentiel // quinzaine des réalisateurs
58
DODO
Panos H. Koutras (grèce)
Le réalisateur grec de Xenia (Un Certain Regard 2014) a enfin finalisé Dodo. Dans leur luxueuse villa près d’Athènes, Mariella et Pavlos, un couple au bord de la ruine financière, s’apprêtent à célébrer le mariage tant attendu de leur fille Sofia avec un riche héritier. C’est alors qu’apparaît un dodo, un oiseau disparu depuis 300 ans, qui entraîne tous les protagonistes dans une ronde folle. La situation va bientôt devenir incontrôlable…
potentiel // un certain regard
57
CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE
Emmanuel Mouret (france)
Le nouveau film d’Emmanuel Mouret pourrait bien lui réserver la plus belle des surprises tout en haut de l’échiquier cannois. Chronique d’une liaison passagère, un titre qui annonce la couleur, avec en vedettes Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne dans le récit de deux amants, avec comme particularité formelle qu’on ne retrouve l’histoire d’amour uniquement via leurs rendez-vous successifs et espacés dans le temps. On ne voit pas leur vie à côté. On suit une sorte de « Scènes de la vie extra-conjugale » entre une mère célibataire et un homme marié. Ils se sont engagés à ne se voir que pour une liaison et à ne fonder aucun espoir amoureux, sachant pertinemment que la relation n’a aucun avenir. Cependant ils sont de plus en plus surpris par leur entente, leur complicité et le bien-être qu’ils éprouvent ensemble…
potentiel // compétition
56
THE OWNER
Yury Bykov (russie)
À l’ombre des nouveaux tsars contemporains (Andrei Zviaguintsev, Sergei Loznista, Kantemir Balagov), Yury Bykov poursuit dans son couloir de nage une filmographie de grande facture fidèle à la tradition formelle russe de haut vol. Après un passage remarqué à la semaine de la critique en 2013 (The Mayor), on ne sait que peu de choses de The Owner, son nouveau projet placé sous la protection d’une équipe de coproducteurs internationaux de référence (derrière Leto, Roma ou Triangle of Sadness le prochain Östlund).
potentiel // un certain regard
55
UNTITLED TOKYO 2020 DOCUMENTARY
Naomi Kawase (japon)
La cinéaste a été choisie pour tourner le documentaire officiel des Jeux de Tokyo. Reporté d’un an à cause de la pandémie, Naomi Kawase a pris son mal en patience « La pandémie fait partie du film, puisqu’elle a touché la compétition, les athlètes, le public. » Elle a pu tourner des entretiens avec les athlètes en amont enregistrant leurs confidences en visio. Même si le docu sera soumis au droit de regard du Comité International Olympique, le choix de la grande réalisatrice japonaise (Shara, Les Délices de Tokyo) augure de belles choses. Rares ont été les noms célèbres à s’être prêtés à cet exercie a priori convenu (on peut citer Milos Forman et Claude Lelouch). Lors des précédents Jeux de Tokyo (en 1964), le comité avait choisi Akira Kurosawa mais arguant du fait de vouloir garder le final cut, il avait finalement été remplacé par Kon Ichikawa. On peut soupcçonner l’appétence de Thierry Frémaux pour la matière sportive et avoir envie de montrer pareil documentaire à Cannes. « Je veux filmer les athlètes dans leurs souffrances, ce qu’ils ont enduré récemment. L’humain, la réalité humaine, voilà ce que je veux capter » annonçait Naomi Kawase. De bon augure.
potentiel // séance spéciale
54
DE HUMANI CORPORIS FABRICA
Verena Paravel & Lucien Castaing-Taylor (suisse-grande bretagne)
Si très peu d’échos ne bruissent du côté de la (dernière) Quinzaine des Réalisateurs de Paolo Moretti, il semble que le nouveau film de Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor (Leviathan) ait les faveurs de l’équipe pour intégrer la sélection de la 54ème édition. Lauréat du Prix du film le plus innovant à Locarno 2020 (Films after tomorrow), le remake augmenté version XXIe siècle du travail de Vésale, De Humani Corporis Fabrica ausculte le corps humain et fera, à travers lui, le portrait des avancées de la médecine, du milieu hospitalier et du monde contemporain.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
53
GIRASOLES SILVESTRES
Jaime Rosales (espagne)
« Je veux faire un film lumineux malgré ses moments dramatiques. Je veux laisser un sentiment d’espoir et de bonheur au spectateur à travers l’histoire d’une femme forte, qui survit dans un environnement difficile », voilà comment le réalisateur Jaime Rosales (La soledad, La belle jeunesse, Petra), qui a présenté ses 6 premiers films à Cannes, présente Girasoles Silvestres. « Il s’agit d’une histoire d’amour et de dépassement de soi : Julia est jeune, inexpérimentée et impulsive ; elle aime la vie et ses enfants. C’est une femme pleine de vivacité, ses enfants sont ce qu’elle aime le plus au monde, et elle se battra de toutes ses forces pour les protéger ». Ce nouveau film, tourné en 35mm, avec la Française Hélène Louvart (Heureux comme Lazzaro) à la photo raconte l’histoire de Julia – 22 ans et mère de deux enfants – qui tombe amoureuse d’Oscar et entame une relation intense et tortueuse. Elle se met cependant à avoir des doutes quant au fait que le jeune homme puisse servir de modèle masculin pour ses enfants. Un incident inattendu va l’amener à jouer le tout pour le tout et se lancer en quête d’un avenir meilleur.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
52
RASCALS
Jimmy Laporal-Tresor (france) 1er film
Même si Soldat Noir, son tout dernier court métrage est reparti bredouille des César 2022, s’annonce fièrement le premier long métrage de Jimmy Laporal-Trésor, Rascals. Au casting, le cinéaste a tenu à réunir de nouveaux visages incluant Jonathan Feltre, Missoum Slimani (entraperçu dans la série Baron noir), Jonathan Eap (remarqué dans Tu mérites un amour), Marvin Dubart, Taddeo Kufus, Emerick Mamilonne, Angelina Woreth (Jessica Forever), Victor Meutelet, Mylène Wagram et Mark Grozy. Écrit par Jimmy Laporal-Trésor, Sébastien Birchler et Virak Thun, le scénario plonge en région parisienne, en 1984. La banlieue est devenue le territoire des indésirables de la république : les immigrés. Les Rascals, une bande de jeunes de quartier entendent bien profiter de la vie. Direction Paname. Mais le cœur de la capitale voit émerger une nouvelle espèce de skinheads, les Boneheads : organisés, politisés, ultra-violents et déterminés à en prendre le contrôle. C’est le début de la guerre contre les skins. Et pour les Rascals, la fin de l’innocence.
potentiel // séance de minuit
51
UN PETIT FRÈRE
Léonor Serraille (france)
Fera-t-elle son retour à Cannes après la caméra d’or pour Jeune Femme ? Léonor Serraille a été primée par la Fondation GAN en 2020 pour son nouveau script Un petit frère « En écrivant ce scénario je me suis vissée à l’intime des personnages. » Fin des années 1980, une femme arrive d’Afrique et s’installe en banlieue parisienne avec ses deux fils. De cette installation jusqu’à nos jours, construction et déconstruction d’une famille ordinaire. Avec Annabelle Lengronne (Mercuriales, Filles de joie), Stéphane Bak (Twist à Bamako), Ahmed Sylla, Kenzo Sambin. Avec (encore) Hélène Louvart (voir plus haut) à la photo.
potentiel // un certain regard
50
TOURMENT SUR LES ÎLES (TITRE PROVISOIRE)
Albert Serra (espagne)
S’il est prêt à temps, après une longue gestation sur la table de montage avec son équipe à Marseille depuis des mois, on peut légitimement penser découvrir Tourment sur les îles (titre provisoire) le nouveau film de l’indispensable cinéaste catalan Albert Serra, l’histoire d’amour contrariée sur une île du Pacifique entre un diplomate français et une écrivaine polynésienne sur fond de tensions raciales, de crises politiques et d’espionnage, avec notamment Benoît Magimel.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
49
LES AMANDIERS
Valéria Bruni-Tedeschi (france)
Pour son cinquième film derrière la caméra (coécrit avec Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy), Valeria Bruni-Tedeschi revient sur sa période aux côtés de Patrice Chéreau dans l’école dite Les Amandiers dans les années 1980-1990, celle des Agnès Jaoui, Thibault de Montalembert, Vincent Perez, Pascal Greggory ou autre Laurent Grévill. « L’apprentissage de jeunes acteurs en période de crise et de SIDA » avec à l’écran Louis Garrel, Nadia Tereszkiewicz, Vassili Schneider (dernier né de la fratrie Schneider) et Suzanne Lindon.
potentiel // un certain regard
48
LA GOUTTE D’OR
Clément Cogitore (france)
Après Les Olympiades… La Goutte d’or ? Les quartiers parisiens ont la cote ? Le deuxième film de Clément Cogitore (Ni le ciel ni la terre sélectionné Semaine de la Critique 2015) s’annonce, coécrit avec Camille Lugan avec pour personnage principal un médium interprété par Karim Leklou. Ramsès tient un cabinet de voyance rue de la Goutte d’Or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. L’arrivée d’enfants venus des rues de Tanger vient perturber l’équilibre de son commerce et du quartier. Jusqu’au jour où il va avoir une réelle vision…
potentiel // quinzaine des réalisateurs
47
HOLY SPIDER
Ali Abbasi (danemark)
Après avoir conquis Cannes (et le monde) avec Border, son nouvel opus Holy Spider est coproduit par Why Not et Wild Bunch, gage de repère cannois s’il en est un. Saeed, un père de famille en Iran se lance dans sa propre quête religieuse : « nettoyer » la ville sainte iranienne de Mashhad des prostituées de rue immorales et corrompues. Après avoir assassiné plusieurs femmes, il est de plus en plus désespéré par le manque d’intérêt du public pour sa mission divine. Lorsqu’il est finalement arrêté, Saeed est célébré par une grande partie de l’opinion publique. Ce n’est que lorsqu’il est condamné à mort que la réalité lui saute aux yeux…
potentiel // compétition
46
THE SON
Florian Zeller (france)
Il fut l’un des symboles de la réouverture des salles avec The Father, l’un des premiers films (auréolé de ses Oscars) à montrer les dents au box-office et à réchauffer les cœurs des exploitants et de tout le milieu. Comme il avait pu le faire sur les planches parisiennes, Florian Zeller continue au cinéma ses déclinaisons « familiales » en se penchant avec Christopher Hampton à l’adaptation sur The Son, avec Hugh Jackman et Laura Dern en premiers choix/rôles.
potentiel // hors compétition
45
MARCEL!
Jasmine Trinca (italie) 1er film
Après celui de Dinara Droukarova (Le Grand Marin bien calé en position 61 du top), un autre premier film de comédienne montre le bout de son nez. Celui de l’Italienne Jasmine Trinca (La Chambre du fils, Miele) qui en a signé le scénario. Une mère (artiste), sa fille (insomniaque), et leur chien Marcel!. La jeune femme aime énormément sa mère, mais celle-ci aime Marcel plus que tout. Est-ce que un événement imprévisible permettra-t-il à ces cercles d’amour de se reconnecter ? Avec Alba Rohrwacher, Maayane Conti et Giovanni Ralli.
potentiel // semaine de la critique
44
LES HARKIS
Philippe Faucon (france)
Philippe Faucon poursuit son exploration des tourments de l’histoire contemporaine française avec pour son 11ème film (ici coproduit par la boîte des frères Dardenne) une exploration de la Guerre d’Algérie avec Théo Cholbi, Omar Boulakirba, Amine Zourgane, Pierre Lottin, Yannick Choirat. À la fin des années 1950, alors que la guerre d’Algérie continue, Salah, Kaddour et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française en tant que Harkis (ces Algériens partis au combat aux côtés de la France). Leur section est commandée par le lieutenant Pascal. À la fin du conflit, l’Algérie obtient son indépendance. La France se retire alors que le sort de ses Harkis semble très incertain. Contre sa hiérarchie, le lieutenant Pascal se bat pour ramener ses hommes en France…
potentiel // quinzaine des réalisateurs
43
Z (COMME Z)
Michel Hazanavicius (france)
La première mondiale devait avoir lieu en début d’année à Sundance. Faute d’édition physique possible à Park City chez Bob Redford, Wild Bunch et l’équipe de Hazanavicius ont renoncé à y montrer Z (comme Z), sa nouvelle comédie avec Romain Duris, Bérénice Béjo, Gregory Gadebois, Finnegan Oldfield, Matilda Lutz, Sébastien Chassagne, Raphaël Quenard, Jean-Pascal Zadi, Lyes Salem, Simone Hazanavicius et Luana Bajrami. L’histoire d’un tournage de film de série Z qui vire à la catastrophe. Techniciens blasés, acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur (Romain Duris) semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film de zombies à petit budget. Pendant la préparation d’un plan particulièrement ingrat, le tournage est perturbé par l’irruption d’authentiques morts-vivants… Le film est un remake du film culte japonais One Cut of the Dead de Shinichiro Ueda inspiré lui-même de la pièce Ghost in the Box de Ryoichi Wada. Avec une sortie française opportunément calé en juin, le film a les habits d’une « dernière séance » comme on appelle maintenant le film de clôture.
potentiel // hors compétition
42
PARMI NOUS (OUM)
Sofia Alaoui (maroc) 1er film
Grosse rumeur autour du passage au long de la cinéaste marocaine remarquée pour son court multi-récompensé Qu’importe si les bêtes meurent (Grand Prix du jury Sundance 2020 et César du meilleur court métrage). Annoncé comme « un voyage mystique sur le Maroc actuel, entre drame social et science-fiction », Sofia Alaoui a réuni la débutante Oumaïma Barid, Mehdi Dehbi, Fouad Oughaou, et Souad Khouyi. Écrit par Sofia Alaoui, le scénario est centré sur Itto, 22 ans, fraichement mariée, qui vit chez ses beaux parents avec son mari, le temps de sa grossesse. Alors que celle-ci arrive à terme, un événement surnaturel va bouleverser leur quotidien…
potentiel // un certain regard
41 ex aequo
ELVIS
Baz Luhrmann (australie)
L’histoire entre Baz Luhrmann et Thierry Frémaux est particulière. Pour sa première officielle dans les habits de délégué artistique du Festival, c’est l’équipe de Moulin Rouge! qui l’accueillit en tout premier aux côtés de Gilles Jacob pour l’ouverture en 2001. Depuis le réalisateur australien y est revenu ouvrir le Festival en 2013 avec Gatsby le magnifique. Son musical autour de la figure de Elvis (avec Austin Butler dans le rôle-titre, Tom Hanks et Olivia DeJonge) est prêt et tous les apparats cannois sont disponibles pour un beau tapis rouge qui vient d’être officialisée par le Festival (mais pas en ouverture comme initialement supposé). Pour ce drame musical, Luhrmann s’est plus spécifiquement attaché aux relations entre le King et son mystérieux manager, le colonel Tom Parker.
potentiel // hors compétition
41 ex aequo
THE HAPPIEST MAN IN THE WORLD
Teona Strugar Mitevska (macédoine)
L’annonce officielle cannoise du Elvis de Baz Luhrmann m’incite à (dé)livrer un 21ème film pour parfaire cette troisième salve et votre appétit. Cinquième long métrage de la cinéaste macédonienne Teona Strugar Mitevska, la rumeur positive enfle pour The Happiest Man in the World. Même si tous ses films sont passés par Berlin, je ne serai pas étonné que son nouveau avec Jelena Kordic (Quo Vadis Aida) lui permette une sélection plus méridionale.
potentiel // quinzaine des réalisateurs