2e volet de la liste Wask des 100 films pour Cannes 2024
80
EMMANUELLE
Audrey Diwan (france)
La lauréate du Lion d’or 2021 s’attaque à un everest, la « revisitation » coécrite avec Rebecca Zlotowski de l’un des mythes les plus sexualisés et fantasmés du 20ème siècle. “J’adore Léa Seydoux, je veux faire un film avec elle un jour. Mais pour moi, ce n’était pas le personnage que j’imaginais. De Portrait de la jeune fille en feu à Tár, je n’ai cessé d’être séduite par la force du jeu de Noémie Merlant. Elle possède l’autorité et la séduction nécessaires à ce rôle. Noémie redéfinit la femme française. Son attitude, son sourire, ce soupçon d’insolence… Je suis aussi sensible à l’idée de trouver une partenaire intellectuelle en faisant ce choix, quelqu’un avec qui je vais composer ce personnage. Je sais que j’ai trouvé la bonne personne.” confiait une Audrey Diwan enamourée de son actrice principale de « deuxième choix ». Et de poursuivre “J’adore raconter des histoires à travers le corps. Avec L’Événement, j’ai passé plusieurs années à explorer l’idée de peine. Puis, je dirais ‘naturellement’, j’ai voulu explorer le plaisir. J’aimerais lui rendre ses lettres de noblesse, j’aime filmer le corps avec un regard profond mais jamais provocateur. Et j’ai envie de m’emparer d’une grammaire cinématographique spécifique à l’érotisme. L’érotisme repose tout autant sur ce que l’on montre que sur ce que l’on cache. C’est de là que vient l’excitation.” Ce qui l’a attiré dans ce totem pictural, icônique, voire suranné, le souhait d’explorer la quête du plaisir d’un personnage féminin puissant. Pour accompagner Noémie Merlant dans cette adaptation en langue anglaise dont l’intrigue se jouera dans un hôtel, « lieu protéiforme d’une perfection standardisée où le fantasme se cache derrière la porte », une icône parmi les icônes, j’ai nommé Naomi Watts !
potentiel // hors compétition
79
INSIDE
Charles Williams (australie) 1er film
Couronné palme d’or du court en 2018 avec All These Creatures, l’Australien Charles Williams vient de mettre en boîte un premier long plus qu’attendu. Pour parfaire son office, le cinéaste a choisi les balises du polar carcéral avec Inside et a séduit Guy Pearce et Cosmo Jarvis pour encadrer le prometteur Vincent Miller. Transféré de la prison pour mineurs à celle pour adultes, Mel est pris sous l’aile du caïd Mark Blessing et de Dale Murfett en voie de libération conditionnelle. Lorsque Murfett est contraint d’assassiner Blessing pour payer ses dettes, il trouve dans le jeune et nouveau comparse un complice surprenant…
potentiel // un certain regard
78
BERGER
Sophie Desrape (canada)
Figure d’un nouveau cinéma québécois effervescent, Sophie Desrape a souhaité adapter le best-seller de Mathyas Lefebure « D’où viens-tu, berger ? » En perte de sens, Mathyas troque sa vie montréalaise de jeune publicitaire pour celle de berger en Provence. Mais le chemin vers la quiétude pastorale tant désirée va être jonché de durs labeurs. C’est par l’autodérision que Mathyas survit au délire violent et à la déchéance du premier mas dans lequel il fait son apprentissage. Mais l’arrivée d’Élise, une fonctionnaire elle-aussi en quête de sens, qui donne une nouvelle direction à la quête de Mathyas. Ensemble, ils s’engagent dans une transhumance. Traversés par les épreuves de la montagne, avec un troupeau à leur charge, ils vont se façonner une vie nouvelle. Le duo, incarné par Félix-Antoine Duval et la délicate Solène Rigot découverte chez Guillaume Brac dans Tonnerre, croisera dans Berger deux gueules de théâtre bien connues, le sociétaire de la Comédie-Française Bruno Raffaelli, et David Ayala.
potentiel // un certain regard
77
HARVEST
Athina Rachel Tsangari (grèce)
Produit par les Sixteen Films de Ken Loach, Athina Rachel Tsangari de Attenberg et Chevalier, a situé son troisième film Harvest au Moyen-Âge dans la campagne anglaise la plus reculée. Avec Caleb Landry-Jones (Nitram, DogMan) en tête d’affiche, et adapté du roman de Jim Crace, le film de la cinéaste grecque voit un village anglais, déjà tourmenté par la crise économique, totalement chamboulé par l’arrivée de trois nouveaux habitants. L’image de ce néo-western ambitieux a reçu l’expertise du serial chef op’ Sean Price Williams (le réalisateur américain de The Sweet East, révélation de la Quinzaine 2023) aperçu à Los Angeles il y a quelques semaines au travail sur le dernier film de Virgil Vernier.
potentiel // quinzaine des cinéastes
76
JEPOTÁ
Carlos Papa Guarani & Augusto Canani (brésil) 1er film
C’est le deuxième (et dernier) film déjà listé en 2023 qui franchit de la liste des « 100 films pour Cannes » cette saison. Ecrit et réalisé par Augusto Canani et Carlos Papa Giarani, Jepotá a été tourné dans un village reculé des montagnes du Brésil méridional avec le chef of Pepe Mendes, grand bienfaiteur de la photo du magnifique Carvão (Charcoal) de Carolina Markowicz repéré à San Sebastian en 2022. Tourné dans la langue des Guarani, tribu dont est originaire l’un des deux réalisateurs, y joue l’un des rôles principaux. dans un territoire où la vie indigène se heurte à l’urbanisation. Iraí, un jeune homme guarani découvre que Jerá, la mystérieuse fille dont il est profondément amoureux, pourrait souffrir d’une affection mortelle, connue dans sa communauté sous le nom de « Jepotá ». Lorsque Jerá disparaît, Iraí demande l’aide de Caburé, une femme qui s’est retirée dans la forêt. Au milieu d’un vaste district industriel, Iraí se trouve lui-même et découvre les interconnexions complexes de la réalité, qui vont bien au-delà de ce qu’il aurait pu imaginer… Le film, actuellement en post-production, vient de triompher à Toulouse aux Work In Progress de Cinéma en Construction dans le cadre du festival Cinelatino.
potentiel // semaine de la critique
75
MALDOROR
Fabrice du Welz (belgique)
L’excellent Anthony Bajon dans la peau d’un flic brisé, traumatisé et perdu jusqu’à l’obsession dans une enquête sordide qui proche de l’affaire Dutroux… Maldoror est le nouveau film de Fabrice du Welz, coécrit avec Domenico La Porta sur un scénario très documenté et librement inspiré donc de l’affaire qui a agi comme un tremblement de terre dans les années 1990 en Belgique et bien au-delà. Avec Bajon, Alexis Manenti, Béatrice Dalle, Alba Gaïa Bellugi, (et le duo de Harry un ami qui vous veut du bien) Sergi Lopez et Laurent Lucas forment l’équipe XXL dans cette plongée abyssale dans les traumas du plat pays contemporain. Le jeune Paul débarque dans un petit poste de gendarmerie. À son arrivée la recrue se consacre avec fougue à l’opération « Maldoror », mise en place dans le plus grand secret pour surveiller un criminel notoire, alors que deux fillettes viennent de disparaître. Face au dysfonctionnement d’un système policier déstructuré́ et sans coordination, Chartier subit l’échec de l’opération et sombre dans l’obsession. Il se lance alors dans une croisade solitaire contre un Mal tentaculaire qui le fracture de toutes parts.
potentiel // quinzaine des cinéastes
74
LE PROCÈS DU CHIEN
Laëtitia Dosch (france) 1er film
Pour son premier essai derrière la caméra dans un format long, la comédienne Laetitia Dosch (Jeune femme, Passion simple) s’est mise en scène avec François Damiens, Jean-Pascal Zadi et Anne Dorval. Vendu par Mk2, Le Procès du chien suit l’avocate du propriétaire d’un chien ayant mordu plusieurs personnes, qui va persuader un juge de venir faire témoigner l’animal.
potentiel // un certain regard
73
THE MOUNTAIN BRIDE
Maura Delpero (italie)
Avec le grand Mikhaïl Krichman à la photo (celui des classiques d’Andrei Zviaguintsev Le Retour, Leviathan et Faute d’amour), The Mountain Bride de l’Italienne Maura Delpero fait le tour de tous les comités des festivals de classe A. Ce deuxième film de fiction après Maternal (mention spéciale à Locarno en 2019) plonge dans l’Italie de l’hiver 1944. Dans un petit village de montagne du Trentin, la guerre est à la fois lointaine et omniprésente. Lorsqu’un jeune soldat arrive, cherchant refuge, la dynamique de la famille de l’instituteur local est changée à tout jamais.
potentiel // un certain regard
72
LA NUIT SE TRAÎNE
Michiel Blanchart (belgique) 1er film
Sam Raimi lui-même a jeté son dévolu sur Michiel Blanchart et son court T’es morte Hélène. Tant est si bien qu’ils en préparent un remake US au format long, réalisé par le Belge !! Avant cette aventure américaine, Blanchart a tourné La Nuit se traîne, un thriller nocturne 100% bruxellois avec des persos dans des milieux interlopes, le temps d’une course-poursuite haletante. Le récit est porté par Mady, étudiant le jour, serrurier la nuit. Mais Claire, la jeune fille énigmatique qu’il dépanne ce soir-là, n’est pas celle qu’elle prétend être. Cette porte n’est pas celle de son appartement. Et le sac qu’elle veut à tout prix récupérer n’est pas le sien, mais celui de Yannick, un homme auquel Mady va devoir rendre des comptes. Pris dans une course poursuite infernale, Mady n’a qu’une nuit pour prouver son innocence dans une ville en pleine ébullition. Une nuit pour sauver sa peau. À l’écran toute une équipée de rising stars : Jonathan Feltre (Les Rascals), Natacha Krief (Simone, le voyage du siècle), et les Belges Jonas Bloquet et Thomas Mustin (dit « Mustii »), le tout parrainé par Romain Duris.
potentiel // quinzaine des cinéastes
71
AGORA
Ala Eddine Slim (Tunisie)
Pour Ala Eddine Slim, 2016 c’était le Lion du futur à la Mostra avec The Last of Us et 2019 la découverte de Cannes à la Quinzaine avec Sortilège. 2024 ? De bonnes chances de découvrir Agora le troisième long du cinéaste tunisien dans un grand Festival ! Le pitch ? Dans une ville lointaine et recluse, des disparus aux allures énigmatiques reviennent. Une tension s’installe alors dans la ville. Fathi, inspecteur de la police locale, essaie de percer le mystère avec l’aide d’Amine, son ami médecin. Fathi enquête, Amine analyse, mais rapidement ils se figent devant l’étrangeté du phénomène. Un deuxième inspecteur de police débarque de la capitale pour élucider l’affaire. Une fracture s’installe entre ceux qui sont prêts à accueillir les revenants et ceux qui voient en leur retour une malédiction. Une équipe de médecins rejoint Fathi, Amine et Omar depuis la capitale, pour les soutenir mais surtout pour éviter la propagation des rumeurs. Quel est le point commun entre les disparus ? Est-il encore temps de comprendre ? Cette communauté sera le lieu de questionnements et de rencontres, dans l’arène de la ville et sous le regard de mystérieux chiens bleus.
potentiel // quinzaine des cinéastes
70
COME BACK
Jan Roosens, Raf Roosens (belgique) 1er film
En phase de développement, les frères Roosens ont suivi le prestigieux programme NextStep de la Semaine de la Critique pour préparer Come Back leur premier long métrage avec Veerle Baetens (accompagnée de sa propre fille Billie Vlegels pour la première fois à l’écran) en tête d’affiche. Jan & Raf, les deux frères flamands très actifs dans l’univers de la pub, ne sont pas des inconnus de Cannes avec Copain qui avait concouru à la palme d’or en 2015, et White Goldfish qui lui avait valu une invitation de la Semaine en 2020. Le scénario de ce « coming of age » est axé sur le personnage d’Ava, une jeune fille de 14 ans qui tente de trouver sa place dans le monde, « éblouie » par la lumière braquée sur ses parents, un couple de DJs qui a connu son heure de gloire. Aujourd’hui divorcés, Ava vit seule avec son père. Quand sa mère Naomi tente de faire un retour sur la scène internationale du DJing, Ava va découvrir un monde nouveau, celui de la nuit et des clubs. Si sa mère s’y sent comme un poisson dans l’eau, les choses sont plus complexes pour Ava, qui va devoir s’adapter pour ne pas perdre sa propre identité.
potentiel // semaine de la critique
69
PEACHES GOES BANANAS !
Marie Losier (france)
De Marie Losier, on retient récemment Cassandro the exotico! loufoque portrait révélé en sélection ACID Cannes en 2018. Mais à la manière d’un Sébastien Lifshitz dans le mémorable Adolescentes, la cinéaste filme depuis 2006 Peaches, reine déjantée du punk-électro et véritable icône féministe et queer. « Mes images racontent un moment charnière de sa carrière, entre consécration totale et désir obstiné de se réinventer ». Merrill Beth Nisker de son vrai nom a quitté son domicile et son travail d’institutrice au Canada avec l’ambition de se faire un nom dans le Berlin Underground, en alliant sexe, punk et le doux souvenir de la période florissante du début des années 80, quand le disco redevint underground. Elle bouscule constamment la question de l’identité sexuelle et interroge sans cesse sa propre image d’icône sexuelle, prenant au dépourvu ce qui caractérise sa féminité, en utilisant autant d’attributs masculins que possible. Depuis Berlin, Peaches est devenue culte et mythique : le bruit court que Marilyn Manson l’aurait accompagnée durant sa tournée aux États-Unis, Madonna lui aurait envoyé un jupon dédicacé, Iggy Pop serait venu l’accueillir dans sa Rolls-Royce à l’aéroport de L.A. Qui est donc Peaches ?…
potentiel // quinzaine des cinéastes
68
DIAMANT BRUT
Agathe Riedinger (france) 1er film
Remarquée pour ses courts J’attends Jupiter et Eve, Agathe Riedinger a les faveurs des comités parallèles avec Diamant brut, son premier long métrage à la logline toute contemporaine. Une jeune fille broyée par le star-système à la sortie d’une télé-réalité. Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour « Miracle Island ». Pour incarner Liane, la nouvelle venue Malou Khebizi, avec à ses côtés Andréa Bescond (Les Chatouilles) et le Marseillais Idir Azougli (Shéhérazade, L’Eté, l’éternité).
potentiel // semaine de la critique
67
TOUTES POUR UNE
Houda Benyamina (france)
Huit années ont passé. En 2016, Houda Benyamina arrachait la caméra d’or (meilleur premier film toutes sections de Cannes confondues) avec Divines. Alors que le dyptique sous testostérone a débarqué l’année dernière avec tambour et grosse trompette, la cinéaste s’est attelée à revisiter « Les Trois Mousquetaires » l’oeuvre d’Alexandre Dumas et le film de cape et épée « au féminin » avec un casting 4 étoiles qui a énormément évolué depuis le début de la gestation (on a même un temps évoqué Héloïse Letissier alias « Christine and the Queens » !) : Daphné Patakia, Sabrina Ouazani, les deux révélations de Divines Oulaya Amamra et Deborah Lukumuena et l’Espagnole Georgina Amoros (de la série Netflix Elite). Elles ont coupé leurs cheveux, sanglé leur poitrine, mais ce sont des femmes. Quand Sara, jeune morisque en fuite, démasque les trois mousquetaires qui protègent la reine de France, elle décide de s’accrocher à ces femmes puissantes et à leur brillante idée : se déguiser pour être libre, se déguiser pour être soi…
potentiel // cannes première
66
SLOCUM
Jean-François Laguionie (france)
Depuis 60 ans, Jean-François Lagiuonie réalise des films d’animation. Dans son nouveau long métrage Slocum, il replonge dans ses souvenirs d’enfance, lorsque son père décida de construire un bateau dans le jardin familial… Le créateur de Louise en hiver et Le Tableau met le coup de pinceau final à cette histoire qui a vu le 1er juillet 1895, le capitaine Joshua Slocum quitter le port de Boston à bord du « Spray », pour le premier tour du monde en solitaire à la voile. 1er juillet 1950, Pierre commence la construction de la réplique du « Spray » dans le jardin de son pavillon de banlieue au bord de la Marne. Sont enrôlés pour l’occasion Geneviève et son fils François. Ce dernier vient d’avoir 11 ans. Il se passionne pour ce projet et pour la figure tutélaire de Slocum, symboles de liberté.
potentiel // quinzaine des cinéastes
65
SHAMELESS
Konstantin Bojanov (bulgarie)
Après Avé (en 2011 à la Semaine de la Critique) et Light Thereafter (à Rotterdam IFFR en 2017), Konstantin Bojanov a choisi de filmer à partir de fin 2022 l’histoire d’une caste de prostituées en Inde dans Shameless son troisième opus. L’histoire de Rani, une prostituée indienne qui annonce à sa famille qu’elle part en pélerinage dans un temple lointain. Le voyage va constituer pour elle une occasion de réfléchir sur son passé tumultueux, notamment son histoire d’amour de jeunesse avec une autre fille, Renuka, à présent incarcérée à perpétuité pour meurtre à Bangalore, une ville qui se trouve justement sur le chemin de Rani.
potentiel // un certain regard
64
HOT MILK
Rebecca Lenkiewicz (grande-bretagne) 1er film
Scénariste de tout premier plan (Ida, Small Axe, She Said), Hot Milk est la primo-incursion aux manettes derrière le combo pour la Britannique Rebecca Lenkiewicz. Comme souvent dans ce genre de configuration, la distrib de ce premier film navigue au-dessus de la moyenne : Emma Mackey (Emily), Fiona Shaw (Killing Eve) et Vicky Krieps. Forcément à l’écriture, Lenkiewicz a profité de son film pour se pencher sur les complexités d’une relation entre une mère célibataire et sa fille avec en toile de fond la chaleur et l’atmosphère d’Almería pour une exploration intime des relations, du sexe et de l’amour. Rose et sa fille Sofia se rendent dans la ville balnéaire espagnole d’Almería pour consulter le Dr Gómez, un médecin chamanique qui pourrait bien détenir le remède à la mystérieuse maladie de Rose, qui l’a clouée dans un fauteuil roulant. Mais dans l’atmosphère sulfureuse de cette ville baignée de soleil, Sofia, qui a été piégée toute sa vie par la maladie de sa mère, commence enfin à se débarrasser de ses inhibitions, attirée par les charmes persuasifs de l’énigmatique voyageuse Ingrid. La liberté accrue de Sofia devient trop importante pour sa mère contrôlante, et alors que le soleil brûle, leur relation couve de ressentiments et d’amertume refoulés, menaçant de déchirer les fils fragiles qui les maintiennent ensemble, et les menant à une conclusion dramatique.
potentiel // semaine de la critique
63
NIKI
Céline Salette (france) 1er film
Encore un premier film assez haut placé, celui de l’actrice Céline Salette qui n’est pas tombée dans la facilité pour cet essai grandeur nature en choisissant de dépeindre l’artiste Niki de Saint Phalle. Pour l’incarner, la québécoise Charlotte Le Bon, accompagnée de Damien Bonnard et Judith Chemla. Niki de Saint Phalle a vingt-trois ans, elle est mannequin, aspirante actrice, mariée à Harry, un jeune homme charmant, et mère de Laura, une petite fille de deux ans. Ensemble, ils ont fui en France une Amérique sombrant dans la spirale paranoïaque du maccarthysme, et leurs parents pressés de les intégrer. Paris les plonge dans l’enthousiasme, mais pas pour très longtemps. Des souvenirs lointains et effrayants commencent à émerger chez Niki. Sa vocation sera son salut.
potentiel // cannes première
62
LITTLE TROUBLE GIRLS
Urska Djukic (slovénie) 1er film
Et de poursuivre la foisonnante proposition de premiers films à tenter de décrocher une timbale cannoise avec Little Trouble Girls de la Slovène Urska Djukic. Passé par une résidence à la Cinéfondation et le réputé TorinoFilmLab, le projet de fiction succède à La Vie sexuelle de mamie, court d’animation qui a mis en 2021 définitivement le nom de Urska Djukic sur la planète cinéma. Dans Little Trouble Girls, Lucija (la débutante Jara Sofija Ostan à l’écran) est une adolescente timide et sensible. En grandissant, elle doit naviguer entre les attentes que son entourage a par rapport à elle et la découverte de sa sexualité. La question principale à laquelle elle doit trouver une réponse est : à qui appartient son corps ?
potentiel // un certain regard
61
À NOTRE BEAU MÉTIER
Quentin Dupieux (france)
Il tourne comme il respire. Et claque des doigts pour que tout le cinéma français se presse dans l’espoir d’incarner ses loufoqueries surréalistes. Alors que l’on entend encore les strapontins se refermer dans les salles françaises qui projettent toujours Daaaaaali !, Quentin Dupieux et son équipe ont déjà proposer un nouveau film à Thierry Frémaux et le comité de l’Officielle. Celui-ci s’appelle À notre beau métier et s’annonce comme une « mise en abyme autour d’acteurs qui jouent dans un film nul avec des acteurs face à leur personnage et leurs répliques. Les acteurs, vous les connaissez peut-être ? Léa Seydoux ? Louis Garrel ? Raphaël Quenard ? Vincent Lindon ? Cela vous dira sans doute quelque chose ? Quoiqu’il en soit, si on s’est permis d’évoquer à l’inter l’option Kind of Kindness de Yorgos Lanthimos comme un contender sérieux pour l’ouverture du Festival. L’autre tendance lourde côté français cette fois c’est ce dernier Dupieux en date en passe de ramasser le gros lot. Attention fumée blanche imminente.
potentiel // hors compétition (film d’ouverture)