1er volet de la liste Wask des 100 films pour Cannes 2024
100
SAUVAGES !
Claude Barras (suisse)
C’est pendant la promotion de Ma vie de Courgette, événement 2016 de la Quinzaine des Réalisateurs (et de l’animation tout court), le précédent film de Claude Barras, qu’a germé l’idée de Sauvages ! dans l’esprit du créateur suisse. Avec l’envie de raconter une fable écolo à la mémoire de son compatriote Bruno Manser, activiste vert disparu en l’an 2 000 en Malaisie. Coécrit à quatre mains avec Catherine Paillé (et le concours de la romancière canadienne Nancy Huston et de l’auteur de BD Morgan Navarro, le film mêle plusieurs techniques, notamment le stop-motion, et raconte l’histoire à Bornéo d’une amitié touchante entre un bébé orang-outan et d’une fillette bien décidée à le sauver des braconniers dans la forêt tropicale.
potentiel // séance spéciale
99
MY SUNSHINE
Hiroshi Okuyama (japon)
Après Jesus, premier film découvert en 2019 à San Sebastian, et lancé dans les salles françaises par Eurozoom, le Japonais Hiroshi Okuyama vient de terminer My Sunshine, drame avec le patinage artisitique en toile de fond, dans lequel deux enfants que tout oppose se retrouvent à devoir s’entraîner et former un duo de danse sur glace.
potentiel // un certain regard
98
PLANÈTE B
Aude Léa Rapin (france)
Difficile sur le papier de ne pas faire le parallèle avec Le Règne animal, sensation cannoise 2023 de la sélection française. Film de science-fiction tourné en anglais et en français. Planète B rejoint sur le papier son illustre prédécesseur dans l’ambition, et jusque dans le choix d’Adèle Exarchopoulos pour incarner Julia, perdu dans un Grenoble en 2039 aux faux airs d’enfer pénitentiaire qui ferait passer Guantanamo pour un camp de vacances. Face à elle l’indispensable Souheila Yacoub (tout juste sortie de sa perf hallucinée dans le deuxième volet Dune de Denis Villeneuve face à Chalamet et Zendaya) bien partie pour truster les montées de marche à Cannes en 2024 ! (On y reviendra). La cinéaste française Audé Léa Rapin, qui a connu Cannes en 2019 à la Semaine de la Critique pour son premier essai (Les Héros ne meurent jamais), a choisi de filmer une France ultra-clivée entre les tenants de l’ordre et les partisans de la morale. Aux côtés de nos deux héroïnes, on retrouvera India Hair, Jonathan Couzinié (déjà dans le premier film de Rapin), Grace Seri (Un Violent désir de bonheur, Arthur Rambo) et Marc Barbé.
potentiel // cannes première
97
MA VIE MA GUEULE
Sophie Fillières (france)
Difficile d’imaginer Cannes se passer d’une présentation en majesté du film posthume de la délicate et précieuse Sophie Fillières. Disparue à peine trois semaines après la fin du tournage, la cinéaste avait souhaité se lancer dans l’écriture de son film le plus intime juste après avoir mis en boîte La Belle et la Belle. À la révélation de sa maladie au printemps 2023, la réalisation de Ma vie ma gueule est devenue une quasi urgence. Réunissant autour d’elle une équipe rapprochée de fidèles, techniciens et comédiens, Agnès Jaoui, Philippe Katerine, Edouard Sulpice (À l’abordage) et Valérie Donzelli en tête, Sophie Fillières confiait à sa productrice Julie Salvador (Christmas in July) le soin de réunir un budget de quelques centaines de milliers d’euros avec la seule avance sur recettes du CNC et le soutien sans faille du distributeur Jour2fête afin de mettre le film en boîte dans un temps record. La maladie foudroyante de la cinéaste au début de l’été 2023 lui a quand même permis laisser pour consigne à ses enfants, Agathe et Adam Bonitzer de terminer le film avec ses collaborateurs, pour conter l’histoire de Barberie Bichette (Agnès Jaoui). On l’appelle Barbie à son grand dam, la bonne mère pour ses enfants, la collègue fiable, la grande amoureuse, oui ok mais aujourd’hui, c’est parfois noir et violent, il est temps de prendre enfin le large pour que sa vie à nouveau s’ouvre pour la rendre plus inattendue et lumineuse que jamais.
potentiel // quinzaine des cinéastes
96
KIND OF KINDNESS
Yorgos Lanthimos (grèce)
Tout juste sortis de la campagne de promo mondiale de Poor Things (Pauvres créatures), le tandem Yorgos Lanthimos-Emma Stone remonte (déjà) à cheval. Opportunément avancé en juin prochain, la sortie de Kind of Kindness ne laisse aucune place au doute de le voir débarquer sur les célèbres marches rouges cannoises, aux côtés du duo inséparable depuis La Favorite, Margaret Qualley, Willem Dafoe, Jesse Plemons et Hunter Schafer (Euphoria). Revenant à un scénario original coécrit avec son complice Efthimis Filippou, et situé dans le présent, la bande-annonce de Kind of Kindness dévoilée par Searchlight Pictures ces tout derniers jours laisse présager qu’il s’agira d’un film à sketchs à trois histoires distinctes dans lesquelles la galaxie de stars jouera un rôle différent dans chaque histoire. Alors qu’aucun film n’a été encore annoncé officiellement pour ouvrir les hostilités le 14 mai prochain, Kind of Kindness et son parterre de stars a la stratégie de sortie modulable pour y prétendre…
potentiel // compétition (film d’ouverture)
95
LES TEMPÊTES
Dania Reymond-Boughenou (france-algérie) 1er film
D’étranges tempêtes de poussière jaune s’abattent sur une ville du Maghreb. Nacer couvre le phénomène pour son journal. Alors qu’il constate l’apparition d’événements surnaturels, sa compagne Fajar revient d’exil et Yacine, son neveu médecin, se met à entendre les morts. Face à des tempêtes de plus en plus menaçantes, Nacer va devoir dénouer un passé qui le hante. Voilà le pitch du premier long métrage à mettre à l’actif de Dania Reymond-Boughenou. Passée par les Beaux-Arts de Marseille et Le Fresnoy, la cinéaste franco-algérienne s’est fait un nom avec Le Jardin d’essai, moyen métrage tourné à Alger en 2016, qui s’est forgé une solide réputation lors de ses passages à Angers, Brive et Belfort. Produit par Jérémy Forni de Chevaldeuxtrois, fidèle de Rachel Lang et Claude Schmitz et Camille Chandellier pour La Petite Prod, Les Tempêtes embarquent Camélia Jordana, Khaled Benaïssa, Shirine Boutella et Mehdi Ramdani et a déjà séduit la team The Jokers pour la distribution en France.
potentiel // quinzaine des cinéastes
94
OXANA
Charlène Favier (france)
À l’instar de Garçon chiffon de Nicolas Maury ou Au commencement de Dea Kulumbegashvili, Charlène Favier a vu ses premiers pas fauchés en 2020 lorsque la crise du covid a rendu la tenue du Festival de Cannes impossible. Après son autobiographique Slalom (avec Jérémie Rénier et Noée Abita), la cinéaste est prête à livrer Oxana, le portrait percutant d’une des figures du mouvement Femen. Mis en musique par Delphine Malausséna à qui l’on doit l’OST de Chien de la casse, le deuxième long métrage de Charlène Favier a choisi de s’attacher à la journée du 23 juillet 2018, date importante pour l’ex-dirigeante Femen Oxana Chatchko, jour du vernissage de son exposition d’icônes blasphématoires. Commence alors une journée d’errance à travers Paris, entre des rencontres amoureuses, un critique d’art et un rendez-vous pour confirmer son statut de réfugiée politique, les souvenirs de son passé de militante féministe, les traumatismes et les trahisons subis au cours de son combat, refont surface. L’occasion de révéler le visage d’une révolutionnaire moderne qui a ouvert la voie à nos résistances féministes contemporaines comme le mouvement #MeToo.
potentiel // un certain regard
93
UNE LANGUE UNIVERSELLE (titre provisoire)
Matthew Rankin (canada)
2020-2024… C’est une fois encore la temporalité qui semble présider au travail du passionnant Matthew Rankin. Lui aussi a lancé pendant la funeste année 2020 son ovniesque premier film Le Vingtième siècle, passé par le Forum de la Berlinale et L’Etrange Festival, et premier film du Canadien, n’a jamais pu trouver sa trajectoire pour atterrir dans les salles françaises. Une langue universelle, l’un des projets les plus excitants du plateau 2024 dont la place à Cannes est déjà assurée, s’avance comme un récit dystopique tourné en Farsi comme un hommage au cinéma iranien. À Winnipeg, Nazgol et Hossein tentent d’aider un camarade de classe à récupérer un billet de banque iranien. En parallèle, un personnage appelé Matthew Rankin démissionne de son emploi à Montréal pour se rapprocher des siens à Winnipeg, où il va rencontrer Massoud, un guide touristique qui prend aussi soin de la mère de Rankin. Mais les apparences sont trompeuses dans ce film où le temps, la géographie et les identités se fondent en un maelstrom unique que seul le cinéma permet d’appréhender.
potentiel // quinzaine des cinéastes
92
BABY INVASION
Harmony Korine (états-unis)
L’idylle entre Cannes et Harmony Korine n’est pas un long fleuve tranquille. Sa seule venue « officielle » remonte à un temps révolu. C’était en 2007 en sélection Un Certain Regard avec la présentation de son troisième opus Mister Lonely. Depuis plus rien ou presque. Alors quand, à quelques encablures des premières révélations sur l’édition 2024, de nouvelles précisions sont venues fleurir l’actualité cinéphile sur Baby Invasion, les vu-mètres des pronostiqueurs se sont quelque peu affolés. Autoproclamé « thriller interactif », le 8e long métrage du réalisateur de Gummo et Spring Breakers pourrait bien vouloir sortir de l’ornière underground dans laquelle il s’est trempé avec Aggro DrIft, son dernier long en date, secousse de la dernière Mostra tourné en infra-rouge mais distribué hors des circuits usuels dans une tournée retentissante dans les meilleurs bars à strip-tease… Le bien-nommé Baby Invasion a sans nul doute tous les apparats pour revêtir la parfaite séance de minuit événement dont raffole le public de Cannes. Avec son propos tout « korinien « combo entre un film d’horreur pur et un jeu vidéo de tir filmé à la première personne à l’aide de GoPros et d’images de vidéo-surveillance, le film mettra à l’épreuve l’humanité face à des envahisseurs avec des têtes de bébés grâce à une technologie d’intelligence artificielle ». Tout un programme.
potentiel // séance de minuit
91
THE GIRL WITH THE NEEDLE
Magnus von Horn (suède)
Hasard ou coïncidence, encore un cinéaste listé dans les « 100 » Wask 2024 qui n’a plus donné de nouvelles depuis sa place dans la funeste sélection officielle de Cannes en 2020 (pour Sweat). Le Suédois Magnus Von Horn s’est attelé à terminer à temps The Girl with The Needle, interprétation libre et ambitieuse de l’histoire de la célèbre « faiseuse d’anges » danoise Dagmar Overbyen reconnue coupable d’avoir assassiné des dizaines et des dizaines de nourrissons à Copenhague au début du 20ème siècle. Et le cinéaste de préciser avec une gourmandise toute scandinave « Je veux faire un film en noir et blanc qui ressemble presque à un conte de fées, avec si possible des nuances qui feront penser pourquoi pas à Hans Christian Andersen. »
potentiel // un certain regard
90
EIGHT POSTCARDS FROM UTOPIA
Radu Jude, Christian Ferencz-Flatz (roumanie)
En voilà un qui n’a jamais eu sa carte d’abonné à Cannes malgré un rythme effréné de productions aussi diverses que variées. Depuis près de 20 ans, il ne se passe quasi pas une année sans que Radu Jude ne livre une fiction, un doc ou un court (comme en 2022 quand il présentait The Potemkinists à la Quinzaine). Après N’attendez pas trop la fin du monde découvert à Locarno en août dernier, le cinéaste roumain fidèle parmi les fidèles de Berlin (il y a obtenu l’ours d’or en 2021 avec Bad Luck Banging or Loony Porn) a un dernier ouvrage à nous mettre sous la dent. Cela s’appelle Eight Postcards from Utopia, documentaire usant de found-footage rassemblant des publicités roumaines post-socialistes, coréalisé avec le philosophe Christian Ferencz-Flatz. Le procédé relève de l’obsession du cinéaste pour « l’utilisation des images, la façon dont elles sont fabriquées, la façon dont elles sont utilisées » dans un pays qui, tout juste sorti des privations de l’économie socialiste, aura été soudainement et brutalement introduit dans la culture de consommation contemporaine, à l’aide de publicités qui, à travers une variété de styles vendant une gamme de produits, dépeignent un monde imaginaire cohérent de désirs comblés. On aura du mal à trouver meilleure logline cette année : « un film entre poésie trouvée et encyclopédie périmée ».
potentiel // quinzaine des cinéastes
89
LES REINES DU DRAME
Alexis Langlois (france) 1er film
Il est passé maître dans l’art de trouver les pitchs et les titres les plus fantasmagoriques avec ses premiers essais courts. On pense à De la terreur, mes soeurs !, Les Démons de Dorothy ou le désopilant Fanfreluches et idées noires. Avec Les Reines du drame, son premier long métrage, changement de braquet. Jugez plutôt. Basculés en 2055, Steevyshady, un Youtubeur de 65 ans, poste une vidéo sur Mimi4Ver, sa chaîne dédiée à Mimi Madamour, une chanteuse pour ados des 00’s, pour fêter les 50 ans de « Pas touche ! », son plus grand tube. L’homme lifté se filme dans sa chambre d’ado, encore couverte de posters de la star. Il confesse l’avoir traînée dans la boue, parce qu’il n’a jamais accepté son idylle avec la chanteuse punk Billie Kolher. Aujourd’hui, Steevy veut leur rendre hommage en racontant leur histoire… Fils illégitime de John Waters, Russ Meyer et Yann Gonzalez, Alexis Langlois use et abuse du kitsch dans un cinéma queer à l’humour dévastateur fait de flingues et de créatures aux seins survitaminés. Son passage au long format, produit par la fidèle Inès Daïen Dasi pour Les Films du Poisson, embarque avec lui une galaxie d’incarnations fantasques menée par (le chanteur) Bilal Hassani, Asia Argento et Alma Jodorowsky.
potentiel // semaine de la critique – séance spéciale
88
BASILEA
Isabella Torre (italie) 1er film
Premier des deux films déjà présents sur les « 100 films 2023 » à faire la bascule cette année, j’ai nommé Basilea de l’Italienne Isabelle Torre. « J’ai voulu réaliser le film au beau milieu de la beauté naturelle d’Antonimina, un petit village niché dans les hauteurs calabraises. J’avais envie d’y tourner un conte de fées artistique qui se laisse transporter par les images, par le mystère de la nature. » Basilea est le premier film de la compagne à la ville de Jonas Carpignano. Elle a participé à tous les projets du réalisateur de A Ciambra. Les premiers courts de Torre lui ont tous valu une sélection à Venise, et cerise sur le tiramisu, Elliott Crosset Hove, l’acteur danois de Godland, fait partie de la distribution de l’une des plus excitantes curiosités transalpines.
potentiel // un certain regard
87
LA BELLE DE GAZA
Yolande Zauberman (france)
Celui-ci, Pyramide l’a déjà fléché pour une sortie le 29 mai dans les salles françaises, et ce depuis début mars dernier. L’attente est forte de découvrir sur la Croisette le nouveau doc de Yolande Zauberman, responsable du bouleversant M en 2018. C’est d’ailleurs pendant ce tournage, que la cinéaste découvre à Tel-Aviv le milieu des femmes trans arabes. Pour raconter son film, Zauberman sait user des mots de la plus belle des manières. « Elles étaient une vision fugace dans la nuit. On m’a dit que l’une d’entre elles était venue à pied de Gaza à Tel-Aviv. Elle est devenue mon obsession. Dans ma tête, je l’ai appelée La Belle de Gaza… ». Un titre au retentissement particulier dans l’actualité la plus effroyable.
potentiel // un certain regard
86
DIAMONDS IN THE SAND
Janus Victoria (philippines) 1er film
C’est un projet à la très longue gestation. Dans les tuyaux depuis sa victoire en phase de développement aux Tokyo Talents en 2013, le premier film de la réalisatrice philippine Janus Victoria a parcouru avec succès les forums de coproduction les plus prestigieux, du TorinoFilmLab au Cinemart de l’IFFR Rotterdam. Ce n’est que tout récemment à Hong-Kong que le film en phase de post-production a affiché les apparats d’une finalisation toute proche, avec en tête d’affiche la star nippone Lily Francky, acteur emblématique du cinéma de Hirokazu Kore-eda (Tel père, tel fils, Une affaire de famille). Dans Diamonds in The Sand, il incarne un personnage qui éprouve le phénomène de société japonais du « kodokushi », un sentiment de mort sociale qui peut conduire ces solitudes passives vers des morts silencieuses (de nombreuse personnes âgées vivant seules sont découvertes mortes souvent quelques mois après leur décès, en raison de l’isolement dans lequel elles vivent au pays du soleil levant). Dans le film, Lily Franky est divorcé et rétrogradé. Il choisit de tout abandonner et de partir pour Manille. Le chaos de la capitale philippine, pense-t-il, offre la promesse de la vie, des relations humaines et d’un destin imprévisible, par opposition à la certitude sombre et silencieuse du « kodokushi » japonais.
potentiel // un certain regard
85
LES ARÈNES
Camille Perton (france) 1er film
Encore pléthore de premiers films français candidats à une sélection cannoise cette année ! Parmi eux Les Arènes de Camille Perton situé dans le milieu du foot business avec au cast, excusez du peu, la star vénézuélienne Edgar Ramirez (apparu sur nos écrans en 2010 à Cannes dans le rôle du Carlos d’Olivier Assayas). Face à lui, Sofian Khammes et Illiès Kadri (Viens, je t’emmène) complètent la distribution de l’histoire de Brahim, un jeune footballeur prometteur âgé de 18 ans qui s’apprête à réaliser son rêve : signer son premier contrat professionnel à Lyon, son club, sa ville. Mais l’émergence au sein du club d’un puissant agent étranger rebat les cartes. Avec Mehdi, son cousin et agent, Brahim se lance dans une course contre la montre sur le marché des transferts, « le mercato », où tous les coups sont permis. Si jusqu’ici très peu de bons films ont réussi à dépeindre cet univers de chacals et de misère humaine, on miserait bien une tite pièce sur Les Arènes. pour réhabiliter la cinégénie du foot.
potentiel // un certain regard
84
FLOW
Gints Zilbalodis (lettonie)
Touche-à-tout de génie, graphiste, musicien-compositeur, réalisateur, le Letton Gints Zilbalodis a mis les bouchées doubles pour terminer et présenter à temps une version de Flow aux comités cannois et espérer une première mondiale en mai. Auréolé de son premier succès (Away en 2019), le cinéaste s’est attelé dans la foulée au développement de Flow, son nouvel anim 3D coproduit avec Arte France Cinéma, dont l’histoire se déroule après qu’une terrible inondation a fait des ravages dans le monde. Ici, un chat obstinément indépendant est contraint de partager un petit bateau avec un groupe d’autres animaux. S’entendre avec eux s’avère être un défi encore plus grand pour lui que de survivre à l’inondation.
potentiel // acid
83
MILANO
Christina Vandekerckhove (belgique) 1er film
On le sait, au fil des années, la Belgique est devenue l’un des grands pourvoyeurs internationaux de (très bons) premiers films à Cannes. Et ce n’est pas Lukas Dhont, président du jury de la Queer Palm cette année qui me contredira ! Le premier représentant du plat pays des « 100 films 2024 » est une représentante. Milano est un garçon de 12 ans qui s’exprime en langue des signes. Déterminé à améliorer leur avenir, Alain, son père, essaie de joindre les deux bouts. Milano est souvent laissé seul à la maison et recherche la compagnie de sa voisine Renée, une femme qui semble tout avoir. Lorsque la mère de Milano revient soudainement et qu’il exige de la rencontrer, la relation entre le père et le fils est dangereusement mise à l’épreuve. Avec Matteo Simoni et Basil Wheatley. Milano le film de la Flamande Christina Vendekerckhove présente tous les bons ingrédients d’une première oeuvre cousine d’Un Monde de Laura Wandel, avec sa dose d’emotion teintée de radicalité.
potentiel // semaine de la critique
82
LA CHAMBRE D’OMBRES
Camilo Restrepo (colombie)
Cinéaste encore (trop) confidentiel, le Colombien Camilo Restrepo est installé à Paris depuis plus de 20 ans. Découvert à la faveur du passionnant Los Conductos, le réalisateur prépare un documentaire au format des plus intrigants. En temps de guerre, une femme reste à l’abri dans sa chambre. Des souvenirs (photos, films, peintures et livres) y résonnent avec le vacarme de la violence à l’extérieur ouvrant l’infini d’un espace de résistance intérieure. Annoncé comme 1 seul film composé d’une quarantaine d’épisodes de 3 à 5 minutes, La Chambre d’ombres compose un parcours subjectif dans l’histoire des arts, engageant le spectateur à questionner le pouvoir des images dans notre société. Même si on l’imagine s’offrir une première mondiale plus tard dans l’année dans un Festival plus « accueillant » sur ce type de projets hors des codes, si la qualité supérieure de La Chambre d’ombres, produit par le producteur (et associé) de Damien Manivel, permet à Restrepo de connaître une première reconnaissance à Cannes, ce ne sera que justice !
potentiel // quinzaine des cinéastes
81
VIET ET NAM
Minh Quy Truong (vietnam) 1er film
La question n’est plus de savoir si le film sera à Cannes, mais quelle section accueillera Viet et Nam, premier film Minh Quy Truong. Habitué des plus grands Festivals avec ses premiers travaux (Locarno, New York, Berlin, Rotterdam, Clermont-Ferrand ou Busan), ce jeune réalisateur vietnamien, passé par Le Fresnoy, a séduit les comités cannois avec sa fable sur deux travailleurs de la mine, Viet et Nam, qui rêvent d’un avenir meilleur à la surface… et pourquoi pas loin de leur pays. Si l’Officielle a envie de s’accorder les faveurs du film, on se demande si une place en compétition ne lui sera pas proposée ? Quelques mots de plus en guise de fin de première salve des « 100 films pour Cannes 2024 » : Nam et Viet sont des mineurs de charbon, et travaillent à 300 mètres sous terre, là où le danger guette et où l’obscurité règne. Nam ne veut pas que son avenir se limite au charbon et engage quelqu’un pour le faire passer clandestinement dans le monde occidental. Avant de partir, Nam part en voyage avec Viet et sa mère, qui prétend que le père de Nam (un soldat du nord du Viêt Nam) l’appelle dans ses rêves pour retrouver son corps disparu. Mais leur voyage s’avère infructueux et Nam et Viet retournent à la mine qui s’effondre à cause d’une pluie incessante, et les piége…
potentiel // compétition