La liste Wask des « 100 films pour Cannes » dans les starting-blocks !
Difficile de rêver plus belle vitrine cannoise que le parcours de la Palme d’or 2023 depuis son couronnement le 27 mai dernier. Auréolé de la récompense art et essai suprême, le film de Justine Triet a ramassé à peu près tous les prix importants que la planète cinéma peut compter. Du Bafta, du César, de l’Oscar, en passant même par de la Palm Dog remise à la superstar Messi. Wouaf wouaf.
Soyons honnêtes, au matin du 13 avril 2023, jour de la sacro-sainte conférence de presse, peu d’observateurs avaient surligné au stabilo jaune le quatrième long métrage de Justine Triet, un film de procès de 2h30 tourné dans les haut alpages français, comme un candidat sérieux à une telle destinée.
Anatomie d’une chute a fait des émules et n’a que de démultiplier un peu plus la liste des candidats impétrants. Ajoutez à cela les tourments de gouvernance berlinois et la cornerisation netflixo-américaine de Venise, Cannes (et sa catégorie reine compétitive) a cadenassé son rôle de place forte du cinéma d’auteur mondial.
L’annonce de la sélection officielle du 77ème Festival de Cannes confirmée le 11 avril
Que faut-il attendre des annonces de Thierry Frémaux dans moins de deux semaines ? Quels seront les contours de ce Cannes 77 du nom qui n’a laissé filtrer que très peu d’informations (si l’on met de côté la nomination de Greta Gerwig et la première mondiale du prequel Furiosa: une Saga Mad Max de George Miller le 16 mai) ? Premières réponses à partir du 1er avril, avec les 100 films égrenés chaque jour pour faire patienter les cinéphiles les plus impatients comme on ouvre des cases de l’Avent au mois de décembre.
Imaginez donc un line-up qui serait composé de The Room Next Door le premier projet anglo-saxon de Pedro Almodovar avec Tilda Swinton, Julianne Moore et John Turturro, The Movie Critic le (tout ?) dernier Tarantino, Nouvelle Vague de Richard Linklater, Flowervale Street de David Robert Mitchell avec Ewan McGregor et Anne Hathaway, l’arlésienne The Way of The Wind de Terrence Malick, Résurrection de Bi Gan, l’énigmatique projet tiré du Vineland de Thomas Pynchon par Paul Thomas Anderson avec Leo DiCaprio, Sentimental Value de Joachim Trier, Oui de Nadav Lapid, Tu ne feras point d’images de Kaouther Ben Hania, Dao d’Alain Gomis, le projet d’animation sur Marcel Pagnol de Sylvain Chomet, After d’Oliver Laxe, le retour aux affaires d’Andrei Zviaguintsev après ses très gros soucis de santé post-Covid, Eddington d’Ari Aster avec Austin Butler, Les Aigles de la République de Tarik Saleh avec Lyna Khoudri, et un nouveau Weerasethakul tourné au Sri Lanka avec Tilda Swinton… Et bien… imaginez le bien car cela n’adviendra PAS cette année ! Tous ces cinéastes sont au travail pour remplir les étagères déjà pleines d’une édition 2025 qui s’annonce épique.
Pas plus que l’un des titres régulièrement listé ces dernières semaines dans les articles des pronostiqueurs en herbe : aucune chance de découvrir cette année le nouveau film de la Britannique Lynne Ramsay (We Need to Talk About Kevin, A Beautiful Day) avec son duo icônique, Joaquin Phoenix et Rooney Mara. Le film ne serait même pas encore en boîte…
A24, Larrain, Schrader et Franco loin de Cannes
On pourrait facilement croire à lire ce qui précède, que 2024 rimera avec transition et patience. Entendrons-nous au matin du 11 avril que « les grands auteurs sont au travail […] » ce que l’on a pu déjà expérimenter certaines années ? Des années où les choix furent d’autant plus libres et libérés de certains « abonnés » et au final bien souvent les éditions les plus excitantes à regarder dans le rétro.
Avant de s’appesantir avec gourmandise sur les plus sérieux « contenders », quelques cinéastes semblent boucler leurs valises pour délivrer leur première mondiale loin de la France. Le premier d’entre eux a un passé vénitien qui plaide pour (ou contre) lui et conforte le bruit de couloir de retrouver Joker: Folie à Deux, le second volet de Todd Phillips avec Lady Gaga et Joaquin Phoenix, en ouverture de Venise en septembre prochain. Très peu de chance non plus que les comités cannois harponnent à leurs filets Maria le projet sur la Callas de Pablo Larrain : après Jackie et El Conde, le Chilien a jeté son dévolu sur Angelina Jolie pour incarner la plus célèbre des cantatrices. Pas plus que Oh, Canada filmé par Paul Schrader (avec Jacob Elordi, Richard Gere et Uma Thurman) et Dreams de Michel Franco (avec Jessica Chastain) tourné l’été dernier, qui s’éloignent tous d’une première cannoise.
Si l’on en croit toujours certains « insiders », l’un des plus gros pourvoyeurs ces dernières années, la team A24, à qui l’on doit notamment quelques cannois notoires (The Zone of Interest, Aftersun, Showing Up ou The Eternal Daughter pour ne citer qu’eux), n’a pas prévu de voyage dans le sud de la France au mois de mai pour propulser ses nouveaux projets. On abandonne donc l’idée de découvrir sur la Croisette la comédie Y2K de Kyle Mooney dévoilé au SxSW à Austin, If I Had Legs, I’ll Kill You de Mary Bronstein, MaXXXine de Ti West, Mother Mary de David Lowery, The Front Room des frères Eggers (Sam & Max), Death of An Unicorn de Aaron Schimberg, pas plus que We Live in Time de John Crowley avec Florence Pugh et Andrew Garfield.
En 2023, au petit jeu des 100 films, la Quinzaine des Cinéastes de l’ère Rejl nous a bien joué des tours pour sa saison 1, pariant sur certains films complètement en dehors de tous les radars préparés avec des processus de production ultra-légers et très peu prolixe en communication. Le défi est lancé cette année pour débusquer ces pépites sans balises ni trompettes. Le gant remonté jusqu’à l’épaule.
Cannes 2024, vers une année record pour l’animation ?
La Quinzaine (encore elle) a déjà annoncé ces dernières semaines avoir pris le parti de renforcer son territoire de recherche sur les projets d’animation en draftant dans son comité de sélection Alex (fils de Michael, le papa de La Tortue rouge) Dudok de Wit. Sans dévoiler trop de détails, on peut déjà confirmer que le plateau cannois 2024, toutes sélections confondues, en matière d’animation s’annonce historique en nombre et en places de choix. Cela tranchera avec la famélique place accordée en 2023 avec seulement 4 films dont l’un des plus ambitieux rangé dans l’anonymat le plus total du Cinéma de la Plage…
Dernière interrogation et non des moindres : l’épineux sujet des productions en provenance d’Israël. Quelle place accorder à un film israélien « sélectionnable » s’il n’intègre pas d’une façon ou d’une autre la question palestinienne ?
Les « 100 films pour Cannes » dès le 1er avril
Allez quelques statistiques avant le week-end sur les 100 films pour Cannes 2024 à venir : 8 films d’animation (un record depuis le début des « 100 films »), 26 premiers films, 38 nationalités représentées, de bonnes nouvelles de certains territoires vivants et émergents (Canada, Somalie, Australie), et 2 films déjà présents sur la liste 2023 qui seront de retour sur nos prédictions 2024.
Les 100 films pour Cannes 2024, comment ça marche ?
Du 1er au 5 avril, retrouvez sur Wask un nouvel épisode chaque jour avec 20 nouveaux films dévoilés.
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Thomas Gastaldi
(mars 2024)