1er volet de la liste Wask des 100 films pour Cannes 2021
100
RIEN À FOUTRE
Emmanuel Marre & Julie Lecoustre (france) 1er film
Ce n’est pas seulement le titre de film le plus en phase avec le mood du moment, c’est aussi et surtout une des plus belles attentes du côté des (très nombreux) premiers films français. Depuis ses premiers courts et moyens métrages déjà multiprimés (on pense surtout à sa merveille du genre D’un château l’autre prix Jean Vigo, Emmanuel Marre, ici adjoint à la réalisation de Julie Lecoustre, poursuit un travail qui lui est propre avec une économie de moyens au moment du tournage. « Les comédiens s’habillent tout seuls, le chef op et l’ingénieur du son travaillent aussi seuls, sans éclairage, avec des micros HF, la préparation déco s’inscrit dans un dispositif documentaire, la costumière a un stock dans le quel on pioche juste avant de tourner. On ne veut pas frontière entre l’espace de jeu et la zone où l’équipe se place, comme si la caméra pouvait tourner à 360 degrès » indiquait-il dans les Cahiers du Cinéma en avril dernier. Dans Rien à foutre (ex Carpe Diem) le portrait de Cassandre, 26 ans, hôtesse de l’air dans une compagnie low-cost qui vit au jour le jour et passe de vol en fête sans lendemain à l’image du pseudo Tinder qu’elle s’est choisie « Carpe Diem ». C’est Adèle Exarchopoulos qui incarnera l’héroïne du film qui fait l’objet d’une belle bataille en parallèles.
potentiel // semaine de la critique
99
RANGJONG
Banjong Pisanthanakan & Na Hong-jin (thaïlande-corée du sud)
Il fait maintenant partie des figures incontournables de la génération dorée du pays du matin calme avec ses comparses Lee Chang-dong, Park Chan-wook ou Bong Joon-ho. Na Hong-Jin se présente à nouveau à nous, après deux références totales du genre The Chaser et The Strangers tous deux sélectionnés par l’Officielle précédemment, avec un projet atypique coréalisé avec le cinéaste thaïlandais Banjong Pisanthanakan, auteur de nombreux films très populaires là-bas. Même si on ne sait pas grand-chose du film, voir la team The Jokers déjà sur les rangs pour préparer l’atterrissage en France, inspire confiance.
potentiel // séance de minuit
98
THE INNOCENTS
Eskil Vogt (Norvège)
Voilà un film d’horreur pur et dur en provenance du grand nord et signé Eskil Vogt, très remarqué en 2014 avec Blind : un rêve éveillé. Le pitch de cette bluette ? Un groupe de jeunes enfants profitent de l’absence des adultes pour révéler des pouvoirs sombres et mystérieux. On propose « Baltic instinct » comme titre alternatif. Plaisir d’offrir…
potentiel // quinzaine des réalisateurs
97
TITANE
Julia Ducournau (france)
Voici venu le temps de l’après Grave. Julia Ducournau s’est donné les moyens de passer l’obstacle périlleux de la confirmation. Révélation incontestée de Cannes 2016 à la Semaine de la Critique, la cinéaste a séduit Vincent Lindon et Agathe Rousselle pour venir incarner l’histoire d’un père qui retrouve son enfant, le visage tuméfié après 10 ans d’absence, alors qu’au même moment, une série de meurtres macabres met les environs sous tension. On sait l’Officielle tenter de placer très haut le film avec la crainte d’envoyer au feu un nouveau Un couteau dans le cœur tant le genre (on l’annonce comme un savant mix entre le Crash de Cronenberg et un slasher movie lorgnant vers le gore à faire hurler) a dû mal à s’imposer en compétition.
potentiel // séance de minuit
96
ALI & AVA
Clio Barnard (grande-bretagne)
Quand on a commis l’un des plus grands films british de la décennie (The Selfish Giant découvert à la Quinzaine des Réalisateurs 2013), on scrute les nouveaux projets de Clio Barnard comme le lait sur le feu. Alors, même si la suite immédiate a pu quelque peu décevoir (Dark River avec Ruth Wilson en 2017), quand on a appris que la cinéaste préparait son troisième film de fiction à partir de l’un de nos Fassbinder préférés, Tous les autres s’appellent Ali, le retour en grâce nous paraît plus facile. Une histoire d’amour de deux êtres que tout oppose dans l’Angleterre d’aujourd’hui.
potentiel // un certain regard
95
SPLENDID ISOLATION
Urszula Antoniak (pologne)
Elle fait partie de ces grandes cinéastes qui n’ont pas encore eu la consécration à la mesure de leur singularité à l’instar de Joanna Hogg, Angela Schanelec ou Malgorzata Szumowska. Urszula Antoniak jouit d’une rumeur très laudative avec son nouveau Splendid Isolation qui résonne particulièrement dans la période actuelle : deux amantes vivent ensemble sur une île isolée quand elles sont contraintes de rester physiquement séparées l’une de l’autre quand un virus (!) vient contrarier la quiétude de façade. Leur isolement est rompu par l’arrivée d’une troisième personne immunisée, qui peut donc entrer en contact direct avec elles.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
94
LA LÉGENDE DU ROI CRABE
Alessio Rigo de Righi & Matteo Zoppis (italie) 1er film
Premier film de fiction des Italiens Alessio Rigo de Righi et Matteo Zoppis auteur du documentaire Il Solengo Grand Prix à Doclisboa en 2015. Pour ce passage en mode fiction, le duo s’est appuyé sur un récit populaire transalpin : à la fin du XIXe siècle, Luciano, fils du médecin d’un petit village d’Italie centrale, ivrogne et rebelle, tue accidentellement sa fiancée dans le conflit qui l’oppose au chef du village. Il se retrouve contraint à l’exil sur une île de la Terre de Feu, à l’extrême sud de l’Argentine. La recherche d’un trésor caché sur l’île devient pour lui l’occasion de se racheter. Après le Martin Eden de Pietro Marcello, Shellac compte poursuivre avec ce « Roi Crabe » son idylle avec le nouveau lyrisme social italien.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
93
CLARA SOLA
Nathalie Álvarez Mesén (costa-rica-suisse) 1er film
L’Officielle a jeté son dévolu sur le premier film de la suisse-costaricienne Nathalie Álvarez Mesén remarqué avec Filip court-métrage sous influence LGBTQ+. Les bonnes fées du programme Work in Progress du Festival Les Arcs se sont penchées sur Clara Sola au cours de son développement qualifié de « début enchanteur qui explore la sexualité et la spiritualité avec poésie et grâce, en franchissant les frontières entre le réalisme et la magie ». Le scénario est centré sur Clara, une femme de 40 ans menant une existence retirée et en relation intuitive avec la nature, ses proches étant fermement persuadés qu’elle a un lien particulier avec Dieu. En tant que guérisseuse, elle soutient donc une famille et un village qui ont besoin d’espoir. Mais la sexualité de Clara, qui a toujours été réprimée par sa mère, est stimulée par son attirance pour le nouveau petit ami de sa nièce. Cette force éveillée entraîne Clara dans un territoire inexploré, lui permettant de franchir des frontières, à la fois physiques et mystiques, et de se libérer progressivement de son rôle de sainte.
potentiel // un certain regard
92
LES AMOURS D’ANAÏS
Charline Bourgeois-Tacquet (france) 1er film
Premier film pour cette réalisatrice remarquée avec Pauline asservie (court dévoilé à la semaine de la critique en 2018 et mention spéciale à Clermont). Stéphane Demoustier produit. Anaïs Demoustier y incarne le rôle principal. La divine actrice de Alice et le Maire (déjà à l’œuvre dans son court-métrage) sera aux côtés de Valeria Bruni-Tedeschi et Denis Podalydès. Un trio de choix pour ce passage au long mis en image par Noé Bach (Les Enfants d’Isadora, La Terre des hommes) et annoncée comme une comédie sur les amours compliquées d’une trentenaire virevoltante soudainement troublée sur la femme de son amant.
potentiel // semaine de la critique
91
FACE À LA MER
Ely Dagher (Liban) 1er film
Chez The Party Film Sales, on mise beaucoup sur le premier film de ce lauréat de la palme d’or du court métrage en 2015. Une jeune femme d’une vingtaine d’années revenant chez ses parents à Beyrouth tente de se reconnecter avec son environnement après un séjour à l’étranger qui semble cacher une mauvaise expérience. Manal Issa (Peur de rien) tient l’affiche de ce premier long métrage remarqué favorablement pendant son développement à Premiers Plans d’Angers et au programme Final Cut de Venise.
potentiel // un certain regard
90
FRACTURES
Catherine Corsini (france)
Après l’immense incursion dans l’univers de Christine Angot avec Un amour impossible c’est aux côtés de Laurette Polmanss et Agnès Feuvre que Catherine Corsini a décidé d’écrire l’histoire d’un couple au bord de la rupture formé par Marina Foïs et Valéria Bruni-Tedeschi. Quand elles se retrouvent, au soir d’une grande manifestation parisienne, dans un service d’urgences au bord de l’asphyxie, l’ambiance du personnel débordé et des manifestants blessés et en colère vont faire voler en éclats les certitudes et les préjugés des deux femmes. Sans compter sur leur rencontre avec Yann (Pio Marmaï), l’un des manifestants blessés. À l’extérieur, la tension monte, l’hôpital assiégé. La nuit va être longue.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
89
MOSES ON THE PAIN
Ji Zhang (chine) 1er film
C’est l’une des grandes promesses chinoises repérée par Diao Yi’nan lui-même (Black Coal, Le Lac aux oies sauvages), d’ailleurs crédité à la production, et qui a soufflé naturellement son nom à Alexandre Mallet-Guy chez Memento. Pour son premier long métrage, le cinéaste Ji Zhang a enrôlé la nouvelle coqueluche du cinéma chinois, l’actrice Donguy Zhou. Moses on the pain est l’adaptation du roman éponyme de Shuang Xue Tao (qui participe au script) : l’histoire d’un jeune flic qui doit résoudre le meurtre d’un chauffeur de taxi, affaire vieille de 12 ans et qui, peu à peu, trouve dans l’enquête de plus en plus de résonances avec sa vie personnelle.
potentiel // un certain regard
88
LE QUAI DE OUISTREHAM
Emmanuel Carrère (france)
Une place à la quinzaine en poche (mais non plus à l’ouverture comme pressentie depuis plusieurs semaines), c’est avec Juliette Binoche que l’auteur Emmanuel Carrère a souhaité adapté le récit autobiographique éponyme de Florence Aubenas. L’écrivaine Marianne Winckler décide de se transformer en demandeuse d’emploi. Durant six mois, elle partage le quotidien de femmes qui alternent emplois précaires et périodes de chômage.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
87
PIG
Michael Samoski (états-unis) 1er film
Nicolas Cage en guest de poids sur la Croisette ? La dernière fois remonte à 2016 quand la quinzaine invitait dans un relatif anonymat le Dog Eat Dog de Paul Schrader. Cette année bruisse le rutilant Pig de Michael Samoski : un chasseur de truffes vit en ermite dans la nature sauvage de l’Oregon, quand l’enlèvement de son cochon de chasse (!) le pousse dans une quête vers Portland où les démons du passé vont ressurgir. Un film dans lequel on retrouvera aussi le jeune Alex Wolff (Hérédité) et à qui le mastodonte de la distribution américain Neon cherche la meilleure trajectoire possible…
potentiel // séance de minuit
86
THE OWNER
Yury Bykov (russie)
À l’ombre des nouveaux tsars contemporains (Andrei Zviaguintsev, Sergei Loznista, Kantemir Balagov), Yury Bykov poursuit dans son couloir de nage une filmographie de grande facture fidèle à la tradition formelle russe de haut vol. Après un passage remarqué à la semaine de la critique en 2013 (The Mayor), on ne sait que peu de choses de The Owner, son nouveau projet placé sous la protection d’une équipe de coproducteurs internationaux de référence (derrière Leto, Roma ou le prochain Ruben Östlund) et le soutien de la plateforme russe de streaming Kinopoisk.
potentiel // un certain regard
85
ROSY
Marine Barnerias (france) 1er film
Elle n’a que 21 ans quand elle apprend en 2015 qu’elle est atteinte d’une sclérose en plaques. Au lieu de s’appesantir, elle en accepte l’augure et va jusqu’à la personnaliser la prénommant « Rose ». Après un trip sac à dos en solitaire de la Nouvelle-Zélande à la Birmanie, Marine Barnerias connaît une petite notoriété qui l’amène à raconter son histoire dans un livre, ou à la télévision face à Frédéric Lopez, avant de poursuivre sa carrière sur les chaînes locales de France 3 en tant qu’animatrice-productrice de formats tournés vers la nature et le littoral. « Sans cette maladie, je serais passée à côté de ma vie », c’est fort de cette maxime qu’elle est repérée sur Facebook par Mathieu Chedid et s’engage dans la production d’un documentaire cinéma avec My Box Productions (À voie haute). Gaumont aurait déjà un storytelling clé en main, et espèrerait le propulser à Cannes pour en faire le feel-good movie de l’année.
potentiel // sélection officielle – séance spéciale
84
JE VOUDRAIS PARLER DE DURAS
Claire Simon (france)
Ses retours à la fiction sont toujours scrutés de près dans ces colonnes. Avec Je voudrais parler de Duras, avec Emmanuelle Devos, Swann Arlaud, et Christophe Paou (L’Inconnu du lac et bientôt dans le très attendu Oranges sanguines de Jean-Christophe Meurisse dont on parlera plus haut dans la liste), Claire Simon adapte l’ouvrage éponyme de Yann Andréa. En 1982, il vit avec Duras depuis maintenant deux ans, quand il demande à Michèle Manceaux de l’interviewer sur sa vie avec elle, une passion qui les lie à la vie à la mort, l’exalte et le rend fou.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
83
ZAHORÍ
Mari Alessandrini (argentine) 1er film
Lauréate du Leopard d’or du fastueux programme Films After Tomorrow de Locarno l’été dernier, la réalisatrice argentine Mari Alessandrini, suisse d’adoption après des études à la prestigieuse HEAD de Genève, Zahorí s’inspire de l’enfance de la réalisatrice. Située dans la steppe patagonienne, ce premier film porté en résidence à la Cinéfondation en 2015 raconte l’amitié entre une enfant de 13 ans d’origine helvétique est un vieil indien mapuche.
potentiel // sélection officielle – séance spéciale
82
LA COLLINE OÙ RUGISSENT LES LIONNES
Luàna Bajrami (kosovo) 1er film
Dans le monumental Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, il y avait Noémie Merlant (dont on reparlera), Adèle Haenel et… Luàna Bajrami. Le jeune actrice originaire du Kosovo a eu du nez pour profiter de son été 2019 pour tourner son premier long métrage. Dans La Colline où rugissent les lionnes, Qe, Li et Jeta, trois amies qui, se sentant sans aucun avenir, décident pour transformer leur quotidien de créer leur propre gang. Un projet déjà présent dans la liste Wask 2020 resté au chaud avec pas mal d’autres sur les étagères bien garnies.
potentiel // quinzaine des réalisateurs
81
SIMONE – LE VOYAGE DU SIÈCLE
Olivier Dahan (france)
Ecrit par Olivier Dahan, la journaliste Vanessa Schneider et Isabelle Sobelman, le scénario s’articule autour d’une injonction maternelle : « Toi aussi tu feras des études. Tu seras indépendante, tu entends ? Les femmes doivent être indépendantes et travailler… Comme Louise Weiss. » Son éducation profondément laïque et l’amour inconditionnel que lui porte sa mère, qui lui transmet très tôt des valeurs féministes, contribuent à forger le caractère de Simone. Simone c’est Simone Veil incarnée par Elsa Zylberstein et entourée de Judith Chemla, Olivier Gourmet, Elodie Bouchez et Sylvie Testud. Jusqu’à encore très récemment, Warner tenait tout particulièrement à forcer le passage pour trouver une place hors compétition pour le nouveau film d’Olivier Dahan (La Môme) sur la figure iconique Simone Veil. Le très récent report de la sortie France en février 2022 a quelque peu douché cette hypothèse. Pas sûr pour autant qu’on en est fini avec le film à Cannes 2021 qui fera certainement beaucoup parlé de lui dans les travées du Marché.
potentiel // hors compétition