Le point sur les derniers échos cannois à la veille des premières annonces officielles
C’est un grand râle de soulagement qui a parcouru la planète cinéma hier soir, au moment du souper, quand les téléscripteurs du monde entier ont crépité d’un laconique « CONFIRMÉ : Megalopolis de Francis Ford Coppola projeté en compétition à Cannes le vendredi 17 mai » ! En quelques minutes, tous les gros médias nord-américains confirmaient la sensation, adoubée dans la nuit par le principal intéressé dans une story Instagram. Les temps ont drôlement changé…
Thierry Frémaux tient son événement. Cannes – 77 du nom – a réussi à raccrocher à son wagon-lit le titre qui vampirisait tous les esprits chagrins durant la (longue) campagne pré-cannoise cette année ! Réservez le bus de Wes Anderson, celui qui se gara en bas des marches du Palais en 2021 pour « lâcher » l’armée mexicaine de The French Dispatch. Il faudra bien au moins ça si le cast triple XXXL de Megalopolis fait le voyage sur la Croisette ! Quelque soit l’accueil que recevra le film, le retour de Coppola en sélection officielle, 45 ans après Apocalypse Now (sa deuxième palme d’or), et qui plus est, en compétition, quelle drôle de sensation.
Matthew Rankin et Minh Quy Truong, premières secousses attendues
Depuis la fin du dévoilement sur Wask des « 100 films pour Cannes 2024 », plusieurs films listés ont validé leur ticket d’entrée pour la Croisette. Commençons par deux de nos plus grandes attentes, Une langue universelle du Canadien Matthew Rankin et surtout Viet and Nam premier film de Minh Quy Truong qui voudra prolonger la belle idylle du Viet Nam avec la caméra d’or après L’Arbre aux papillons d’or l’année passée !
Après les confirmations des premières annonces de l’Officielle hors compétition, Le Deuxième acte de Quentin Dupieux en ouverture et le premier volet du western Horizon – An American Saga de Kevin Costner, et d’autres films tamponnés « Wask 2024 » ont eux aussi leur billet d’entrée – et en vous laissant bien le soin de deviner dans quelle section ils se retrouveront – à commencer, par ordre alphabétique, par notre numéro uno Bird d’Andrea Arnold, avantageusement accompagné par Emilia Perez de Jacques Audiard, C’est pas moi de Leos Carax, Les Linceuls de David Cronenberg, Spectateurs ! d’Arnaud Desplechin, Ma vie ma gueule de Sophie Fillières, Grand Tour de Miguel Gomes, Miséricorde d’Alain Guiraudie The Village Next to Paradise de Mo Harawe, All We Imagine as Light de Payal Kapadia, Le Chemin du serpent de Kiyoshi Kurosawa, Les Reines du drame d’Alexis Langlois, Kind of Kindness de Yorgos Lanthimos, Hard Truths de Mike Leigh, Lou Ye avec son documentaire hybride sur fond de pandémie covid, La Prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy, Les Damnés de Roberto Minervini, My Sunshine de Hiroshi Okuyama, The Nickel Boys de RaMell Ross, Diamant brut d’Agathe Riedinger, Je suis encore là de Walter Salles, Parthenope de Paolo Sorrentino, Volvereis de Jonas Trueba, Harvest d’Athina Rachel Tsangari, The Girl With the Needle de Magnus von Horn et La Belle de Gaza de Yolande Zauberman.
Un autre qui ne sait plus du tout où donner de la tête, l’exilé russe de génie Kirill Serebrennikov, prêt à la bataille avec deux projets monstres, Limonov, The Ballad of Eddie et La Disparition (sur Joseph Mengele), courtisés par Cannes et Venise. À l’heure d’écrire ces lignes, tous les scénarios, même les plus fous, sont encore sur la table.
Parmi les cinéastes passés à travers le tami « waskien » mais qui feront aussi partie de la fête en mai prochain citons en vrac Ali Abbasi, Sean Baker, l’excitant retour aux affaires du réal de Ham on Rye Tyler Taormina, Peter Chan et les nouvelles têtes Carson Lund, Nada Riyadh, Balint Sos, le Singapourien Chiang Wei Lang, le Taïwanais Keff et le premier film derrière la caméra de l’actrice Ariane Labed. Auxquels, il faudra prévoir, toutes sélections confondues, une belle moisson de projets tout droit venus du Brésil (Karim Aïnouz en tête) et de la certes menacée mais foisonnante Argentine…
Et alors que le flou demeure entier quant au sort réservé à l’incroyable offre de films d’animation (malgré les fortes chances d’y retrouver au moins La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius et le Japonais Anzu, chat-fantôme), avant de refermer pour de bon cette bonne vieille période des « 100 films pour Cannes », impossible de spéculer sérieusement, avant que la nuit tombe sur la rue Charlot, sur l’interminable liste des derniers représentants français qui réussiront à franchir le cut parmi Emmanuelle d’Audrey Diwan, Les Femmes au balcon de Noémie Merlant, Animale d’Emma Benestan, Les Pistolets en plastique de Jean-Christophe Meurisse, À son image de Thierry de Peretti, Le Procès du chien de Laetitia Dosch, Oxana de Charlène Favier, La Chambre de Mariana d’Emannuel Finkiel, Marcello Mio de Christophe Honoré, Le Roman de Jim des frères Larrieu, L’Amour ouf de Gilles Lellouche, Dans la cuisine des Nguyen de Stéphane Ly-Cuong, Les Fantômes de Jonathan Millet, L’Histoire de Souleymane de Boris Lojkine, Une honnête femme d’Emmanuel Mouret, Maria de Jessica Palud, Les Arènes de Camille Perton, Planète B d’Aude Léa Rapin, Toutes pour une de Houda Benyamina, Niki de Céline Salette, Zenithal de Jean-Baptiste Saurel, ni sur le sort réservé à deux de nos plus grosses attentes internationales à savoir We Shall Be All de Jia Zhang-ke et Rumours Guy Maddin.
Premières réponses demain avec la Sélection Officielle qui sera dévoilée à partir de 11h, avant la Semaine de la Critique lundi 15 avril, l’ACID Cannes mardi 16 avril à 9h et la Quinzaine des Cinéastes le même jour à partir de 11h. À vous les studios.
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Thomas Gastaldi
(avril 2024)