Dernier volet de la liste Wask des 100 films pour Cannes 2024
20
L’AMOUR OUF
Gilles Lellouche (france)
Plus de 30 millions d’euros de budget, et les producteurs à succès Hugo Sélignac (Chi-fou-mi) et Alain Attal (Trésor Films) aux manettes, on ne se risque pas à dire que L’Amour ouf (« Beating Hearts » in english) sera l’un des plus gros enjeux du cinéma français cette année. Pour Gilles Lellouche, c’est le projet de sa vie. Coécrite avec Ahmed Halimi (déjà à l’oeuvre sur Le grand bain) et Audrey Diwan, cette histoire d’amour depuis l’adolescence, entre François Civil et Adèle Exarchopoulos, s’étire sur 20 ans entre les années 1970 et 1990. Hugo Sélignac, qui n’a pas assez de mots laudateurs pour parler du projet et de son ambition, « cela va être un immense d’amour, musical et violent, qui réunit et joue avec de nombreux genres… un total roller-coaster émotionnel ! », a laissé filtrer que le montage pourrait dépasser les 3 heures, construit en 2 parties, la première pour suivre les deux héros de 15 à 17 ans, et la deuxième quand les personnages de Clotaire et Jackie ont la trentaine. Un parterre de stars complètent la distribution : Elodie Bouchez, Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Raphaël Quenard, Anthony Bajon, Karim Leklou et Jean-Pascal Zadi, alors que l’on a pu lire que les parties musicales seront chorégraphiés par le trio de (La) Horde. L’histoire commence dans le nord-est de la France avec deux adolescents qui tombent follement amoureux, une fille issue d’une famille bourgeoise et un garçon issu d’une famille ouvrière. Leur histoire d’amour est rapidement vouée à l’échec puisque le garçon devient un criminel et passe 12 ans en prison.
potentiel // hors compétition
19
SUNSHINE CLUB
Wei Shujun (chine)
Wei Shujun va pouvoir bientôt qualifier Hong Sang-soo et Quentin Dupieux de « petit joueur ». Le réalisateur de Only The River Flows, polar découvert à Debussy l’an dernier en sélection Un Certain Regard, et dont la sortie en France est datée au 5 juin prochain par Ad Vitam, n’a pas un, n’a pas deux, mais TROIS films terminés ou en passe de l’être à quelques encablures des premières annonces cannoise ! Parmi eux, le favori poussé par l’équipe du cinéaste chinois s’appelle Sunshine Club (traduction littérale), un projet de long métrage sur une mère élevant seule son fils.
potentiel // compétition
18
THE END
Joshua Oppenheimer (états-unis)
Le film est terminé et entre les mains de Thierry Frémaux pour juger de le placer ou non dans la catégorie reine de la sélection officielle. Il faut dire que les nouveaux travaux du natif de Washington D.C. après le diptyque encensé The Act of Killing (2012) et The Look of Silence (2014) sont ultra-attendus. Pour The End, sa première incursion à la fiction, Joshua Oppenheimer a voulu faire les choses en grand avec un « film musical apocalyptique ». Avec une distribution menée par Tilda Swinton et George MacKay, cette comédie musicale (le nom des auteurs-compositeurs n’a pas filtré) suit une famille aisée qui vit dans un bunker souterrain deux décennies après la fin du monde… Quand on sait qu’Oppenheimer n’a de cesse de citer comme points de référence le minimalisme des pièces de Beckett comme « Happy Days », et la fantaisie enjouée de Jacques Demy dans Les parapluies de Cherbourg…
potentiel // compétition
17 ex æquo
LA PRISONNIÈRE DE BORDEAUX
Patricia Mazuy (france)
Les retrouvailles entre Patricia Mazuy et Isabelle Huppert, deux décennies après Saint-Cyr, viennent déjà de gagner un nouveau titre (après « Portraits trompeurs » puis « Les Prisonnières »). Avec, face à queen Zaza, l’indispensable Hafsia Herzi, le film, coécrit avec Bégaudeau et Pierre Courrège, La Prisonnière de Bordeaux raconte l’amitié improbable entre deux femmes dont les maris sont en prison. Une rencontre dans les sas des parloirs entre une jeune mère courage et une bourgeoise raffinée. La tendance le voit dans une veine plus « mainstream » que le cinéma récent de la grande cinéaste française.
potentiel // compétition
17 ex æquo
SPECTATEURS !
Arnaud Desplechin (france)
Quand Arnaud Desplechin s’empare de la « salle de cinéma » comme cadre de son treizième film, il se questionne, et nous avec, à se demander « que signifie aller au cinéma ? » et « pourquoi les gens y vont-ils depuis plus de cent ans ? ». Comme une antithèse des logiques impétrantes des plateformes les plus prédatrices, on attend du cinéaste de Rois et reine et Esther Kahn une célébration des salles obscures. « J’ai mis mes pas dans ceux du jeune Paul Dédalus, comme dans le récit d’un passage à l’âge adulte d’un cinéphile » prévient-il dans une promesse de souvenirs, de fictions et de découvertes mêlées dans un irrépressible torrent d’images… Desplechin a confié le rôle au jeune « Daniel » du palmé Anatomie d’une chute, Milo Machado-Graner, qui y croisera Mathieu Amalric, Françoise Lebrun, Micha Lescot et Salif Cissé (révélation chez Brac dans À l’abordage).
potentiel // compétition
16
ON A BECOMING A GUINEA FOWL
Rungano Nyoni (zambie, grande-bretagne)
La Zambienne Rungano Nyoni a connu les dorures de Cannes déjà en 2014 (son court Listen en compétition) puis en 2017 via la Quinzaine, lieu de découverte de son premier film I Am Not a Witch, avant de s’attarder toute la durée du festival en 2023 en tant que membre émérite du jury officiel de Ruben Östlund. Même si certaines rumeurs ont laissé entendre que l’état-major américain de A24 n’avait pas prévu de grandes manoeuvres vers Cannes pour cette édition (ils conservent les ventes internationales du film), on voit mal On A Becoming A Guinea Fowl échapper à une première cannoise. Propulsé par la maison irlandaise Element Pictures (on leur doit des morceaux de choix comme The Eternal Daughter et The Favourite) qui a réussi jusque-là à cacher les détails, gageons que cette stratégie l’enverra au sommet de l’échiquier cannois.
potentiel // compétition
15
HORIZON: AN AMERICAN SAGA – CHAPITRES 1 & 2
Kevin Costner (états-unis)
On a beau le tourner dans tous les sens, les projets à fort potentiel « événement » ne sont pas légion cette année. Quand on a su que la Warner préparait un lancement mi-2024 en grande pompe de Horizon: An American Saga (chap. 1 & 2) le retour de Kevin Costner au western en mode majuscule et grand spectacle, on y a vu une cible toute trouvée pour faire sensation sur la Croisette. La danse du ventre est activée pour tenter le grand Studio de débarquer en majesté pour une présentation cousue main. Avec en sus un « Hommage » ou une traditionnelle « Leçon de cinéma », tout reste ouvert pour que le 77ème Festival de Cannes puisse rendre grâce à la star sanctifiée de Danse avec les loups. Cinématographiquement parlant, ce sera les retrouvailles avec un réalisateur pour la première fois depuis 21 ans (Open Range) dont l’ambition est de « ramener son pays à ses racines ». Couvrant les quatre années de la guerre civile, de 1861 à 1865, le film promet un voyage émotionnel à travers un pays en guerre contre lui-même, vécu à travers le prisme de familles, d’amis et d’ennemis qui tentent tous de découvrir ce que signifie vraiment être les États-Unis d’Amérique. » Avec Kevin Costner, Sienna Miller et Sam Worthington.
potentiel // hors compétition
14
HOPE
Na Hong-jin (corée du sud)
Quatrième film très attendu après The Chaser, The Murderer et The Strangers, le coréen n’a plus donné de nouvelles de longs métrages depuis 2016 ! Tourné en grande partie en coréen, Hope suivra les habitants de Hopo Port, où une mystérieuse découverte est faite à la périphérie de la ville portuaire isolée. Très vite, les habitants se retrouvent dans une lutte désespérée pour leur survie contre quelque chose qu’ils n’ont jamais rencontré auparavant. Dans cet univers hostile, un couple d’américains surgit. Avec Michael Fassbender et Alicia Vikander dans les deux rôles-titres et le chef op de Burning et Parasite (Hong Kyung-pyo), déjà à la manoeuvre sur The Strangers, le projet fait partie des films asiatiques les plus enviés de l’année à venir.
potentiel // compétition
13
MISÉRICORDE
Alain Guiraudie (france)
Tourné très tardivement fin 2023, certains doutes subsistaient encore sur une livraison à temps du dernier Guiraudie en date. Ce doute levé (en atteste le premier still dévoilé en exclusivité pour Wask), le puissant attelage CG Cinema-Les Films du Losange a Cannes dans le viseur pour le 7e film du réalisateur de L’Inconnu du lac. Jérémie retourne à Saint-Martial dans le Massif central pour assister aux funérailles d’un vieil ami. Dans ce village plein de non-dits, il va se confronter à la rumeur et aux soupçons, jusqu’à commettre l’irréparable et se retrouver au cœur d’une enquête policière. C’est la référence du genre, Claire Mathon, qui règne sur la photo du film avec Félix Kysyl (Le Redoutable), Catherine Frot, Jacques Develay, Jean-Baptiste Durand (le réalisateur de Chien de la casse) et David Ayala.
potentiel // compétition
12
QUEER
Luca Guadagnino (italie)
Il a longtemps oscillé « in & out » de la liste 2024 pendant tout le long du processus de « sélection » des 100 films Wask 2024. La dernière tendance pousse à rattraper in extremis Queer, le nouveau film de Luca Guadagnino, sur les tablettes de l’Officielle pour en faire l’un des événements de la sélection officielle 2024. Il faut dire que l’affiche est belle. Drame queer mis en musique par Trent Reznor et Atticus Ross et inspiré d’une nouvelle de William S. Burroughs avec Daniel Craig, Jason Schwartzman, Lesley Manville et Drex Starkey, le film suit l’histoire de Lee, un homme qui pour tromper l’ennui de son quotidien morose se prend de fascination pour Allerton, un ancien employé de la marine tombé dans la dope. Pour l’occasion, les studios Cinecittà de Rome ont été transformés en un Mexico City vérolé par la drogue.
potentiel // compétition
11
LES DAMNÉS
Roberto Minervini (italie)
En gestation depuis des années, j’ai eu l’occasion dans une autre vie de juger sur pièce de l’ambition folle du nouveau projet de Roberto Minervini. Ce n’est qu’il y a quelques jours à peine que j’ai été mis dans la confidence que cette coproduction franco-italienne avec Thomas Ordonneau pour Shellac Sud et Paolo Benzi chez Okta Film à la manoeuvre, avec les Belges de Michigan Films (le même trio que sur Gigi la legge le dernier Alessandro Comodin en date) était fin prêt. Si Cannes passe à côté, nul doute que Les Damnés créera l’événement dans n’importe quel festival qui réussira à attirer sa première mondiale cette année. Figure du documentaire contemporain, et obsessionnel compulsif de l’histoire de l’Amérique à travers les époques, l’Italien, installé aux Etats-Unis depuis des lustres, s’est fait une place de choix chez les cinéphiles de tout poil avec des oeuvres majeures à la lisière du doc et de la fiction comme The Other Side ou Stop The Founding Heart. Pour plonger dans la guerre de Sécession, il revient (ENFIN) à une fiction pure ! Nous sommes en 1862 à Tucson, Arizona. Huit soldats de la cavalerie de l’Union et un éclaireur du premier régiment de cavalerie de Californie effectuent une patrouille dans la région de Picacho Peak, à la recherche d’une petit unité de Confédérés ennemis signalés dans les environs.
potentiel // un certain regard
10
UNE HONNÊTE FEMME
Emmanuel Mouret (france)
D’un côté, trois femmes se posent des questions sur leur bonheur. De l’autre, un prof profite d’une mutation pour se rapprocher de sa fille. Vous m’emballez le tout avec des incarnations nommées Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair et Damien Bonnard, et vous avez le douzième film d’Emmanuel Mouret, Une honnête femme. Si on imagine parfaitement Bonnard rentrer comme dans des chaussons dans le cinéma délicat du cinéaste de Les Choses qu’on dit, Les Choses qu’on fait, l’impatience est grande d’y voir naviguer la tornade Camille Cottin, dans ces variations du sentiment amoureux comme seul Mouret sait les écrire et les filmer.
potentiel // quinzaine des cinéastes
9
UNE PART MANQUANTE
Guillaume Senez (belgique)
Vous avez bien compté. Une part manquante est le sixième (et dernier) film belge à passer le tami des 100 films Wask pour Cannes 2024. Tout en haut de nos attentes outre-Quiévrain, se loge le troisième film de Guillaume Senez (Keeper). Neuf ans après le poignant Nos batailles (révélé à Cannes du côté de la Semaine de la critique), le cinéaste s’est envolé au japon dresser le destin fracturé de Jay. Tous les jours, il parcourt Tokyo au volant de son taxi à la recherche de sa fille, Lily. Séparé depuis 9 ans, il n’a jamais pu obtenir sa garde. Alors qu’il a cessé d’espérer la revoir et qu’il s’apprête à rentrer en France, Lily entre dans son taxi, mais elle ne le reconnait pas… Senez y reprend ses thèmes de prédilection et évoque un phénomène de société japonais méconnu, celui qui voit de nombreux divorces mener à la rupture quasi totale des liens avec l’un des deux parents, phénomène décuplé avec les couples mixtes. Senez y retrouve Romain Duris (déjà dans Nos batailles) et Judith Chemla.
potentiel // compétition
8
LES LINCEULS
David Cronenberg (canada)
Une autre prise certaine en compétition, j’ai nommé le cru 2024 de David Cronenberg. Réputé « moins raide » que le précédent Les Crimes du futur, Les Linceuls s’annonce comme son film le plus personnel. En 2017, disparaît sa chère Carolyn Zeifman après 40 années de vie commune. Ce trauma lui donne l’idée d’une histoire en tout point « cronenberguienne » : un veuf éploré, homme d’affaires innovant, fait construire un dispositif permettant de communiquer avec les morts à l’intérieur d’un linceul funéraire. L’invention devient un business qui permet aux clients la possibilité de suivre en temps réel la décomposition des corps de leurs proches. Quand plusieurs tombes viennent à être vandalisées, le mystère s’installe… D’abord refusé par Netflix pour en faire une mini-série, c’est Said Ben Said pour SBS qui s’enthousiasme pour le produire en format long métrage. Vincent Cassel accepte ce (premier) rôle très spécial. Et quand Léa Seydoux décline le projet (elle raconte que « deux acteurs français parlant anglais dans un projet de ce type, si bien écrit, cela me paraissait un peu bizarre »), c’est Diane Kruger qui reprend le flambeau (Guy Pearce complète la distribution). Récemment, Said Ben Said précisait que « Diane Kruger y interprète 3 personnages différents, 2 sœurs et 1 avatar, et déploie un immense génie dramatique ». Roxane Arnold et l’équipe chez Pyramide ont déjà calé la sortie française le 25 septembre prochain.
potentiel // compétition
7
EMILIA PEREZ
Jacques Audiard (france)
Sans trahir de secret, c’est le premier titre à avoir été coché « label Cannes 2024 » au début des investigations. Le projet pue le festival à plein nez : un réalisateur fidèle et palmé qui s’aventure sur un genre nouveau, un casting constellé de stars internationales et de nouvelles têtes inspirantes… Emilia Perez ne peut pas rater la Croisette. À l’heure d’écrire ses lignes, sa place en compétition n’est pas encore assurée (comme un peu TOUS les projets « français » à subir l’attente le couperet de la nuit du 10 au 11 avril dit « des longs couteaux français »). Le cinéaste de Dheepan et Un prophète retrouve Thomas Bidegain pour la coécriture de cette comédie musicale dans le milieu des narco-traficants mexicains. C’est l’histoire de Rita, une femme travaillant dans une grande entreprise au Mexique, et chargée d’aider le redoutable chef de cartel Juan « Petites Mains » Del Monte à se retirer de ses affaires et à disparaître pour devenir la femme qu’il a toujours rêvé d’être : Emilia Pérez. Le rôle-titre a été confié à l’artiste trans Karla Sofia Gascón, avec pour l’accompagner Zoé Saldana, Selena Gomez, Edgar Ramirez, et la chanteuse Camille aux manettes du score et des chansons.
potentiel // hors compétition
6
MEMOIR OF A SNAIL
Adam Elliot (australie)
Promesse tenue dans le prologue de ces 100 films pour Cannes 2024. L’animation est en fête à tous les étages, jusqu’à truster la sixième place du classement avec Memoir of A Snail d’Adam Elliot. La réputation du créateur australien n’est plus à faire dans l’univers du stop-motion depuis son Oscar pour le court Harvie Krumpet et son passage au long réussi (Mary and Max.) en 2009 avec son fabuleux cortège de voix Toni Collette, Philip Seymour Hoffman, Barry Humphries et Eric Bana. Si celui qui a revêtu le costume vert pour Ang Lee renouvellera l’expérience dans Memoir of a Snail, ses nouveaux comparses se nomment Dominique Pinon et surtout la star de la série Succession Sarah Snook (la fille préférée « Shiv Roy ») créditée comme la « narratrice et voix-titre ». Elle y composera Grace Puddle, dans une Australie des années 1970. Lorsque sa famille se déchire et qu’elle est séparée de son frère jumeau, elle se retrouve dans une spirale d’anxiété et de dépression jusqu’à ce que sa vie reprenne des couleurs et de l’espoir lorsqu’elle se lie d’une amitié durable avec une vieille femme excentrique appelée Pinky.
potentiel // compétition
5
RUMOURS
Guy Maddin (canada)
Les sept dirigeants des démocraties libérales, réunis pour leur sommet annuel du G7, se perdent dans les bois et sont confrontés à des dangers croissants alors qu’ils tentent de rédiger une déclaration provisoire concernant une crise mondiale. C’est le topo annoncé pour Rumours de l’inclassable et hors norme artisan d’images canadien Guy Maddin, dont on espère voir le travail à Cannes après avoir rassemblé un cast international de très haute volée avec l’Australo-américaine Cate Blanchett, la Suédoise Alicia Vikander, le Français Denis Ménochet et le fabuleux Serbe Zlatko Buric (le russe hilarant sur le bateau de Sans Filtre de Ruben Östlund).
potentiel // compétition
4
LIMONOV, THE BALLAD OF EDDIE
Kirill Serebrennikov (russie)
Il fallait choisir UN SEUL Serebrennikov. La puissante tutelle de Pathé/Chapter 2 de Dimitri Rassam nous fait dire que Limonov, The Ballad of Eddie tient la corde pour pousser les portes de Cannes 2024 (l’artiste russe génial et protéiforme a aussi son projet sur « Joseph Mengele » avec August Diehl prêt à sortir des fourneaux …. !!!). Le film, inspiré du best-seller d’Emmanuel Carrère (adaptée notamment par Pawel Pawlikowski), voit en l’auteur russe militant révolutionnaire, tout à la fois voyou, écrivain clandestin, majordome d’un millionnaire de Manhattan, bandit-poète à cran d’arrêt, amoureux des belles femmes, belliciste et agitateur politique voire même romancier qui a écrit sur sa propre grandeur. C’est la promesse d’un voyage à travers la Russie, l’Amérique et l’Europe durant la seconde moitié du XXe siècle. Pour incarner Limonov le Britannique Ben Whishaw, avec Viktoria Miroshnichenko remarquée dans Une grande fille (de Kantemir Balagov) pour l’accompagner.
potentiel // compétition
3
GRAND TOUR
Miguel Gomes (portugal)
Après pas mal de temps consacré à la vie de famille et au cinéma à deux avec Maureen Fazendeiro (Journal de Tûoa), Grand Tour signe le retour aux affaires en solo pour le Portugais. Une bonne nouvelle pour les nostalgiques de Tabou et des Milles et une nuits, ce nouvel opus promet un voyage total. Très contrarié par la crise covid, Grand Tour a pu se terminer ces dernières semaines. Le film débute à Rangoon, en Birmanie, en 1917. Edward, fonctionnaire de l’Empire britannique, fuit sa fiancée Molly le jour où elle arrive pour se marier. Au cours de son voyage, la panique fait place à la mélancolie. Contemplant le vide de son existence, le lâche Edward se demande ce qu’est devenue Molly… Pourtant, Molly, déterminée à se marier et amusée par son geste, le suit à la trace dans ce grand tour d’Asie. Mais côté coulisses on est loin d’un long fleuve tranquille. Miguel Gomes a tourné avant le Covid en Birmanie en 16 mm le voyage de ses personnages « une sorte de found footage du présent qui servira à établir des liens avec ce qui se passe dans le passé, en 1918, dans une Asie imaginaire recréée en studio, souhaitant créer une continuité entre le studio et le monde, entre 1918 et 2020, pour faire naître au montage un temps cinématographique. » raconte-t-il. Ce voyage initiatique est passé de Myanmar à Singapour, en traversant la Thaïlande, le Vietnam, les Philippines et le Japon… Mais début 2020 au moment d’embarquer vers Shanghai et filmer le dernier segment « chinois », le lockdown mondial tombe. Gomes raconte dans les Cahiers du Cinéma comment ce dernier segment a pu se tourner à distance « las d’attendre que le gouvernement chinois cesse la politique zéro covid, nous nous lançons début 2022 dans le plus étrange des tournages, à distance, nous sommes quatre à Lisbonne et nous nous retrouvons chaque jour, à minuit, dans une maison louée pour l’occasion. À des milliers de kilomètres une équipe chinoise va parcourir les 3 500 km qui manquent pour compléter le voyage commencé deux ans plus tôt. Ce dernier segment commence à Shanghai et se termine dans la province du Sichuan, très proche du Tibet. Sur la table du salon, à Lisbonne, se trouve la technologie qui nous sert d’yeux et d’oreilles en Chine. Un moniteur transmet les images captées par le téléphone de l’assistant de réalisation chinois, ce qui me permet d’avoir une vision globale de l’espace. Etrangement, tout se passe bien. Je parviens toujours à choisir la position de la caméra et à diriger le plan comme si j’étais sur le plateau. » C’est en studio que le tournage se termine sans un seul trucage numérique début 2023 avec une trentaine de décors différents : forêts de bambou en Chine, jungles thaïlandaises, temple enneigé au Japon, Palais de Bangkok, port birman, demeure seigneuriale au Vietnam, bateau sur le fleuve Yangtzé. On peut s’attendre au meilleur avec un filmeur comme Gomes. Que Grand Tour célèbre le romantisme échevelé confronté aux zones obscures de l’histoire, avec Crista Alfaite dans le rôle de l’épouse abandonnée à la poursuite de Gonçalo Waddington son son fonctionnaire de fiancé en fuite.
potentiel // compétition
2
MEGALOPOLIS
Francis Ford Coppola (états-unis)
Plus les jours avancent, et plus les chances de retrouver Megalopolis à Cannes prennent de l’épaisseur. Les blockbusters « d’auteur » dont Cannes raffole ne sont pas légion et celui-ci fait office d’épouvantail tant tous les projecteurs sont braqués sur lui dans l’attente fébrile du plateau final du 77ème Festival de Cannes. À chaque micro-news sur le film, ou l’annonce/intox d’une projection secrète à L.A., Londres, ou Paris, toute la toile s’emballe. Au rayon certitudes reste le pitch. Un accident provoque la destruction d’une métropole semblable à celle de New York. Se joue alors le face-à-face de la reconstruction entre d’un côté un architecte idéaliste et ambitieux, César (Adam Driver) et de l’autre, son ennemi juré, le maire de la ville Frank Cicero (Giancarlo Esposito). Le casting 1 000 étoiles comprend Jon Voight, Laurence Fishburne, Aubrey Plaza, Shia LaBeouf, Chloe Fineman, Kathryn Hunter, Dustin Hoffman, DB, Sweeney, Jason Schwartzman, Baily Ives, Grace Vanderwaal et James Remar.
potentiel // hors compétition
1
BIRD
Andrea Arnold (grande-bretagne)
Enfin là-haut, tout là-haut, à la première place du classement, Bird nouveau film de la Britannique Andrea Arnold. La dernière fois qu’elle a quitté Cannes c’était après avoir présenté son documentaire Cow, soulagée des enjeux habituels des joutes liées à la pression de la compétition. Peu de chances de rater ça cette année avec Bird même si peu de choses ont filtré du film si ce n’est le duo incroyable de comédiens, Barry Keoghan et Franz Rogowski, parmi les meilleurs de leur génération, et où se jouera l’intrigue tenue secrète. Direction la ville natale d’Andrea Arnold dans la région du Kent, au sud-est de l’Angleterre.
potentiel // compétition