Dernier volet de la liste Wask des 100 films pour Cannes 2021
20
MEKTOUB MY LOVE : CANTO DUE
Abdellatif Kechiche (france)
La fabrique à fantasmes poursuit son court. Tout juste 2 ans après que avoir pu – ô privilège – découvrir l’interlude de la saga Mektoub – le désormais mythique et sulfureux Intermezzo (dont il se murmurait qu’une version raccourcie serait en préparation pour une sortie salles fin 2021) – nous voilà donc en droit d’attendre avec la plus grande impatience le Canto Due, (la vraie suite de l’incroyable Canto Uno). Un événement à la mesure des retrouvailles cannoises annoncées.
potentiel // compétition
19
THE POWER OF DOG
Jane Campion (australie)
À l’heure où j’écris ces lignes, impossible de connaître la tendance. L’invitation en compétition à Venise peut-elle encore être supplantée par une présentation de prestige sur la Croisette ? Le règlement sur le Lido tout en séduction avec les films netflixisés permit notamment au Roma de Cuaron de s’octroyer le Lion d’or, ce que Cannes ne peut promettre depuis les précédents Okja et The Meyerowitz Stories (tollé de la profession qui amena le CA à revoir les régles de sélection en competition) refusant ainsi à « tout film ne bénéficiant pas d’une sortie en salles françaises de concourir en compétition ». Aux dernières nouvelles, le conseil d’administration cannois ne songerait pas à un assouplissement et on voit mal le board du festival se mettre à dos la puissante fédération des cinémas une année aussi symbole que celle que nous vivons. Reste que prendre dans ses filets le premier film de la seule femme palmée d’or depuis Bright Star dans à quoi sût rester dans un coin de la tête de l’Officielle cannoise. The Power of Dog sera l’adaptation du roman western de Thomas Savage (1967) : le Montana, les années 1920, Benedict Cumberbatch, Jesse Plemons, Kirsten Dunst, un mariage, des emmerdes.
potentiel // hors compétition
18
INCROYABLE VAIS VRAI
Quentin Dupieux (france)
Après l’excellent Mandibules actuellement en salles, Quentin Dupieux a déjà mis en boîte Incroyable mais vrai, promis comme « un croisement entre Realité, Au poste! et Le Daim » et qui permet de retrouver Alain Chabat dans l’univers de Dupieux associé ici à Léa Drucker, Benoît Magimel et Anaïs Demoustier. L’histoire est celle d’Alain et Marie qui s’installent dans le pavillon de banlieue de leurs rêves. Mais l’agent immobilier les a prévenus : ce qui se trouve au sous-sol risque bien de changer leur vie. Le réalisateur de Rubber précise « je propose dans Incroyable mais vrai une exploration par la satire de certaines obsessions de nos contemporains : la recherche de la jeunesse éternelle et la volonté de puissance ».
potentiel // quinzaine des réalisateurs
17
SOGGY BOTTOM
Paul Thomas Anderson (états-unis)
Celui-ci ferait vraiment bonne figure dans une délégation américaine en compétition qui donne des sueurs froides tant les candidats sont peau de chagrin. Convaincre le réalisateur de There Will Be Blood serait une sensation et une première depuis Punch-Drunk Love en 2002. La MGM n’a toujours pas précisé la trajectoire de ce drame choral avec notamment Bradley Cooper et Benny Safdie trop occupée de négocier sa vente à Amazon. Soggy Bottom se situe dans les années 1970 dans la vallée de San Fernando, berceau natal de PTA (qu’il a déjà filmé dans Magnolia et Boogie Nights) et il y sera question enfant star et personnage inspiré de la vraie vie comme le producteur Jon Peters, ex de Barbra Streisand et de Pamela Anderson (séparés après 12 jours de mariage seulement).
potentiel // compétition
16
BERGMAN ISLAND
Mia Hansen-Løve (france)
Bergman Island sera le premier film en anglais de Mia Hansen-Løve avec Mia Wasikowska, Anders Danielsen Lie, Vicky Krieps, et Tim Roth. Un couple de cinéastes américains débarque sur l’île de Farö, où vivait Bergman, pour écrire chacun leur nouveau film. Le temps d’un été, ils se perdent entre fiction et réalité au coeur de ces paysages mystérieux. Les Films du Losange ont déjà annoncé une date de sortie le 14 juillet en plein festival le deuxième mercredi. Faîtes les raccourcis que vous voulez mais…
potentiel // compétition
15
PETROV’S FLU
Kirill Serebrennikov (russie)
Depuis Leto (en compétition en 2018) et la création mondiale de Outside au Festival d’Avignon 2019, l’assignation à résidence que le cinéaste subissait de la part du Kremlin a été levée. L’occasion de trouner Petrov’s Flu, dans lequel Kirill Serebrennikov adapte un roman d’Alexeï Salnikov, une journée dans la vie d’un auteur de bandes dessinées et de sa famille, dans la Russie post-soviétique. Souffrant d’une grippe intense, Petrov est entraîné par son ami Igor dans une longue déambulation alcoolisée, à la lisière entre le rêve et la réalité. Progressivement, les souvenirs d’enfance de Petrov ressurgissent et se confondent avec le présent. La promesse d’un très grand chaos de cinéma, bordélique à souhaits, source d’une belle empoignade en compétition assurément.
potentiel // compétition
14
VIENS, JE T’EMMÈNE
Alain Guiraudie (france)
Le 6ème film d’Alain Guiraudie fait partie des tournages qui ont dû s’interrompre à cause du premier confinement au printemps 2020. Terminé à l’automne avec Noémie Lvovsky, Iliès Kadri (Les Sauvages), Doria Tillier et Renaud Rutten, Viens, je t’emmène ressemble à un conte de noël guiraudien. À Clermont-Ferrand, à la veille de noël survient alors un attentat terroriste qui va plonger la ville dans un état de terreur et de paranoïa collective. Au milieu de cette panique, Médéric, un jeune homme d’une trentaine d’années tombe sous le charme d’une prostituée plus âgée, Isadora. Mais l’atmosphère d’insécurité de la ville va venir menacer leur relation. On lui espère du très haut.
potentiel // compétition
13
IL BUCO
Michelangelo Frammartino (italie)
Quelques onze longues années déjà depuis le merveilleux Le Quattro volte. Pour son troisième film Il buco (Le Trou), le cinéaste italien Michelangelo Frammartino s’est attaché les services de Renato Berta, le grand chef op de Godard et Garrel. Tourné dans le Parc National de Pollino, l’histoire reprendra celle de jeunes spéléologues partis à la recherche de la plus grande cavité qui soit, tirée d’une histoire vraie du début des années 1960. « C’est une époque où le boom économique était à son apogée, explique Michelangelo Frammartino, où tout semblait possible. J’adore l’idée de penser que la spéléologie, le cinéma et la psychanalyse sont tous les trois nés la même année en 1895 ». Un geste « d’une radicalité puissante » m’a-t-on soufflé et qui ferait belle figure en compétition.
potentiel // compétition
12
LES OLYMPIADES
Jacques Audiard (france)
Depuis sa palme d’or en 2015, Jacques Audiard n’a plus mis les pieds à Cannes. Parti à Venise avec son aventure américaine Les Frères Sisters il a ensuite réalisé le final de la série événement d’Eric Rochant Le Bureau des Légendes. Au dernier pointage, la tentation de Venise aurait les faveurs de l’équipe du film mais ne présumons de rien… C’est avec Céline Sciamma et Léa Mysius qu’il a adapté trois histoires de l’auteur de BD américain Adrian Tomine pour livrer Les Olympiades filmé en noir et blanc à Paris avec la débutante Lucie Zhang, Makita Samba (Angelo, A moi seule), Noémie Merlant et la passionnante Jehnny Beth (brillante figure de la nouvelle scène rock après le duo c’était elle « Jehn » dans le duo John & Jehn et récemment nommée au César du meilleur espoir pour Un amour impossible). Émilie rencontre Camille qui est attiré par Nora qui elle-même croise le chemin d’Amber. Trois filles et un garçon. Ils sont amis, parfois amants, souvent les deux…
potentiel // compétition
11
BLONDE
Andrew Dominik (états-unis)
Blonde c’est le projet sur Marylin vieux de plusieurs années déjà, et adapté du roman éponyme de Joyce Carol Oates. Au départ avec Michelle Williams dans le rôle-titre avant que la grande star de demain Ana de Armas (annoncée notamment dans le prochain Bond Mourir peut attendre) ne la remplace aux côté d’Adrien Brody. À la tête du projet, Andrew Dominik le réalisateur de L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford qui a déjà connu les honneurs de la compétition avec Cogan – Killing Them Softly.
potentiel // compétition
10
DECISION TO LEAVE
Park Chan-wook (corée du sud)
Depuis sa dernière incursion en compétition avec Mademoiselle (2016), Park Chan-wook, dont on ne cessera jamais assez de répéter quelle infortune il a subi en 2004 manquant d’un cheveu la palme pour Old Boy au profit de Farhenheit 9/11 le doc de Michael Moore, le cinéaste sud-coréen a fait une incursion à la TV en adaptant John le Carré avec la série The Little Drummer Girl. Dans Decision To Leave, thriller avec Tang Wei (Lust, Caution) et Park Hae-il (Memories of Murder), un flic tombe amoureux de celle qui devient la principale suspecte dans l’enquête qu’il tente d’élucider.
potentiel // compétition
9
TRE PIANI
Nanni Moretti (italie)
Il y croit dur comme faire. Passé l’annonce que la tenue d’un Festival digne de ce nom ne pourrait pas avoir lieu en 2020, Nanni Moretti a préféré refuser Venise et attendre sereinement la première édition que Cannes pourrait organiser. Ce sera donc pour juillet 2021 avec une place en compétition officiellement garanti par Thierry Frémaux dès le mois de juin 2020. Pour son 13ème film Tre piani (Trois étages), Moretti s’est lancé un nouveau défi, adapter une histoire qu’il n’a pas lui-même écrite. L’œuvre choisie est le roman de l’Israélien Eshkol Nevo, avec un casting italien de choix, Riccardo Scamarcio, Margherita Buy (Mia Madre), Alba Rohrwacher et Nanni Moretti lui-même. L’histoire de trois familles qui habitent dans trois appartements d’un même immeuble bourgeois racontée en trois chapitres différents.
potentiel // compétition
8
UN HÉROS
Asghar Farhadi (iran)
Scénario tenu secret, le film dont les préventes ont commencé dès le Festival de Berlin 2020 marque le retour d’Asghar Farhadi en Iran après son intermède espagnole avec Penelope Cruz et Javier Bardem (Everybody Knows). Tourné l’été dernier, on voit mal Un héros, toujours fidèlement propulsé par l’équipe d’Alexandre Mallet-Guy chez Memento, rater la case compétition.
potentiel // compétition
7
AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT
Claire Denis (france)
Quand Batman trouble le planning de reine Claire ! Avec son Robert Pattinson chéri bloqué sur le plateau du nouveau Batman jusque début 2021, le tournage de The Stars at Noon a pris du plomb dans l’aile. On se souvient déjà que le retard pris sur High Life avait conduit Claire Denis à tourner Un beau soleil intérieur avec Juliette Binoche. Bis repetita ? Cela y ressemble puisqu’elle a profité de la situation pour retrouver Christine Angot et écrire avec elle un nouveau scénario. Le film change de titre tous les jours. Un jour « Feu », l’autre « Avec joie et acharnement » ou « Avec amour et acharnement » et promet de filmer Juliette Binoche, Vincent Lindon et Grégoire Colin dans un triangle amoureux passionné. Une plongée dans l’univers radiophonique où le son occupera une place particulière. « J’aime beaucoup la Maison de la Radio, confie-t-elle, sa forme, ce qu’elle représente. Je ne la vois pas en images, c’est un univers dans lequel on peut se perdre, où on entend les gens penser ». Avec aussi Mati Diop, Bulle Ogier, Issa Perica (Les Misérables) et Hana Magimel (la fille de Benoît Magimel et Juliette Binoche). Les incursions en compétition sont (tellement) rares pour notre Claire, espérons le film prêt et les étoiles alignées.
potentiel // compétition
6
QUAND LES VAGUES SE RETIRENT
Lav Diaz (philippines)
C’est comme avec Hong Sang-soo, difficile d’envisager son grand festival sans son nouveau Lav Diaz. Ce nouvel opus au long cours est centré sur deux amis ayant braqué une banque. L’un est allé en prison, l’autre a utilisé le butin pour prendre le contrôle d’une île et en devenir le maire. Trente ans plus tard, le prisonnier est libéré et se lance dans une vengeance sanglante contre son ancien complice…
potentiel // quinzaine des réalisateurs
5
LE GENOU D’AHED
Nadav Lapid (israël)
Avec un sans-fautes unanimement salué depuis Le Policier, Nadav Lapid est devenu une valeur sûre du cinéma d’auteur mondial depuis son Ours d’or obtenu en 2019 avec Synonymes. Il faut dire que Cannes avait raté de très peu ce rendez-vous en 2018 quand, le film quasiment bouclé, est interrompu, Lapid devant rentré précipitamment en Israël pour des raisons familiales. Le Genou d’Ahed entré en tournage en décembre 2019, est en course pour la compétition, inspiré par un événement récent, celui d’un cinéaste seul dans le désert se jette éperdument dans deux combats voués à l’échec : l’un contre la mort de la liberté dans son pays, l’autre contre la mort de sa mère. Un nouveau brûlot anti-Netanyahou qui marquerait un tournant formel pour le cinéaste israélien.
potentiel // compétition
4
MEMORIA
Apichatpong Weerasethakul (thaïlande)
Le retour de l’enfant-prodigue. À tout juste 50 ans, Apichatpong Weerasethakul s’est lancé le défi de tourner pour la première hors de Thaïlande. L’idée du scénario lui est venue pendant des vacances en Colombie, impressionné par la beauté naturelle du pays, juxtaposée avec son passé violent et tourmenté. Pendant les trois mois qu’il a passés dans le pays, il a plus particulièrement été frappé par un projet de construction vieux d’un siècle, celui d’un tunnel à travers les Andes, qui joue un rôle décisif dans l’intrigue de son film. « Il y a quelque chose qui m’attire ici. Je ne suis pas vraiment sûr de savoir quoi. C’est un tremblement de terre personnel, une folie tranquille. Je suis convaincu que dès que j’aurai commencé le tournage, je dormirai mieux » confiait le lauréat de la Palme d’or 2010. Dans Memoria, une cultivatrice d’orchidées écossaise (Tilda Swinton) rend visite à sa sœur malade à Bogotá. Sur place, elle se lie d’amitié avec une archéologue française (Jeanne Balibar) chargée de surveiller le projet de construction avec un jeune musicien (Elkin Diaz). Toutes les nuits, des coups frappés de plus en plus lourdement l’empêchent de dormir. Weerasethakul retrouve pour la première à la photo Sayombhu Mukdeeprom (Oncle Boonmee, celui qui se souvenait de ses vies antérieures).
potentiel // compétition
3
DRIVE MY CAR
Ryusuke Hamaguchi (japon)
Après Senses et Asako I & II, et alors qu’il vient de remporter le Grand Prix à Berlin avec Wheel of Fortune and Fantasy, le grand Ryusuke Hamaguchi est déjà prêt à en découdre avec une incursion très attendue dans l’œuvre de Haruki Murakami, dont il adaptera un extrait du recueil Des hommes sans femmes. Drive My Car suivra les vicissitudes de Yusuke, acteur et metteur en scène, heureux et marié à Fukaku et sans histoires. Le bonheur s’interrompt lorsque Fukaku disparaît laissant derrière elle un secret. Deux ans plus tard, Yusuke prend le poste de directeur dans un festival de théâtre. Sur son chemin vers Hiroshima, il rencontre une jeune femme, Misaki, chargée de le conduire, qui ne parle pas beaucoup et qui pourrait savoir des choses qu’il a ignorées. Du mystère et de la mélancolie dans le pur style Hamaguchi.
potentiel // compétition
2
MACBETH
Joel Coen (états-unis)
Pas mal d’embûche encore à lever avant l’annonce espérée d’une sélection en compétition pour le premier film de Joel Coen sans son frère Ethan. Le scandale autour des frasques du producteur Scott Rudin et la volonté clairement affichée de discrétion depuis les oscars de la part du couple Joel Coen-Frances McDormand ne disent rien qui vaille. Pourtant, ce premier film en solo avec Denzel Washington dont le noir et blanc a été confié à Bruno Delbonnel (déjà là sur le magnifique Inside Llewyn Davis) promet le coup d’œil. Une adaptation de Shakespeare dans laquelle Lady Macbeth (Frances) et Lord Macbeth (Denzel) donneront la réplique à Brendan Gleeson en King Duncan.
potentiel // compétition
1
THE ETERNAL DAUGHTER
Joanna Hogg (grande-bretagne)
Dans mon prologue je m’apesantais avec regret sur l’absence de tous les radars de The Souvenir – Part II. C’était non sans savoir combien la probabilité de voir à Cannes la Britannique Joanna Hogg avec un nouveau projet était à son maximum. Tourné en secret en fin d’année 2020 avec toujours la fidèle et indispensable Tilda Swinton (elles ne se quittent plus depuis le premier court-métrage de sortie d’école Caprice en 1986 sur lequel elles ont collaboré), The Eternal Daughter, avec aussi Joseph Mydell, Carly-Sophia Davies et Alfie Sankey-Green, promet secrets de famille, mystères cachés, fantôme et manoir de famille… On espère plus que tout que l’heure de la consécration mondiale est venue pour l’une des plus grandes réalisatrices contemporaines en activité.
potentiel // compétition