« Sirāt » de Oliver Laxe : au matin du troisième jour, Cannes dispose déjà déjà d’une bonne raison du déplacement
SIRĀT
Oliver Laxe (Esp) Compétition
Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que la compétition ne connaisse ses premiers tremblements. Au cœur des montagnes du sud du Maroc, Luis, accompagné de son fils Estéban, recherche sa fille aînée qui a disparu. Ils rallient un groupe de ravers lancé à la recherche d’une énième fête dans les profondeurs du désert. Ils s’enfoncent dans l’immensité brûlante d’un miroir de sable qui les confronte à leurs propres limites. Déjà très haut placé dans le top 20 des 100 films cette année, le quatrième film du Galicien Oliver Laxe n’a pas raté son entrée en compétition. Habitué du Super 16, Le réalisateur de Mimosas et Viendra le feu nous précisait que « la vie allait mettre les personnages au défi, comme à l’épreuve de manière radicale et crue ; elle va les obliger à se poser les questions importantes, à trouver en eux les parts les plus belles que renferme la nature humaine. Et ils vont vivre des aventures extrêmes où les limites entre la vie et la mort vont se brouiller irrémédiablement ». Pour être extrêmes, elles le seront, passées les décibels et des basses rugissantes de la bande-son à tomber, le film prend une tournure de survival à couper le souffle, une sorte de Salaire de la Peur 3.0, un voyage au bout de l’enfer à la sauce galicienne où l’on y danse la mort en attendant le chaos des braves.
cannes 2025 // compétition // pyramide // le 3 septembre au cinéma
KIKA
Alexe Poukine (Bel) Semaine de la critique
Premier film de fiction pour la documentariste belge chevronnée à l’exercice, Kika avançait sur le papier sur des terrains balisés du film social et du film portrait. Il faut dire que la caméra ne lâche pas d’une semelle Manon Clavel (repérée dans La Vérité de Kore-eda ou encore Un petit frère de Léonor Serraille) dont c’est le premier grand rôle. Alors qu’elle est enceinte, Kika fait face à la mort soudaine de son compagnon. Complètement fauchée et le coeur en bouillie, elle hiérarchise ses priorités : 1. trouver de l’argent rapidement 2. sortir de la merde. Culottes sales, godes-ceintures et parents névrosés vont l’aider. Contre toute attente. Si le chemin tortueux du récit permet d’échapper aux redites de ce type d’exercice, la réussite du film réside surtout dans le sens des dialogues et surtout le tempérament à fleur de peau de son interprète principale. Et la joie de revoir le trop Makita Samba apprécié dans Les Olympiades de Jacques Audiard.
cannes 2025 // semaine de la critique // condor distribution // prochainement en salle
DOSSIER 137
Dominik Moll (Fra) Compétition
C’est beau de voir un cinéaste à son « prime ». Elevé au rang (injustement) des réalisateurs ressuscités à la faveur de La Nuit du 12, Dominik Moll poursuit une sorte de rédemption après un passage sous les radars médiatiques d’une quinzaine d’année après le phénomène Harry, un ami qui vous veut du bien. Les joutes de la compétition lui ont de nouveau tendu les bras avec Dossier 137. Le dossier 137 est en apparence une affaire de plus pour Stéphanie, enquêtrice à l’IGPN, la police des polices. Une manifestation tendue, un jeune homme blessé par un tir de LBD, des circonstances à éclaircir pour établir une responsabilité.Mais un élément inattendu va troubler Stéphanie, pour qui le dossier 137 devient autre chose qu’un simple numéro. On le dit « à son prime » oui car Dossier 137, avant le fond qui restera discuté, de la théorie pure dans un film-dossier qui pourra être jugé abscons, il y a la forme celle d’un ouvrage à haute valeur visuelle incorporant avec maestria auditions, PV, images de smartphones et même reconstitutions plus vraies que nature en plein décembre 2018 quand la France a vascillé sur les ronds-points et les gilets jaunes en marche sur Paris.
cannes 2025 // compétition // haut et court // le 19 novembre au cinéma
L’ENGLOUTIE
Louise Hémon (Fra) Quinzaine des Cinéastes
C’est l’une des belles prises de la Quinzaine parmi l’incroyable opulence des premiers films français en lice pour Cannes cette année. Passé par les plus prestigieux repaires de pépites (Village des Coproductions Les Arcs, Fondation GAN, Emergence, Groupe Ouest, Avance sur recettes du CNC, coproduction Arte…), L’Engloutie de Louise Hémon (coécrit avec la réalisatrice Anaïs Telenne et mis en image par Marine Atlan) nous embarque fin 19ème dans les Hautes-Alpes. « Soudain » est un hameau encerclé par la neige sur les hauts plateaux d’une montagne reculée. Par une nuit de tempête, ses habitants voient arriver Aimée, une jeune institutrice aux yeux noirs, qui restera le temps de l’hiver pour faire l’école à une poignée d’enfants. Mais peu après son arrivée, une avalanche engloutit un premier montagnard… Mystère, naturalisme et Galatéa Bellugi, enfin dans un premier grand rôle « seule aux manettes » après de nombreuses et belles apparitions dans les seconds rôles, font de ce film l’un des premiers coups de coeur repérés dans les parallèles et la promesse pour Louise Hémon d’une suite jonchée de succès.
cannes 2025 // quinzaine des cinéastes // condor distribution // prochainement en salle





